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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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souriant.
    – Oh ! mère est en état de tout conduire, dit le jeune garçon ; mais n’est-ce pas une honte de faire de pareilles lois ?
    – Ne parle pas mal de ceux qui te gouvernent, Siméon, reprit gravement le père. Le Seigneur ne nous accorde les biens terrestres qu’afin d’en user avec justice et charité. Si pour cela nos gouvernants exigent de nous la dîme, nous devons la leur payer.
    – Je n’en hais pas moins ces vieux propriétaires d’esclaves ! dit le garçon, aussi anti-chrétien que peut l’être un réformateur moderne.
    – Tu m’étonnes, mon fils ! ta mère ne t’a jamais enseigné des paroles de haine. Ce que j’ai fait pour l’esclave, je le ferais pour le maître, si le Seigneur l’envoyait à ma porte à son heure d’affliction. »
    Siméon deux devint pourpre ; mais la mère sourit et se contenta de dire : « Siméon est mon bon fils ; il est jeune ; en grandissant, il pensera comme son père.
    – J’espère, mon cher monsieur, qu’aucun danger ne vous menace à cause de nous, dit Georges avec anxiété.
    – Ne crains rien, Georges. Pourquoi donc serions-nous ici-bas ? Si nous n’acceptions quelque ennui pour servir une bonne cause, nous ne serions pas dignes de porter le nom d’amis.
    – Mais, pour moi !… je ne puis m’y résigner ! dit Georges.
    – Ne te trouble pas, ami Georges. Ce n’est pas pour toi, mais pour Dieu et pour le prochain. Maintenant, il te faut dormir tranquille. Ce soir, à dix heures, Phinéas Fletcher te conduira en avant, jusqu’à la prochaine station, – toi et ceux qui t’accompagnent. Les traqueurs te suivent de près : il ne faut pas nous attarder.
    – Alors, pourquoi attendre à ce soir ? demanda Georges.
    – Parce que de jour tu es en sûreté ici ; il n’y a personne dans la colonie qui ne soit un Ami, et tous veillent. D’ailleurs, il est plus sûr de voyager la nuit. »

CHAPITRE XV

Évangeline.

Étoile du matin, ta clarté vacillante

    Ne pourrait se mêler aux profanes lueurs ;

    Être si doux, si pur, […] [30] et charmante,

    Rose, dans ta corolle enfermant tes senteurs.
    Le Mississipi ! quelle baguette enchantée a tout à coup changé les scènes si poétiquement décrites par Chateaubriand ! Ce fleuve majestueux qui, dans un silence magnifique, à travers toutes les pompes de la création, roulait ses ondes puissantes au milieu de solitudes sans bornes, a surgi, du pays des rêves, des visions, des merveilles, à une réalité à peine moins saisissante et moins splendide. Quelle autre rivière porterait à l’Océan les richesses d’une aussi vaste contrée ? – d’un pays qui, des tropiques au pôle, développe, sur une aussi large échelle, un aussi grand nombre de produits ? Ses eaux bourbeuses, gonflées, rapides, se précipitant sans relâche, sont comme l’emblème du flot impétueux d’affaires versé tout le long de son cours par une race plus énergique, plus véhémente qu’aucune de celles du vieux monde – Ah ! que le fleuve ne transporte plus désormais cette horrible cargaison d’opprimés en pleurs, pauvres ignorants, dont les gémissements, les amères et ardentes prières, en appellent à un Dieu inconnu, invisible, muet, mais qui viendra un jour « sauver tous les pauvres de la terre. »
    L’oblique lumière du soleil couchant frémissait sur toute la vaste étendue du fleuve semblable à une mer ; les roseaux frissonnants, et les sombres et gigantesques cyprès, le front surchargé des guirlandes funèbres de noires mousses pendantes, s’empourpraient de ses rayons mourants, à mesure que le bateau à vapeur descendait lourdement la rivière. Empilées sur ses ponts, amarrées sur ses flancs, les énormes balles de coton, produits de plantations nombreuses, qu’il transportait au marché voisin, le faisaient ressembler, à distance, à un bloc carré et grisâtre. À bord s’agitait une foule bigarrée, parmi laquelle on eût cherché longtemps, avant de le découvrir, Tom, notre humble ami. Enfin, nous l’apercevons, retranché dans un petit recoin, au sommet de ballots entassés. Grâce en partie à la confiance inspirée par les recommandations de M. Shelby, et plus encore à l’influence d’un caractère inoffensif et tranquille, Tom s’était peu à peu insinué assez avant dans la confiance même de Haley.
    D’abord, le marchand l’avait attentivement surveillé de jour, et lui remettait ses fers chaque nuit ; mais la muette

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