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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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Dites-lui le Seigneur être avec moi, toujours, partout ; il a tout fait léger, tout facile. Et… oh ! les pauv’s enfants ! et la petite ! Mon vieux cœur presque se fendre pour eux bien des fois ! Dites à tous qu’il faut me suivre, – me suivre ! – À maître, à bonne maîtresse, dites que je les aime toujours. Tous dans la vieille chère maison aussi. – Vous savez pas ? j’aime eus tous, – j’aime tout, – toutes les créatures, partout ; – n’y a plus rien qu’amour ! – Oh ! massa Georgie, quelle grande chose c’est d’être chrétien ! »
    À ce moment, Legris, qui errait d’un air insouciant au dehors de la porte, lança à l’intérieur un coup d’œil hargneux, et s’éloigna.
    « Vieux Satan ! s’écria George indigné ; ma consolation est de penser que le diable le lui revaudra un de ces jours !
    – Oh non ! – faut pas, reprit Tom s’accrochant à la main qu’il tenait. Pauvre malheureux ! c’est pitié de penser à lui ! Oh ! s’il se repentait seulement, le Seigneur lui pardonnerait ; j’ai tant peur qu’il se repente pas !
    – J’espère bien que non, dit George. Dieu me préserve de le rencontrer là-haut !
    – Chut ! massa Georgie, paix ! – ça me chagrine, faut pas penser comme ça ; – il m’a pas fait réellement mal, – seulement ouvert pour moi les portes du royaume. C’est tout. »
    Le mourant, que la joie de revoir son jeune maître avait rempli d’une force éphémère, s’affaissa tout à coup. Les ressorts se détendirent, les yeux se fermèrent ; et sur son visage apparut ce mystérieux, ce sublime changement qui parle d’une autre vie.
    Il commença à respirer par longues et profondes aspirations ; sa large poitrine se soulevait et s’abaissait pesamment ; mais l’expression des traits était celle du triomphe.
    « Oh ! qui nous séparera – jamais – de l’amour – du Christ ! » Il dit, d’une voix à peine murmurée, et avec un sourire s’endormit dans le Seigneur.
    George demeurait frappé de respect : il lui semblait être dans un lieu consacré ; et lorsqu’il se releva, après avoir fermé les yeux sans vie, il n’avait plus qu’une pensée, – celle que son vieil ami avait exprimée : « Quelle grande chose que d’être chrétien ! »
    Il se détourna : Legris, l’air sombre, était debout derrière lui.
    La sérénité de cette scène de mort réprima l’impétuosité des passions de la jeunesse. La présence de l’homme n’excita plus chez George qu’un sentiment de profond dégoût, et l’impatient désir de s’en délivrer le plus vite et avec le moins de paroles possible.
    Fixant ses yeux noirs et perçants sur Legris, du doigt il montra le mort, et dit simplement : « Vous avez tiré de lui tout ce que vous en pouviez jamais avoir. Combien voulez-vous du corps ? je désire l’emporter et le faire enterrer décemment.
    – Je ne vends pas des nègres morts, repartit Legris d’un ton bourru ; enterrez-le où et comme il vous plaira.
    – Garçons, dit George avec autorité à deux ou trois nègres qui restaient là à regarder le corps, aidez-moi à le soulever et à le porter dans ma voiture, et donnez-moi une bêche. »
    Un d’eux courut en chercher une ; les deux autres aidèrent George à transporter le cadavre.
    Le jeune homme n’adressa ni une parole ni un regard à Legris qui, sans contremander ses ordres, demeurait là debout, sifflant avec une insouciance affectée. Il les suivit, d’un air de mauvaise humeur, jusqu’à la voiture qui était arrêtée devant la porte de la maison.
    George étendit son manteau, fit placer soigneusement le corps dessus, – dérangeant le siège pour faire place. Enfin il se retourna, regarda fixement Legris, et lui dit avec un sang-froid contraint :
    « Je ne vous ai pas déclaré ma pensée sur toute cette atroce affaire ; – ce n’est ni l’heure ni le moment. Mais, monsieur, ce sang innocent obtiendra justice. Je proclamerai ce meurtre sur les toits, s’il le faut ! et je vous accuse devant le premier magistrat que je pourrai trouver.
    – Allez ! dit Legris faisant claquer dédaigneusement ses doigts. J’aurai plaisir à vous voir vous démener. Où comptez-vous prendre vos témoins, s’il vous plaît ? – Où sont vos preuves ? Allez ! bon courage ! »
    George vit toute la portée de ce défi. Il n’y avait pas un blanc sur l’habitation ; or, dans tous les tribunaux du Sud, le

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