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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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yeux noirs étincelants, aux joues rebondies, surveillent les premières tentatives d’une petite sœur ; tentatives qui consistent, comme toujours, à se dresser laborieusement sur ses petits pieds, à chanceler une seconde, et à retomber à terre ; chaque échec successif étant salué d’éclats de rire, et proclamé un étonnant succès.
    Une table, tant soit peu boiteuse, placée en face du feu, recouverte d’une serviette, et garnie de tasses et de soucoupes des plus éclatantes couleurs, annonce qu’on attend compagnie. À cette table est assis l’oncle Tom, la main droite de M. Shelby, et notre héros, dont nous allons essayer de donner un daguerréotype au lecteur.
    C’est un homme grand, robuste, bien découplé, à large poitrine, d’un noir de jais, et dont les traits, fortement africains, expriment un grave et ferme bon sens, uni à beaucoup de bienveillance et de bonté. Tout en lui respire le respect de soi-même, et une grande dignité naturelle, qui n’exclut pas une simplicité humble et confiante.
    L’oncle Tom est en ce moment tout appliqué à une ardoise sur laquelle il essaie, avec soin et lenteur, de reproduire les lettres de l’alphabet, sous l’inspection du jeune maître Georgie, beau garçon de treize ans, qui semble pénétré de ses graves devoirs d’instituteur.
    « Non ; – pas comme cela, oncle Tom ; – pas comme cela ! dit-il avec vivacité, tandis que l’oncle Tom trace laborieusement la queue de son g à l’envers ; cela fait un q , voyez-vous ?
    – Ah ! vrai ! répond l’oncle Tom, suivant de l’œil avec une admiration respectueuse les innombrables g et q que griffonne, pour son édification, son jeune professeur. Prenant à son tour le crayon entre ses doigts, gros et lourds, il recommence patiemment.
    « Comme petit blanc faire tout bien ! » dit tante Chloé, qui, un morceau de lard au bout de sa fourchette et en train de graisser son gril, s’arrête pour contempler avec orgueil le jeune maître. « C’est lui qui sait écrire ! et lire, donc ! quand il vient ici le soir nous réciter ses leçons, c’est ça qu’est amusant !
    – Mais, tante Chloé, j’ai grand faim, dit Georgie ; est-ce que ton gâteau n’est pas bientôt cuit ?
    – Presque, massa [16] Georgie ; elle souleva le couvercle et jeta un coup d’œil furtif à son œuvre. Le voilà qui tourne brun ! – d’un beau brun doré ! Ah ! laissez-moi faire, allez – je m’y entends ! Maîtresse a commandé à Sally l’autre jour de faire un gâteau, rien que pour apprendre . Oh ! maîtresse, que je dis, ça n’ira pas ! c’est péché de gâter de bonnes choses ! un gâteau qui lève tout d’un côté – pas plus de forme que ma savate ! – Allez, marchez ! »
    Et avec cette exclamation de profond dédain pour l’inexpérience de Sally, la tante Chloé enleva d’une main preste le four de campagne, et exposa aux yeux des regardants un gâteau cuit à point, et que n’eût pas désavoué un maître pâtissier. Une fois ce morceau capital arrivé à bon port, la tante Chloé s’occupa de la partie plus substantielle du souper.
    « Allons, Moïse, Pierrot, tirez-vous du chemin, moricauds ! Sauvez-vous aussi, petite Polly, mon bijou ; maman donnera tout à l’heure du bonbon à la petite. – Et vous, massa Georgie, ôtez les livres, et asseyez-vous près de mon vieux, pendant que je dresse les saucisses et que je retourne les beignets. En un clin d’œil vous allez en avoir une bonne assiettée.
    – On voulait que je revinsse souper à la maison, dit Georgie ; mais je me doutais de ce qui se brassait par ici, tante Chloé.
    – Vous vous en doutiez ?… vrai, bijou ? » Et elle entassa les beignets sur son assiette. « Vous saviez bien que votre bonne tantine vous garderait le meilleur. Ah ! il n’y a pas besoin de vous en dire long, à vous, rusé ! »
    Elle accompagna ce discours facétieux d’un coup de coude pour en aiguiser la pointe, et revint au gril avec une nouvelle ardeur.
    Quand l’activité dévorante de l’appétit de Georgie fut un peu calmée, il s’écria, en brandissant un large coutelas : « Au tour du gâteau, maintenant !
    – Dieu vous bénisse ! massa Georgie, dit la tante Chloé, en lui arrêtant le bras ; vous n’auriez pas le cœur de la couper avec ce grand couteau, pour le massacrer tout en miettes, et gâter sa bonne mine ! Tenez, voilà une vieille lame mince que j’ai repassée tout

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