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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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maison, que de douces voix lui disaient être la sienne, elle voyait son enfant jouer, libre et heureux. Elle entendit le pas de son mari ; elle le sentit s’approcher ; il l’entoura de ses bras ; ses larmes inondèrent sa figure. Elle s’éveilla ! Ce n’était pas un rêve ! Le soleil était couché depuis longtemps. Son fils dormait à ses côtés ; une chandelle éclairait obscurément la chambre, et à son chevet sanglotait son mari.

    *

    * *
    Le lendemain, le jour se leva joyeux sur la maison des quakers. La mère, debout à l’aube, entourée d’actifs garçons et filles, que nous n’avons pas eu le temps de présenter hier au lecteur, et qui tous, obéissant aux affectueux appels de Rachel : « Tu feras bien ; » ou plus doucement encore : « Ne ferais-tu pas mieux ? » s’affairaient à la grande œuvre du déjeuner ; car un déjeuner, dans les fertiles vallées d’Indiana, est chose multiple, compliquée ; et, comme à la cueille des feuilles de roses, et à la taille des buissons du paradis terrestre, la main de la mère seule n’y saurait suffire. Tandis que John courait à la source puiser de l’eau, que Siméon, deuxième du nom, passait au crible la farine de maïs, que Marie était en train de moudre le café, Rachel s’occupait doucement et tranquillement à découper le poulet, à pétrir les biscuits, répandant, comme le soleil, partout et sur tous, sa chaude et radieuse lumière. – Si le zèle intempestif des jeunes travailleurs menaçait d’amener quelque collision, un doux : « Allons ! allons ! » ou bien : « À ta place je ne le ferais pas, » suffisait pour tout apaiser. Les poètes ont célébré la ceinture de Vénus, qui tournait les têtes de génération en génération : j’aimerais mieux, pour ma part, la ceinture de Rachel, qui empêchait les têtes de tourner, et mettait tout le monde d’accord. Elle irait décidément mieux à nos temps modernes.
    Pendant tous ces apprêts, Siméon premier, debout devant un miroir, ses manches de chemises retroussées, procédait à l’opération anti-patriarcale de se raser. Tout se passait dans la grande cuisine, d’une façon si amicale, si paisible, si harmonieuse, chacun paraissait tellement se complaire à sa besogne, il régnait partout une atmosphère de confiance mutuelle et de fraternité si grande, que les couteaux et les fourchettes semblaient glisser d’eux-mêmes sur la table, et que le poulet et le jambon sifflotaient dans la poêle, comme enchantés de faire leur partie dans le concert. Lorsque Georges, Éliza et le petit Henri entrèrent, ils furent si chaudement accueillis, qu’il n’est pas étonnant que tout cet ensemble leur parut un rêve.
    Enfin on se mit à déjeuner, tandis que Marie, debout près du fourneau, surveillait la cuisson des galettes, qui, dès qu’elles atteignaient à la perfection du beau brun doré, passaient du gril sur les assiettes.
    Rachel n’était jamais plus bénignement belle, plus véritablement heureuse, que lorsqu’elle présidait au repas de famille : elle mettait une tendresse maternelle à faire circuler les gâteaux, une plénitude de cœur à verser une tasse de café, qui semblaient infuser un esprit d’union et de charité dans la nourriture et le breuvage.
    Pour la première fois Georges s’asseyait, sur un pied d’égalité, à la table d’un blanc. Il éprouva d’abord de la gêne, et quelque contrainte ; mais cette sensation se dissipa, comme un brouillard, sous l’influence de cette simple et cordiale hospitalité. C’était bien la maison, – l’intérieur de famille, – le home , – mot dont Georges n’avait encore jamais compris le sens. La croyance en Dieu, la foi en sa providence, commencèrent à entourer son cœur d’une auréole de paix et de sécurité. Les sombres doutes de l’athéisme, la misanthropie du désespoir, se fondirent devant la lumière d’un évangile vivant, animé du souffle des vivants, prêché par une foule d’actes d’amour et de bon vouloir ; actes qui, comme le verre d’eau froide donné au nom du Seigneur Jésus, ne resteront pas sans récompense.
    « Père, qu’arrivera-t-il si l’on t’y prend encore cette fois ? dit Siméon deux, en beurrant sa galette.
    – Je payerai l’amende, répliqua Siméon premier, tranquillement.
    – Mais s’ils te mettent en prison ?
    – N’êtes-vous pas en état, ta mère et toi, de mener la ferme ? dit Siméon en

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