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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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plus qu’à maintenir l’ordre.
    – Seigneur Dieu ! miss Phélie, ce n’est pas là de l’ouvrage de dames : de ma vie je ne leur ai vu faire chose pareille. Jamais ça ne serait venu à l’esprit de vieille maîtresse, ni de miss Marie, et je vois pas trop à quoi ça sert. »
    Dinah indignée arpentait majestueusement son empire, tandis que miss Ophélia assortissait les plats, empilait les assiettes, vidait dans une grande boite le contenu d’une douzaine de sucriers improvisés, triait les serviettes, les nappes, les torchons pour le blanchissage, lavant, essuyant, et rangeant de ses propres mains, avec une promptitude et une adresse qui confondaient la cuisinière.
    « Seigneur bon Dieu ! si c’est là comme s’y prennent ces « mesdames du Nord », ce ne sont pas de vraies dames, pour sûr, dit-elle à quelques-uns de ses satellites, dès qu’elle fut assez loin pour n’être pas entendue. Je m’en tire pour le moins aussi bien le jour de mes nettoyages, mais je n’ai que faire de tracassières qui tournent autour de moi, se mettent dans mon chemin, et fourrent toutes mes choses là où je ne peux plus les trouver. »
    Dinah avait, il est vrai, à certaines époques ses accès de réforme, qu’elle appelait ses jours de nettoyage. Elle commençait alors avec un grand zèle à vider de fond en comble les tiroirs et les armoires, déversant tout sur le plancher et les tables, de manière à quintupler la confusion ; puis, elle allumait sa pipe, et ruminait à loisir sur ses rangements. Elle examinait chaque objet, discourait dessus, mettait tout le menu fretin à fourbir vigoureusement les ustensiles de cuivre, et tenait la maison pendant plusieurs heures dans un état d’énergique désordre, pleinement justifié, selon elle, par l’annonce que c’était « jour de nettoyage. » – Les choses ne pouvaient « durer comme ça ; » et elle tiendrait la main, dorénavant, à ce que ces « petits drôles » fussent mieux ordonnés : car Dinah nourrissait l’agréable illusion qu’elle était l’ordre incarné, et que c’était de la faute « de ces jeunesses » et de tous les habitants du logis, si l’on restait court en fait de perfection.
    Quand les casseroles étaient récurées, les tables grattées et lavées à blanc, et que tout ce qui pouvait offusquer la vue avait été relégué dans les trous et recoins, Dinah, vêtue de ses plus beaux atours, un tablier blanc devant elle, coiffée d’un brillant madras, signifiait à tous les jeunes maraudeurs qu’ils eussent à s’interdire l’entrée de sa cuisine, où elle prétendait faire régner une propreté exemplaire.
    Ces accès périodiques avaient bien leurs inconvénients ; Dinah contractait un respect immodéré pour l’éclat de sa batterie de cuisine fourbie à neuf, et ne pouvait se résoudre à la risquer au feu, jusqu’à ce que l’ardeur du jour de nettoyage fût un peu ralentie.
    En une semaine miss Ophélia parvint à réformer une grande partie de la maison ; mais dès qu’il lui fallait la coopération des domestiques, ses labeurs devenaient aussi infructueux que ceux de Sisyphe et des Danaïdes. Un jour elle en appela, dans son désespoir, à Saint-Clair.
    « Il n’y a vraiment pas moyen d’obtenir ici la moindre régularité.
    – J’en suis convaincu, dit Saint-Clair.
    – Toujours aux expédients ! une prodigalité folle ! un désordre tel que je n’en ai jamais vu !
    – Je gagerais qu’en effet c’est pour vous une nouveauté.
    – Vous ne le prendriez pas avec ce sang-froid, si vous étiez maîtresse de maison.
    – Ma chère cousine, comprenez donc une bonne fois pour toutes, que nous sommes divisés, nous autres maîtres, en deux classes : les oppresseurs et les opprimés. Ceux qui, comme moi, sont d’un bon naturel et détestent la sévérité, prennent leur parti d’une foule d’inconvénients. S’il nous plaît de garder dans la république, pour notre convenance, une masse d’êtres gauches, paresseux, ignares, il nous faut bien en subir les conséquences. J’ai vu, en certains cas fort rares, des personnes douées d’un tact particulier, obtenir de leurs gens de la tenue, de la méthode, sans user de rigueur. Je ne suis pas de ces privilégiés ; – aussi me suis-je résigné depuis longtemps à laisser aller les choses comme elles vont. Je ne veux pas que les pauvres diables soient fouettés et tailladés au vif ; ils le savent, – et abusent

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