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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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gaiement.
    – Tout ! s’écria Tom, se retournant et tombant à genoux. Oh ! mon cher jeune maître ! j’ai peur que ce soit la perdition de tout , – tout , corps et âme. Le bon livre ne dit-il pas : « Il mord par derrière comme un serpent, et il pique comme un basilic [32]  ? »
    La voix de Tom se brisait ; des larmes inondaient ses joues.
    « Pauvre niais ! pauvre fou ! dit Saint-Clair, ses yeux se mouillant aussi. Lève-toi donc ; je ne veux pas qu’on pleure sur moi ! »
    Mais Tom ne voulait pas se lever, et le regardait d’un air suppliant.
    « Eh bien ! je ne serai plus de leurs maudites orgies, Tom, dit Saint-Clair ; sur mon honneur, je n’irai plus. Je ne sais pourquoi je n’y ai pas renoncé plus tôt ; j’ai toujours méprisé ce genre de vie, et m’en suis voulu de le mener. – Ainsi, Tom, essuie tes yeux, et va à tes affaires. Pas de bénédictions ! ajouta-t-il ; je ne suis pas encore un converti bien édifiant ; – et il poussa doucement Tom vers la porte. – Je t’engage mon honneur, Tom, que tu ne me reverras plus comme tu m’as vu. »
    Tom s’en alla, le cœur content, s’essuyant les yeux.
    « Je lui tiendrai parole, » dit Saint-Clair quand la porte se fut refermée.
    Il le fit ; car ce n’était pas vers un grossier sensualisme qu’inclinait sa délicate nature.
    Mais qui dira les innombrables tribulations de miss Ophélia, au début de ses labeurs de ménagère ?
    Dans les États du Sud les domestiques des habitations diffèrent entre eux du tout au tout, selon le caractère et la capacité des maîtresses qui les ont formés.
    Au midi comme au nord, il existe des femmes qui réunissent à la fois la science du commandement et le tact nécessaire pour élever. Sans user de sévérité, et avec une facilité apparente, elles gouvernent les différents sujets de leur petit royaume, tirant parti même des défauts, et compensant ce qui manque aux uns par ce que les autres ont de trop, de manière à créer un système des plus harmonieux et des mieux ordonnés.
    Madame Shelby, que nous avons vue à l’œuvre, était une de ces excellentes maîtresses de maison, telles que nos lecteurs en ont peut-être rencontré une ou deux. Rares partout, elles ne sont pas communes dans le Sud, où cependant elles se trouvent quelquefois, et où l’état social leur offre de brillantes occasions de se signaler.
    Marie Saint-Clair n’était pas de ce nombre. Elle n’avait jamais, non plus que sa mère avant elle, pris grand souci de sa maison. Indolente et puérile, imprévoyante et désordonnée, elle avait élevé ses domestiques à son image, et sa description à miss Ophélia du profond désordre de son intérieur était parfaitement juste ; seulement elle ne l’attribuait pas à sa véritable cause.
    Le premier jour de sa régence, miss Ophélia était debout à quatre heures du matin. Après avoir vaqué à l’arrangement de sa propre chambre, ainsi qu’elle l’avait toujours fait depuis son arrivée à la grande stupéfaction des filles de service, elle se mit en devoir de livrer un vigoureux assaut aux armoires et aux cabinets, dont elle avait les clefs.
    L’office, la lingerie, le placard aux porcelaines, la cuisine, la cave, tout fut soumis à une sévère inspection. Les œuvres de ténèbres apparurent au grand jour, et toute chose cachée fut mise en lumière, à ce point que les principautés et puissances inférieures prirent l’alarme, et firent entendre de sourds murmures contre « ces mesdames du Nord. »
    La vieille Dinah, cuisinière en chef, et de droit suzeraine en son département, était furieuse de voir ainsi usurper ses privilèges. Aucun baron féodal, signataire de la grande charte, n’eût plus vivement ressenti un empiétement de la couronne.
    Dinah était un personnage en son genre, et il serait injuste pour sa mémoire de n’en pas donner quelque idée au lecteur. Née cuisinière, tout autant que la tante Chloé, car cette vocation est indigène à la race africaine, elle n’avait pas eu, comme sa consœur, l’avantage d’être élevée et dressée méthodiquement. Son génie, à elle, était tout spontané, – et comme les génies, en général, opiniâtre, tranchant et irrégulier à l’excès.
    De même qu’une certaine classe de philosophes modernes, Dinah professait un souverain mépris pour la logique et la raison ; elle s’enfermait comme en un fort dans sa conviction intime, et y demeurait tout à fait

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