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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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exprès. Parlez-moi de ça ! Se coupe-t-il net et bien ! – Une pâte levée, légère comme une plume. – À présent, régalez-vous, mon mignon, vous n’en mangerez pas souvent de meilleur.
    – Tom Lincoln dit pourtant, reprit Georgie, la bouche pleine, que leur Jinny est meilleure cuisinière que toi, tante Chloé.
    – C’est pas grand’chose que ces Lincoln, répliqua tante Chloé, d’un ton méprisant. Je veux dire par comparaison avec notre monde. – De petites gens, assez respectables dans leur genre ; mais pour ce qui est de savoir vivre, ils ne s’en doutent pas. Mettez seulement maître Lincoln à côté de maître Shelby, seigneur bon Dieu ! Et maîtresse Lincoln – c’est pas elle qui entrerait dans un salon comme maîtresse Shelby – avec un grand air, faut voir ! Allez, allez ! ne me parlez pas de vos Lincoln ! » Et la tante Chloé releva la tête, de l’air d’une personne qui sait son monde.
    « Je croyais, reprit Georgie, t’avoir entendu dire que Jinny était assez bonne cuisinière ?
    – Peut-être bien, pour un petit ordinaire ; pas dit qu’elle ne s’en tire. Elle saura vous faire une bonne fournée de pain, bouillir des pommes de terre à point ; mais, par exemple, ses galettes ne sont pas fameuses ! pas du tout fameuses ! et, quant à la fine pâtisserie, elle n’y entend goutte. Elle fait des pâtés, c’est vrai ; mais quelle croûte ! Je la défie de faire la vraie pâte feuilletée qui lève en montagne au four, et qui fond comme suc’ dans la bouche. Je suis allée là-bas pour le mariage de miss Mary ; Jinny m’a montré ses pâtés et ses gâteaux de noce. Comme nous sommes amies, je n’ai rien voulu dire ; mais vous pouvez m’en croire, massa Georgie, je fermerais pas l’œil d’une semaine, si j’avais fait pareille fournée. Pas plus de mine que rien du tout, quoi !
    – Je suppose que Jinny les croyait exquis ? demanda Georgie.
    – Ça ne m’étonnerait pas. Elle les montrait bien, pauvre innocente ! et, voyez-vous, c’est que justement elle n’en sait pas plus long. Où aurait-elle appris, dans une maison pareille ? c’est pas de sa faute. Ah ! massa Georgie, vous ne connaissez pas moitié des privilèges de votre famille et de votre inducation , soupira la tante Chloé, en roulant des yeux.
    – Je t’assure, tante Chloé, que je connais à fond mes privilèges de tourtes, de tartes et de pouding. Demande plutôt à Tom Lincoln si je ne chante pas victoire chaque fois que je le rencontre. »
    Tante Chloé se rejeta en arrière dans sa chaise, et ravie de l’esprit de son jeune maître, elle rit jusqu’à ce que les larmes coulassent le long de ses joues noires et luisantes. De temps à autre elle détachait à massa Georgie force coups de poing et de coude, s’écriant qu’il eût à s’en aller, qu’il la ferait crever de rire, qu’il la tuerait infailliblement un jour ; chacune de ces sanguinaires prédictions étant accompagnée d’éclats de plus en plus prolongés, Georgie commença réellement à s’alarmer des conséquences de sa verve, et se promit de mettre un frein à ces saillies exorbitantes.
    « Vous avez dit ça à Tom, vrai ? – De quoi s’avisent pas ces jeunesses ! Vous lui avez chanté victoire aux oreilles ? Seigneur bon Dieu, massa Georgie, vous feriez rire un hanneton !
    – Oui, reprit Georgie, je lui ai dit : « Tom, si vous voyiez seulement les pâtés de tante Chloé ! ce sont là des pâtés ! »
    – C’est grand’pitié qu’il n’en voie pas ! reprit tante Chloé, émue de compassion à l’idée des ténèbres où était plongé Tom Lincoln. Vous devriez l’inviter à dîner un de ces jours, mon bijou. Ce serait gentil de vot’part. Vous savez, massa Georgie, qu’il ne faut pas mépriser les autres, ni tirer vanité de ses avantages, vu que nos avantages nous sont donnés d’en haut, et c’est pas chose à oublier, ajouta-t-elle d’un air grave.
    – Je compte précisément inviter Tom la semaine prochaine ; tu feras de ton mieux, tante Chloé, pour lui faire ouvrir de grands yeux. Nous le bourrerons si bien qu’il ne s’en relèvera pas d’une quinzaine !
    – Oui, oui, s’écria tante Chloé ravie, massa verra ! Seigneur Dieu ! quand je pense à quelques-uns de nos dîners ! Vous rappelez-vous, massa, le grand pâté de volaille que j’avais fait le jour du général Knox ? Moi et maîtresse nous nous sommes quasiment disputées à cause de

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