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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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dormait plus dans sa chambre, la cheminée n’était pas alimentée et un vent ronronnant se glissait par le conduit jusqu’au plancher de bois.
    –  Que s’est-il passé, Albérie ? demanda Huc en prenant place à côté d’elle.
    La jeune femme laissa tomber sa tête sur l’épaule de son époux comme elle en avait coutume, mais cette fois Huc eut du mal à glisser son bras autour de ses épaules. Il n’avait pas envie de la réconforter. Il se sentait trahi. Trahi par son silence. Et quelque chose en lui criait que c’était la seule raison qui l’avait poussé à sa propre trahison.
    –  Tu le sais, Huc. Antoine de Colonges m’a raconté. Huc sentit sa gorge se nouer. L’abbé l’aurait-il dénoncé ?
    –  J’ai besoin de savoir, balbutia-t-il, ce que toi tu sais. Albérie poussa un profond soupir et Huc sentit une perle de sueur glisser entre ses omoplates. Et si Albérie n’était pas rentrée à cause de sa liaison avec Antoinette ? Si elle avait voulu le fuir pour lui permettre d’être heureux ? Il resserra son étreinte. Albérie inspira son odeur. L’instinct de la bête cachée à l’intérieur d’elle lui avait appris à s’enivrer de ce mélange animal de transpiration et de musc. Comme ce contact lui avait manqué !
    « Et pourtant, songea-t-elle, je n’ai pas d’autre choix. »
    –  C’était un accident. Loraline n’a pas voulu le tuer, elle voulait juste le punir.
    –  Comment est-elle entrée ? demanda Huc que cette question ne cessait de troubler.
    –  Par la fenêtre, répondit Albérie.
    Huc accusa le mensonge avec la certitude que c’en était un. Il n’en montra rien pourtant et insista :
    –  Elle était fermée !
    –  Les carreaux sont brisés, il est facile d’entrer et de sortir. Le jeune Guillaumet l’a fait.
    –  Il avait une échelle !
    –  Elle avait la magie !
    Huc sentit son souffle se figer.
    –  La quoi ? hoqueta-t-il.
    Albérie se redressa. Elle était livide et ses lèvres tremblaient.
    –  Je sais ce que tu penses, Huc de la Faye. Et tu as raison, hélas. Loraline possède certains pouvoirs. Il y a peu de temps qu’elle les a découverts. Comme moi, au moment de la puberté. Elle est capable de guérir en appliquant la main sur les organes malades, elle lit l’avenir sans autre instrument qu’une flaque d’eau, elle parle aux animaux : aux loups comme aux serpents, dans leur langage. Et elle…, elle lévite.
    –  Je refuse de croire de telles sornettes !
    Huc se leva. Il était furieux.
    –  Pourquoi, Huc ? Cela semble-t-il plus absurde, plus invraisemblable que mon propre corps qui s’étire, se déforme et m’avilit à chaque pleine lune ?
    Huc ne répondit rien. Non, ce n’était ni plus incohérent ni plus saugrenu. Alors pourquoi cela le mettait-il en colère ? Car il était en colère. Malgré tous les possibles auxquels il était confronté depuis quinze ans, quelque chose dans cette confession sonnait faux, et cela le rendait fou.
    –  Je te dis la vérité, Huc de la Faye. Comment aurait-elle pu entrer dans la tour ? François seul en possède la clé, tu le sais aussi bien que moi.
    Huc tressaillit. Une fois encore, Albérie avait lu dans ses pensées. Il se força au calme. Il y en avait certaines qu’elle devait ignorer, il ne pouvait prendre le risque de s’exposer davantage.
    –  Très bien, Albérie, je te crois. Que s’est-il passé ensuite ?
    –  Loraline a utilisé un mélange à base de soufre, de chaux et de poudre. Elle voulait que François de Chazeron s’imagine puni par le diable lui-même. Elle a agi seule, sachant bien que je l’en aurais empêchée. Ma seule erreur a été, je crois, de lui dire que François retournait à Vollore et que nous pouvions sans crainte recevoir le père Antoine de Colonges. Elle a saisi l’occasion, Huc. Je regrette de n’avoir pas su comprendre sa détermination.
    –  Et l’explosion ?
    –  C’est un mystère. Mais certaines substances deviennent dangereuses confrontées à une trop grande chaleur. En jetant les parchemins dans l’athanor, François a probablement activé une réaction chimique. C’est la seule explication. J’aurais préféré qu’il en meure, grimaça Albérie sans quitter son époux du regard. Je n’éprouve aucune pitié pour lui, tu le sais, mais ni Loraline ni moi ne serions capables d’un meurtre. Seule Isabeau, peut-être… Si le seigneur de Vollore avait dû payer de sa vie le mal qu’il

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