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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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affaire. »
    Tom reçut cette agréable nouvelle avec une quiétude parfaite, se demandant seulement, au fond du cœur, si ces pauvres malheureux avaient des femmes et des enfants, et s’ils souffraient, comme lui, d’en être séparés. Il faut avouer aussi que la perspective d’être campé en prison ne pouvait sourire à un pauvre diable, qui s’était piqué toute sa vie de la plus stricte droiture. Oui, Tom était fier de sa probité, n’ayant pas beaucoup d’autres sujets d’orgueil. S’il eût appartenu aux plus hautes classes de la société, peut-être n’en eût-il pas été réduit là.
    Cependant le jour s’écoula, et le soir vit Haley et Tom confortablement casés dans Washington, l’un à l’hôtel, et l’autre à la prison.
    Le lendemain, vers onze heures, une foule mélangée se pressait sur les marches du palais de justice, fumant, chiquant, crachant, jurant, causant, selon les goûts et l’humeur de chacun, en attendant que la vente commençât.
    Les hommes et les femmes à vendre, groupés à part, se parlaient à voix basse. La négresse Agar, en tête de la liste, était de pure race africaine, traits et taille. Elle pouvait avoir soixante ans, mais le dur travail et la maladie l’avaient faite plus vieille. Elle était à demi-aveugle et percluse de rhumatismes ; à ses côtés se tenait son dernier fils, Albert, alerte et intelligent garçon de quatorze ans, le seul qui eût survécu d’une nombreuse famille, que la mère avait vu vendre successivement sur les marchés du Sud. Cramponnée de ses deux mains au jeune homme, elle regardait avec effroi quiconque s’approchait pour l’examiner.
    « N’ayez peur, tante Agar, dit le plus vieux nègre, j’ai parlé de lui à massa Thomas, et il tâchera de vous vendre en un lot, tous deux ensemble.
    – Ne me faites pas passer pour vieille et bonne à rien, dit-elle avec véhémence. Je sais faire la cuisine, fourbir, récurer. Je vaux l’argent, si on n’en demande pas trop. – Dites-leur, dites-leur donc ! » ajouta-t-elle avec vivacité.
    Haley se fraya un chemin dans le groupe, alla droit au vieux, lui tira la mâchoire inférieure, examina l’intérieur de sa bouche, lui toucha les dents une à une, le fit se redresser, s’étendre, se courber, et exécuter diverses évolutions, pour juger du jeu des muscles. Il passa ensuite à un autre, qu’il soumit à la même épreuve. Arrivé enfin devant le jeune garçon, il tâta ses bras, lui ouvrit les mains, regarda ses doigts, et lui commanda de sauter, afin de faire preuve d’agilité.
    « Il ne sera pas vendu sans moi, dit la vieille avec passion. – Lui et moi ne faisons qu’un lot. Je suis forte, allez, maître ! – Je puis faire des masses d’ouvrage… des tas… maître !
    – Sur les plantations ? reprit Haley avec un regard de dédain : bonne histoire ! » Et satisfait de son examen, il s’éloigna les deux mains dans ses poches, son cigare à la bouche, et son chapeau de côté, attendant le moment d’agir.
    « Qu’en pensez-vous ? dit un homme qui avait suivi Haley pendant son inspection, comme pour s’éclairer de son expérience.
    – Je verrai… je crois que je pousserai les plus jeunes, et l’enfant, répliqua-t-il.
    – Mais on ne veut le vendre qu’avec la vieille, dit l’autre.
    – Ce sera dur à arracher ! la vieille n’est qu’un tas d’os ; elle ne vaut pas le sel qu’elle mangera.
    – Vous ne mettriez donc pas dessus ?
    – Quelque sot ! Elle est plus d’à moitié aveugle, toute bancroche de rhumatismes, et imbécile, par-dessus le marché.
    – Il y en a pourtant qui achètent ces vieilles-là, et qui affirment qu’elles ont la vie dure, et qu’on en peut tirer meilleur parti qu’on ne croirait, dit le questionneur d’un ton réfléchi.
    – Ce ne sera toujours pas moi ; je n’en voudrais pas quand on m’en ferait présent. C’est vu , d’ailleurs.
    – Eh bien ! ce serait tout de même une manière de pitié de l’acheter avec son fils ; elle y tient trop ; elle ne pourra pas s’en passer. Supposons qu’on la crie au rabais ?
    – C’est bon pour ceux qui ont de l’argent à perdre. Moi, je mettrai l’enchère sur le garçon : il y a chance de le vendre à un planteur ; mais je n’entends pas m’embarrasser de la vieille : non, pas même si on me la donnait pour rien.
    – Elle prendra le chagrin à cœur, dit l’autre.
    – Probable, » reprit le marchand avec

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