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La bonne guerre

La bonne guerre

Titel: La bonne guerre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Studs Terkell
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il n’y a pas eu grand-chose à
faire. On a bien sûr aidé les types de l’escadron à reconstituer leur flottille.
On remontait un avion correct avec les restes de trois ou quatre autres. Puis
ils ont commencé à évacuer les hommes. Il ne nous restait plus rien, vous voyez ?
On avait eu beaucoup de pertes.
    On a envoyé les bombardiers sur la plantation d’ananas Del
Monte à Mindanao, douze ou treize cents kilomètres au sud. C’était la seule
autre base aérienne des Philippines qui pouvait recevoir des B17. Il nous en
restait environ seize sur trente-cinq, et on avait sauvé à peu près un P40 sur
deux. Mais on n’avait plus aucun équipement de combat. On essayait de faire le
maximum avec nos avions, mais notre P40 était bien moins maniable que le Zéro
japonais.
    Ce qui nous a fait le plus mal c’est de savoir qu’on avait
eu huit heures devant nous pour faire quelque chose après l’attaque de Pearl
Harbor, et qu’on n’avait rien fait. Nous aurions pu répartir nos appareils sur
différents terrains. Or tout était concentré à Clark Field. J’avais moi-même
chargé dans diverses bases des Philippines des barils de deux cents litres de
carburant. Et, bien sûr, ils ont été détruits. Maintenant les Japonais avaient
la voie libre.
    Nous sommes restés sur place jusqu’au soir de Noël 1941. On
se disait : « Merde, on va bien nous envoyer des troupes ici, ils
vont nous apporter du ravitaillement et du matériel. » On a entendu dire
qu’un convoi arrivait avec cinquante-quatre bombardiers en piqué, A24. On n’avait
pas un seul appareil de ce type. On a aussi entendu parler de l’arrivée d’artillerie.
C’était l’effort de guerre, vous comprenez ? Cuirassés et tout le truc. La
marine devait protéger un convoi vers les Philippines, mais voilà, notre marine
était coincée sur les fonds vaseux de Pearl Harbor. Et nous ne savions pas à
quel point elle avait été endommagée.
    Le soir de Noël, on reçoit des ordres : retraite dans
la péninsule de Bataan. À environ cent cinquante kilomètres de là. Le
sergent-chef nous a dit : « Il me faut cinq volontaires, toi, toi, toi… »
Les cinq qu’il avait désignés, et dont je faisais partie, étaient les
volontaires. (Il rit.) « Vous allez rester ici à Clark Field, et
les autres évacuent. »
    Le 22 décembre, les forces du général Homma avaient débarqué
dans le golfe de Lingayen au nord de Luçon. D’autres troupes avaient débarqué
dans la baie de Lamon, et elles prenaient Manille en tenaille. MacArthur avait
environ 70 000 Philippins, mais aucun matériel. Le général Wainwright
était à Lingayen, mais n’avait qu’un petit régiment d’infanterie et quelques
Philippins. Il n’avait aucune couverture aérienne. C’est comme ça que les
Japonais ont débarqué sans problème.
    Et nous voilà tous les cinq à Clark Field. Notre
sous-lieutenant, tout frais émoulu de l’école, me faisait penser à Lord Jim. Il
ne savait pas plus que nous pourquoi il était là. Le lendemain matin, le jour
de Noël, le commandant Thomson a débarqué dans une voiture de service. « Lieutenant,
voici donc votre base aérienne, et vos hommes. Ces cinq soldats. Vous avez à
votre disposition un camion-citerne de carburant, et un camion de lubrifiant. »
La citerne de carburant contenait 12 000 litres d’essence. « Vous
ravitaillerez tout P40 qui fait un atterrissage forcé ici. Et à vous de décider
quand vous devrez abandonner Clark Field. » Et le commandant est reparti
pour Bataan.
    On est restés là pendant quatre jours. On entendait les
combats à Tarlac, à environ trente kilomètres au nord. On dormait sur des
matelas dehors, à côté des pistes pour être prêts si un avion arrivait. On
voyait bien les lueurs de l’artillerie et on entendait son grondement. J’ai
suggéré au lieutenant :
    « Vous ne pensez pas qu’il serait temps de partir ? » (Il rit.) Les tirs se rapprochaient, et avec 12 000 litres d’essence
ça faisait une belle bombe. Il suffisait d’une balle traçante. Et il fallait qu’on
emmène ça à Bataan.
    Il a répondu : « Demain matin. » On a donc
pris notre dernier repas, on a tout nettoyé. On n’allait plus manger d’œufs au
bacon avant trois ans et demi.
    Il m’a dit : « Bilek, tu vas avec la citerne d’essence »,
deux autres gars sont montés dans le camion de lubrifiant, et lui nous suivait
dans un command-car. On maintenait deux ou trois kilomètres

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