Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
Vom Netzwerk:
présume que Dieu a créé tout le monde. – Où est donc mon flacon ?
    – Quel malheur ! – Oh ! quelle pitié ! murmura Éva sa parlant à elle-même, ses yeux attendris fixés au loin sur le lac mobile.
    – Qu’y a-t-il de si malheureux ? demanda Marie.
    – Que tant de créatures qui pourraient monter là-haut pour briller au milieu des anges, vivre avec les anges ! tombent, tombent si bas, si bas, sans personne qui les aide ! – Hélas !
    – Puisqu’on n’y peut rien, à quoi bon s’en tracasser l’esprit, Éva ! Pour ma part, je n’y vois pas de remède. Il nous suffit d’être reconnaissants des dons qui nous sont accordés, à nous.
    – Je puis à peine être reconnaissante ; – c’est si triste de songer à ces pauvres gens qui n’ont rien reçu, eux !
    – La singulière enfant ! Quant à moi, ma religion me fait un devoir de me réjouir, et de rendre grâces des avantages dont je jouis.
    – Maman, reprit Éva quelques minutes après, – je voudrais que l’on coupât une partie de mes cheveux, – une bonne partie.
    – Pourquoi faire ?
    – Pour les donner à mes amis, maman, tandis que je le puis faire moi-même. Voudriez-vous prier petite tante de venir me les couper ? »
    Marie éleva la voix, et appela miss Ophélia qui travaillait dans sa chambre.
    Lorsqu’elle entra, l’enfant, soulevée à demi sur ses oreillers, secouait ses longues boucles d’or bruni, et elle lui dit, souriante et enjouée :
    « Allons, tante, venez tondre l’agneau.
    Qu’y a-t-il ? demanda Saint-Clair, comme il entrait, apportant des fruits rares qu’il venait de chercher pour Éva.
    – C’est moi, papa, qui priais tante de couper un peu mes cheveux : – j’en ai trop. Ils me chargent la tête, – puis, je voudrais en donner. »
    Miss Ophélia s’avança avec ses ciseaux.
    « Prenez garde, – n’allez pas gâter cette belle chevelure ! dit le père ; coupez bien en dessous ; qu’il n’y paraisse pas. C’est mon orgueil, à moi, que les boucles d’Éva.
    – Oh ! papa, dit-elle tristement.
    – Oui, certes ; je tiens à les conserver dans leur beauté, pour le temps où je te mènerai à la plantation de ton oncle voir le cousin Henrique. Et Saint-Clair prenait son ton gai.
    – Je n’irai jamais, papa. – Je vais dans un plus beau pays. – Oh ! croyez-le ! – Ne voyez-vous pas, cher papa, que chaque jour je m’affaiblis ?
    – Éva, cruelle enfant ! Pourquoi insister ainsi ?
    – Parce que c’est la vérité , papa ; si vous y vouliez croire à présent, peut-être en viendriez-vous à sentir là-dessus comme moi. »
    Saint-Clair, les lèvres comprimées, demeura debout, immobile, l’œil rivé sur ces belles boucles qui, à mesure que les ciseaux les séparaient de la tête de l’enfant, étaient déposées une à une sur ses genoux. Éva les prenait, les considérait, les enroulait autour de ses doigts grêles, puis reportait vers son père un regard anxieux.
    « C’est comme je l’avais prédit, tout juste ! gémit Marie. C’est ce qui mine de jour en jour ma pauvre santé ; ce qui me fait descendre dans la tombe, sans qu’on y prenne seulement garde ! – Il y a assez longtemps que je me tuais à vous le dire, Saint-Clair ! vous le verrez à la fin, vous verrez que j’avais raison !
    – Ce qui vous sera d’une grande consolation, sans nul doute ! » dit amèrement Saint-Clair.
    Marie se rejeta sur sa chaise longue, et se couvrit la figure de son mouchoir de batiste.
    L’œil d’azur d’Éva passa de l’un à l’autre, avec une expression profonde ; c’était le regard calme, lucide, d’une âme affranchie à demi de ses liens terrestres. Elle sentait, elle appréciait pleinement la différence des deux.
    Elle fit de la main signe à son père. Il vint, et s’assit près d’elle.
    « Papa, mes forces déclinent de plus en plus ; je sens que je m’en vais. Il y a des choses pourtant que je voudrais dire et faire, et vous êtes si fâché quand j’en dis seulement un mot… Mais il le faut, il n’y a plus à différer. – Si vous le permettiez, papa, je parlerais tout de suite.
    – Mon Éva, je le permets, dit Saint-Clair. Il se couvrit le visage d’une de ses mains, dans l’autre il serrait celle de l’enfant.
    – Alors, je voudrais voir tout notre monde réuni. Il y a quelque chose que je dois leur dire, à tous, reprit-elle.
    – Soit, » dit Saint-Clair d’une voix altérée et sèche.
    Un

Weitere Kostenlose Bücher