Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
Vom Netzwerk:
indifférence.
    Un bourdonnement confus interrompit la conversation ; le crieur, gros homme, important et affairé, s’ouvrit avec ses coudes un chemin dans la foule. La vieille retint son souffle, et attira instinctivement l’enfant à elle.
    « Tiens-toi près de mère, Albert, tout près, – entends-tu ?… Tout à l’heure l’homme nous mettra ensemble à la criée.
    – J’ai peur que non, mère, dit le jeune garçon.
    – Il le faut, enfant ; ils savent bien que je ne peux pas vivre sans toi, » dit la vieille avec véhémence.
    Le crieur annonça, d’une voix de stentor, que la vente allait commencer. La foule s’écarta : l’enchère était ouverte. Les hommes furent adjugés à des prix qui prouvaient que la marchandise était demandée, et les cours bien tenus ; deux échurent en partage à Haley.
    « Allons, jeune homme ! dit le crieur, touchant l’enfant de son marteau, debout, et montre-nous la souplesse de tes rouages !
    – Oh ! mettez-nous tous deux ensemble, maître ! – ensemble, s’il vous plaît ! dit la vieille, se cramponnant à son fils.
    – Lâche donc ! cria l’homme, comme il détachait rudement les mains de la femme : tu viendras en dernier, toi ! Allons ! saute, moricaud ! » Il poussa l’enfant vers les tréteaux. Un gémissement sourd et plaintif s’éleva derrière lui : le jeune garçon hésita, se retourna ; – mais les minutes étaient comptées, et chassant du revers de sa main les larmes de ses grands yeux, il s’élança sur l’estrade.
    Sa taille svelte, ses membres agiles, sa figure intelligente, provoquèrent aussitôt une vive concurrence ; une demi-douzaine d’enchères assaillirent à la fois les oreilles du crieur. Le sujet de la contestation, anxieux, effaré, regardait de côté et d’autre, pendant que les offres se succédaient, – tantôt ici, tantôt là, – jusqu’à ce que retomba le marteau levé. Il appartenait à Haley. On le poussa vers son nouveau maître. Il s’arrêta un moment à regarder sa pauvre vieille mère, qui, tremblant de tous ses membres, tendait vers lui ses mains défaillantes.
    « Achetez-moi aussi, maître ! pour l’amour béni du Seigneur, achetez-moi !… Si vous ne m’achetez pas, je mourrai !
    – Tu pourras bien mourir si tu m’y prends ! dit le marchand ; non, non ! » Il tourna sur les talons.
    L’enchère de la pauvre créature ne fut pas de longue durée ; l’homme qui s’était adressé à Haley, et qui ne semblait pas dépourvu de compassion, l’acheta pour presque rien, et les spectateurs commencèrent à se disperser.
    Les tristes victimes qui avaient habité le même lieu, pendant des années, s’assemblèrent autour de la pauvre mère, dont l’angoisse faisait mal à voir.
    « Pouvaient-ils donc pas m’en laisser un ?… Le maître a toujours dit que j’en aurais un ; – il l’a dit ! répétait-elle encore et encore d’une voix brisée.
    – Faut avoir confiance au Seigneur, tante Agar, reprit tristement le plus vieux de la troupe.
    – À quoi sert ? dit-elle en sanglotant avec amertume.
    – Mère ! mère ! ne te désole pas, s’écria l’enfant : ils disent que tu es tombée à un bon maître.
    – Je n’ai souci qu’il soit bon ou méchant ! – tout m’est égal ! Oh, Albert ! mon garçon ! le dernier que j’ai nourri ! Seigneur bon Dieu ! comment ferai-je !…
    – Allons, emmenez-la donc ! que quelqu’un l’emmène, dit Haley sèchement ; ça ne fait de bien ni à elle, ni aux autres de la laisser brailler sur ce ton ! » Les plus âgés des assistants parvinrent, moitié par persuasion, moitié par force, à détacher la pauvre créature du fruit de ses entrailles, et la conduisirent au chariot de son nouveau maître, en s’efforçant de la consoler.
    « À notre tour maintenant ! » dit Haley. Il rassembla ses trois emplettes, et tira de son surtout une provision de menottes, qu’il assujettit solidement autour de leurs poignets. Une longue chaîne, passée dans les anneaux, lui servit à les chasser devant lui jusqu’à la prison.
    Peu de jours après, le marchand s’installait à bord d’un des bateaux de l’Ohio, avec ses propriétés, commencement de la cargaison de choix qu’il devait compléter, en recueillant, sur différents points de la rive, les marchandises que lui, ou ses agents, y tenaient en réserve.
    La Belle-Rivière, l’un des plus beaux et des meilleurs bateaux qui aient jamais

Weitere Kostenlose Bücher