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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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l’oreille n’en supporte pas le récit. Ce que l’homme a la force de faire, il n’a pas toujours celle de l’entendre raconter. Ce qu’il faut que notre prochain, frère par le sang, frère par la religion, endure, ne peut nous être dit, même seul à seul, dans le secret de notre intérieur ; car ce récit serait une angoisse ! Et cependant, ô mon pays, ces actes se font à l’ombre de tes lois ! Ô Christ, ton Église les voit et ne réclame pas !
    Mais aux temps jadis est né CELUI dont les souffrances ont transformé l’instrument de supplice, d’abjection et de honte en un symbole de gloire, d’honneur et d’immortalité. Quand son divin esprit est là, l’avilissante verge, l’insulte dégradante, les sanglantes atteintes, rehaussent encore les sublimes et dernières luttes du chrétien.
    Était-elle seule, l’âme héroïque et tendre, durant la longue, longue nuit, sous ce vieux hangar où il supporta les coups multipliés, les horribles tortures ?
    Non ; près du martyr, vu seulement par ses yeux, « semblable à un fils de Dieu [47] , » se tenait Celui qui a souffert.
    Le tentateur était là aussi, – aveuglé par une volonté despotique et furieuse ; – il pressait Tom, de moment en moment, d’échapper à cette agonie, et de livrer l’innocence ; mais le loyal, le noble cœur demeura ferme, attaché au roc éternel. Comme son Rédempteur, il savait que pour sauver les autres il fallait se sacrifier lui-même, et les plus cruelles extrémités ne purent arracher de lui autre chose que de pieuses paroles, que de saintes prières…
    « Lui être presque fini, maître, dit Sambo, touché quoi qu’il fit, de la patience de la victime.
    – Frappez jusqu’à ce qu’il cède ! Allons ! ferme ! Appliquez fort, hurla Legris. Je lui tirerai les dernières gouttes de son sang, à moins qu’il ne parle, qu’il n’avoue ! »
    Tom entr’ouvrit les yeux, et regarda son maître : « Pauvre misérable créature, dit-il, il y en a tout ce que vous en pouvez faire. Je vous pardonne de toute mon âme, et il s’évanouit.
    – Je crois, le diable m’emporte, qu’il est à bas pour tout de bon, dit Legris qui marcha en avant et le regarda. Ma foi, c’est fait ! Sa maudite gueule se taira à la fin. – C’est toujours ça de gagné. »
    Oui, Legris ; mais qui fera taire la voix qui crie au fond de ton âme ? Cette âme fermée au repentir, à la prière, à l’espoir, et dans laquelle s’allume le feu qui jamais ne s’éteindra !
    Cependant Tom n’était pas tout à fait mort. Les merveilleuses paroles échappées durant ses souffrances, ses douces prières avaient touché, même le cœur des nègres abrutis, instruments de son cruel bourreau ; et, dès que Legris eut disparu, ils s’empressèrent de relever le corps déchiqueté, et s’efforcèrent, dans leur ignorance, de le rappeler à la vie, – comme si la vie lui était un bien !
    « Pour sûr que nous avons fait là, mauvaise, méchante besogne, dit Sambo. J’espère c’est au compte du maître ; pas à nous à en répondre toujours ! »
    Ils lavèrent ses blessures, ils lui dressèrent un lit grossier avec du coton de rebut, et l’y étendirent ; l’un d’eux se glissa furtivement dans l’habitation, et sous prétexte que s’étant épuisé à frapper il avait besoin de se restaurer, il obtint de Legris quelques gouttes d’eau-de-vie qu’il revint verser aussitôt dans la gorge de Tom.
    « Oh ! Tom, dit Quimbo, nous avons été bien méchants, bien cruels pour toi !
    – Je vous pardonne de tout mon cœur, murmura faiblement Tom.
    – Oh ! Tom, dis-nous qui est Jésus ? – dis-le-nous, demanda Sambo. Ce Jésus que tu voyais toute la nuit à côté de toi, qui est-il ? »
    Ces mots rappelèrent l’âme défaillante prête à prendre son vol. Elle s’épancha en quelques énergiques paroles sur le miraculeux Sauveur, – sa vie, sa mort, sa présence éternelle, – sa puissance pour sauver.
    Ils pleurèrent tous deux, – ces hommes farouches ! ils pleurèrent.
    « Pourquoi jamais rien entendre, rien savoir de tout ça ? dit Sambo. Mais je crois ! – je puis plus m’en empêcher ! Seigneur Jésus, ayez pitié de nous.
    – Pauvres créatures, dit Tom, je suis content d’avoir enduré tout ce que j’ai souffert si cela vous peut gagner à Jésus ! Ô Seigneur, accorde-moi ces deux âmes, je t’en supplie ! »
    La prière fut exaucée.

CHAPITRE XLII

Le jeune

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