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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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détail pittoresque, en disant :
    « Les morts enveloppés de draps parcouraient les rues de Rome, poussant des gémissements et des cris inarticulés [48] . »
    Cette rencontre est un fait curieux de pneumalogie, que nous signalons à l’étude des spiritualistes.
    Quoi qu’il en soit, nous savons, à n’en pas douter, qu’une grande figure, couverte d’un drap blanc, se promenait à des heures indues par toute la maison de Legris, franchissait les portes, glissait comme une ombre dans les pièces désertes, disparaissait par intervalles, et se montrait en haut du mystérieux escalier qui conduisait au fatal grenier ; et cependant le lendemain tout était clos et aussi solidement verrouillé que la veille.
    Legris ne pouvait fermer tout à fait l’oreille à ces bruits, d’autant plus fatigants qu’on s’efforçait de les lui cacher. Il but encore plus que de coutume, leva la tête plus haut, et jura plus que jamais le jour ; mais la nuit il faisait de mauvais rêves, et les visions qui hantaient son chevet n’étaient rien moins que riantes. Le soir du lendemain de l’enterrement de Tom, il se rendit à cheval à la ville voisine pour y faire une orgie : il la fit complète. Il rentra tard et fatigué, ferma sa porte en dedans, en prit la clef, et se coucha.
    Quelque peine qu’on puisse prendre à étouffer une âme, elle est pour le méchant un hôte incommode, inquiétant, redoutable. Qui peut assigner des limites à son activité ? qui connaît tous ses mystérieux peut-être , – ses frissons, ses tremblements, qu’elle ne saurait pas plus surmonter qu’elle ne peut s’affranchir de son éternité ? N’est-il pas insensé l’homme qui ferme sa porte aux esprits, quand il en a un au dedans de lui-même qu’il n’ose rencontrer face à face ? – dont la voix, quoique enfouie sous des montagnes, résonne encore comme la trompette du jugement dernier !
    Legris s’était barricadé, avait mis une chaise contre sa porte, avait allumé une veilleuse, et placé ses pistolets à portée de sa main. Il avait examiné les espagnolettes des fenêtres, et jurant qu’il ne craignait ni le diable ni sa suite, il s’était endormi.
    Il dormit profondément, car il était las ; mais à la fin, une ombre ténébreuse, un sentiment d’horreur, une vague appréhension d’un danger planant sur lui, se glissèrent dans son sommeil. Il vit le linceul de sa mère : Cassy le tenait déployé devant lui. Il entendit un bruit confus de cris de douleur et de gémissements. Il savait qu’il dormait, et luttait pour s’éveiller. Il y parvint à demi. Cette fois, il en était sûr, quelque chose entrait dans sa chambre. Sa porte s’ouvrait ; il n’en pouvait douter, mais la peur le paralysait. Enfin il se retourna en sursaut : la porte était ouverte ; et une main éteignit sa lumière.
    Il faisait un clair de lune trouble et voilé ; – pourtant il voyait – là – une chose blanche glisser, au lieu de marcher – il entendait le frôlement du linceul sur le parquet. – Elle était là, debout, immobile, près de son lit. Une main glacée toucha la sienne ; une voix basse, étranglée, murmura trois fois à son oreille : « Viens ! viens ! viens ! » Et tandis qu’il gisait couvert d’une sueur froide, l’apparition disparut, sans qu’il sût quand et comment. Il sauta hors du lit, et courut à la porte ; elle était fermée à double tour : il tomba évanoui.
    À dater de cette nuit, Legris s’abandonna à l’ivresse : il but, non plus comme autrefois avec une certaine prudence, mais outre mesure et sans arrêt.
    Bientôt le bruit qu’il se mourait se répandit aux environs ; ses excès avaient développé l’effroyable maladie [49] qui semble projeter sur la vie présente les ombres livides de la réprobation future. Personne ne pouvait supporter les horreurs de cette chambre funèbre, où il délirait, se débattait, hurlait, et parlait de visions qui glaçaient le sang de ceux qui l’entendaient : debout, près de son lit de mort, il voyait se dresser une figure blême, terrible, inexorable, qui lui répétait : « Viens ! viens ! viens ! »
    Par une bizarre coïncidence, le matin qui suivit la nuit où le fantôme apparut pour la première fois à Legris, on trouva la porte de la maison ouverte, et quelques nègres aperçurent deux ombres blanchâtres, glissant le long de l’avenue qui conduisait au grand chemin.
    Un peu avant le lever du soleil, Emmeline et

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