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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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douloureuse anxiété, soulevait de ses petites mains frêles leurs lourdes chaînes, puis s’éloignait en soupirant. Bientôt après elle accourait, chargée de sucre candi, de noix, d’oranges, qu’elle leur distribuait toute joyeuse ; puis elle disparaissait de nouveau.
    Tom regarda longtemps la petite dame, avant de s’aventurer à courtiser ses bonnes grâces. Il avait à sa disposition une infinité d’arts et de ruses pour attirer le petit monde, et, il résolut de s’y prendre avec adresse. Il savait sculpter dans les noyaux de cerises de curieux petits paniers, il creusait de grotesques figures dans les noix d’hickory, et faisait d’admirables sauteurs en moelle de sureau. Pan lui-même n’était pas plus expert dans la fabrication de toutes sortes de flûtes et de sifflets. Ses poches regorgeaient de quantité de ces attrayantes amorces, préparées jadis pour les enfants de son maître, et qu’il produisait maintenant, une à une, avec économie et sagacité ; c’étaient des ouvertures à une plus ample connaissance, des appâts tendus à une future amitié.
    Aisément effarouchée, en dépit de l’intérêt curieux qu’elle apportait à toutes choses, la petite s’apprivoisait peu : l’oiseau perchait sur quelque malle ou ballot dans le voisinage de Tom, épiant les mignonnes merveilles de sa façon, que l’enfant n’acceptait qu’avec une timidité rougissante et grave, à mesure qu’il les lui offrait ; cependant, à la longue, la familiarité arriva.
    « Quel est le nom de la petite mamoiselle dit Tom, quand il crut pouvoir hasarder la question.
    – Évangeline Saint-Clair, répondit la petite, quoique papa, quoique tout le monde m’appelle Éva. – Et vous, comment vous nomme-t-on ?
    – Mon nom est Tom. – Mais j’étais toujours l’oncle Tom pour les petits enfants, là-haut, bien loin, dans le Kentucky.
    – Alors, pour moi aussi vous serez l’oncle Tom, parce que, voyez-vous, je vous aime bien. Où allez- vous comme cela, oncle Tom ?
    – Je n’en sais rien, mamoiselle Éva.
    – Rien ! dit la petite.
    – Non ; on va me vendre à quelqu’un. Je sais pas à qui.
    – Papa peut vous acheter, dit vivement Éva ; et alors vous aurez du bon temps. Je vais le lui demander tout de suite.
    – Grand merci ! ma petite dame, dit Tom. »
    Le bateau s’arrêtait pour faire du bois : Éva, entendant la voix de son père, rebondit vers lui, et Tom s’empressa d’aller offrir ses services, et se mêler aux autres travailleurs.
    Éva et son père, debout près de la galerie, regardaient le bateau s’éloigner du débarcadère : la roue avait déjà fait deux ou trois tours, lorsque, par un subit tressaillement du navire, la petite fille perdit l’équilibre et tomba dans l’eau. Son père, sachant à peine ce qu’il faisait, s’élançait après elle ; quelqu’un le retint par derrière : une aide plus efficace arrivait au secours de l’enfant.
    Au moment de la chute, Tom se trouvait juste au-dessous, sur le pont inférieur. Il vit Éva frapper l’eau, disparaître, et il la suivit en moins d’une seconde. Avec sa large poitrine et ses bras robustes, ce n’était qu’un jeu pour lui de se maintenir à flot, jusqu’à ce que l’enfant reparût à la surface. Il la saisit alors, et, nageant le long des flancs du bateau, la présenta toute ruisselante au millier de mains tendues à la fois, comme celle d’un seul homme, pour la recevoir. Son père l’emporta évanouie dans la chambre des dames, où, comme d’habitude en pareil cas, il y eut grand tumulte, et assaut de zèle et de bonne volonté, n’aboutissant qu’à fatiguer la malade et à retarder son retour à la vie.

    *

    * *
    Le lendemain, au déclin du jour, par une accablante chaleur, le bateau arriva en vue de la Nouvelle-Orléans. Ce ne fut plus de tous côtés qu’agitation, que préparatifs : chacun réunissait en bloc ses paquets avant de gagner le rivage, et les gens de service s’empressaient de tout parer, tout nettoyer, tout fourbir, afin de faire une triomphale entrée.
    Sur l’arrière-pont, notre ami Tom, assis, les bras croisés, tournait de temps à autre un regard anxieux vers un groupe arrêté de l’autre côté du bateau.
    Là se trouvait la blanche Évangeline, un peu plus pâle que la veille, mais sans autre trace de l’accident qui lui était arrivé. Un jeune homme, d’une taille élégante, d’une tournure distinguée, debout près d’elle, appuyait

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