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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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redressa et sourit dédaigneusement. M. Wilson l’examinait de la tête aux pieds avec une naïve surprise.
    « Georges, quelque chose vous a rendu tout autre ; vous n’êtes plus le même : vous portez le front haut, vous parlez, vous agissez.
    – C’est que je suis libre , répliqua Georges avec orgueil. Oui, monsieur, pour la dernière fois j’ai dit « maître » à un homme. Je suis libre .
    – Prenez garde ! ce n’est pas sûr – vous pouvez être repris.
    – Tous les hommes sont égaux et libres dans la tombe, si l’on en vient là, monsieur Wilson.
    – Je suis abasourdi de votre audace ! descendre ici ! à la taverne la plus voisine !
    – Précisément ; la chose est si hardie, la taverne si proche, qu’ils n’y penseront pas : ils me chercheront plus loin. Vous-même aviez peine à me reconnaître. Le maître de Jim n’habite pas ce comté ; il n’y est pas connu. Et quant à Jim, toute recherche est abandonnée. Personne ne s’avisera, je pense, de m’arrêter d’après le signalement.
    – Mais, dit avec hésitation M. Wilson, la marque… dans votre main ? »
    Georges tira son gant, et montra une cicatrice récente : « Dernière preuve de l’estime de M. Harris, reprit-il. Il y a une quinzaine qu’il se mit en tête de m’en gratifier, parce qu’il me soupçonnait, disait-il, de vouloir m’enfuir. Cela donne l’air intéressant, n’est-ce pas ? et il remit son gant.
    – Mon sang se glace rien que de penser à votre position, Georges, à vos périls !
    – Le mien s’est glacé bien longtemps, monsieur Wilson, pendant des années. Maintenant, il brûle mes veines. » Il continua, après un moment de silence. « J’ai vu que vous m’aviez reconnu ; j’ai voulu vous parler, de peur que votre surprise ne me décelât. Je pars demain matin avant l’aube ; demain soir j’espère dormir sain et sauf dans l’Ohio. Je voyagerai de jour, m’arrêterai dans les meilleurs hôtels, et dînerai à table d’hôte avec les seigneurs et maîtres du pays. Au revoir, monsieur ; si vous entendiez dire que je suis pris, tenez pour certain que je suis mort ! »
    Georges, droit et ferme comme un roc, tendit d’un air de prince la main à M. Wilson, qui la lui serra cordialement. Après avoir renouvelé toutes ses recommandations de prudence, le petit homme prit son parapluie, et se mit en devoir de sortir, tâtonnant gauchement sa route.
    Georges le regardait s’en aller d’un air pensif ; tout à coup une lueur lui traversa l’esprit – il le rappela.
    « Monsieur Wilson, encore un mot. »
    Le vieillard rentra ; comme auparavant, Georges referma la porte à clef ; puis il resta rêveur et irrésolu, les yeux fixés à terre. Enfin, relevant la tête avec effort, il dit :
    « Monsieur Wilson, vous vous êtes montré chrétien dans la façon dont vous m’avez traité. – J’ai à vous demander un dernier acte de charité chrétienne.
    – Parlez, Georges.
    – Eh bien, monsieur, – ce que vous avez dit est vrai : je cours un effroyable risque ! Il n’y a pas une âme sur terre qui s’inquiète que je vive ou meure, ajouta-t-il en respirant péniblement, et parlant avec peine. – Je serai jeté dehors à coups de pied, enterré comme un chien, et personne n’y pensera le jour d’après, – personne que ma pauvre femme ! Elle pleurera, elle , – le cœur navré. Si vous pouviez seulement trouver moyen de lui faire parvenir cette épingle. Elle me l’a donnée en présent à la Noël dernière. Pauvre âme ! Rendez-la-lui, et dites-lui que je l’ai aimée jusqu’à la fin. Le ferez-vous ? le voulez -vous ? ajouta-t-il avec vivacité.
    – Oui, certes. – Pauvre garçon ! dit le vieillard prenant l’épingle, les yeux humides et la voix chevrotante.
    – Dites-lui une chose, reprit Georges, c’est que mon dernier vœu est qu’elle aille au Canada. Peu importe que sa maîtresse soit bonne ; – peu importe qu’elle-même soit attachée à la maison ; qu’elle n’y retourne pas, – car l’esclavage finit toujours par la misère. Dites-lui d’élever notre fils en homme libre, afin qu’il ne souffre pas comme j’ai souffert. Vous le lui direz, n’est-ce pas, monsieur Wilson ?
    – Oui, Georges ; mais vous ne mourrez pas, j’espère. Prenez courage. – Vous êtes un brave garçon ! Fiez-vous au Seigneur, Georges. Je souhaiterais de toute mon âme que vous en fussiez hors sain et sauf.
    – Y a-t-il un Dieu

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