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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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ainsi, voyons ? dit Saint-Clair, qui avait peine à s’empêcher de rire en la regardant.
    – Pour sûr, c’est mon mauvais cœur, dit solennellement Topsy ; miss Phélie l’a dit.
    – Ne vois-tu pas toute la peine que se donne miss Ophélia ? elle ne sait plus que faire de toi ; tu l’entends ?
    – Seigneur, oui, maître ! Vieille maîtresse disait tout d’même ; elle me fouettait, ah ! elle me fouettait autrement dru ! elle m’arrachait les cheveux, elle me cognait la tête cont’ la porte, et ça n’y faisait rien du tout ; ça ne me faisait pas aucun bien. Pour sûr, elle m’aurait ôté par poignées tous les cheveux de ma tête que ça ne m’aurait pas fait aucun bien non plus. – Je suis si méchante, Seigneur ! et puis, je ne suis qu’une nèg’ après tout !
    – J’abandonne la partie, reprit miss Ophélia ; j’en ai assez : je ne puis en endurer davantage.
    – Permettez-moi une toute petite question seulement, dit Saint-Clair.
    – Une question ! laquelle ?
    – Si votre Évangile n’a pas la force de réformer, et de sauver une seule petite païenne que vous gouvernez absolument à votre guise, à quoi bon expédier un ou deux pauvres missionnaires, pour porter ce même livre au loin, à des milliers d’êtres de même espèce ? car l’enfant, je le présume, n’est qu’un bon échantillon de ce que sont tous vos autres païens de par delà les mers. »
    Miss Ophélia ne répondit pas immédiatement. Éva, qui jusque-là avait écouté en silence, fit signe à Topsy de la suivre, et les deux enfants se glissèrent ensemble dans un petit cabinet vitré, au coin de la véranda, où Saint-Clair allait quelquefois lire.
    « Que va faire Éva ? demanda Saint-Clair ; il faut que je le voie. »
    Marchant sur la pointe des pieds, il s’avança doucement, écarta un peu le rideau de la porte, et presque aussitôt, posant le doigt sur ses lèvres, il appela d’un geste silencieux miss Ophélia près de lui. Les deux enfants étaient assises l’une vis-à-vis de l’autre sur le plancher : Topsy, avec son air mutin, comique et insouciant, Éva, la figure animée, attendrie, et les yeux pleins de larmes.
    « Qu’est-ce qui te rend si mauvaise, Topsy ? Pourquoi ne veux-tu pas essayer d’être bonne ? Est-ce que tu n’aimes rien, Topsy ? disait Éva.
    – Sais pas. – Moi, bien aimer le suc’ candi et les aut’ bonnes choses, c’est tout.
    – Mais, tu aimes quelqu’un, ton papa, ta maman ?
    – Moi avoir jamais eu ni maman, ni papa, vous savez. Moi vous l’avoir déjà dit, miss Éva.
    – Ah ! je sais, dit tristement la petite fille ; mais n’as-tu ni frère, ni sœur, ni tante, ni…
    – Oh ! jamais eu rien, jamais eu personne, personne du tout.
    – Mais, Topsy, – il ne tiendrait qu’à toi d’être bonne.
    – Je puis être qu’une nèg, – rien aut’, – bonne ou pas bonne, dit Topsy. Si je pouvais m’ôter ma peau noire et venir tout blanc, oh ! je dis pas !
    – Mais les gens peuvent t’aimer, quoique noire, Topsy ; miss Ophélia t’aimerait, si tu étais bonne. »
    Le rire court, brusque, saccadé, habituelle expression de l’incrédulité de Topsy, fut sa seule réponse.
    « Tu ne le crois pas ?
    – Non ; elle peut pas me souffrir parce que je suis une nèg’. – Elle, aimer mieux un crapaud que moi la toucher ! Personne aimer nèg’s, nèg’s pouvoir rien faire de bon ; – mais tant pis, – moi m’en moque ! Et Topsy se mit à siffler.
    – Oh ! Topsy, ma pauvre enfant, moi je t’aime ! s’écria Éva avec un élan d’âme passionné ; et elle appuya avec tendresse sa main transparente sur l’épaule noire de Topsy ; – je t’aime parce que tu n’as ni père, ni mère, ni amis, parce que tu es une pauvre petite fille malheureuse et abandonnée ! je t’aime et je te voudrais bonne ! Vois-tu, Topsy, je suis bien malade, je ne vivrai pas longtemps, et j’ai tant de chagrin de te voir méchante ! Sois bonne pour l’amour de moi, j’ai si peu de temps à rester avec toi, Topsy ! »
    Les yeux ronds et perçants de la petite négresse se voilèrent tout à coup ; de larges gouttes brillantes roulèrent lentement une à une, et tombèrent sur la petite main blanche. Oui, en ce moment, un rayon de foi, de céleste charité, avait traversé les ténèbres de cette âme païenne, et Topsy cacha sa tête entre ses genoux, elle pleura, elle sanglota, tandis que la belle enfant,

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