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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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regard des autres, rien n’avait changé. Dès leur première sortie, Huc avait compris qu’il ne lui servirait à rien de lutter contre lui-même. Les frôlements de jupe, les regards appuyés de la châtelaine ne pourraient qu’éveiller la suspicion des gardes s’il s’obstinait à vouloir une escorte au cours de leurs déplacements. D’autant plus que François avait entraîné dans son sillage la moitié des effectifs de la forteresse, soit une trentaine d’hommes d’armes. Huc avait bien compris que ce n’était pas pour veiller sur lui mais plutôt sur le mystérieux coffret de cuir qu’il avait emporté avec lui. Huc était persuadé qu’il contenait la barre d’or aperçue dans l’athanor éventré. François profiterait sûrement de son séjour à Clermont pour la faire analyser. Huc s’en moquait. Depuis que François avait déserté Montguerlhe, l’atmosphère était plus légère et détendue. Il avait même surpris Albérie en train de rire avec la grosse Jeanne et une lavandière.
    Il avait donc laissé toute escorte au château et chevauchait avec une Antoinette épanouie et coquine à ses côtés. Le premier jour, ce fut elle qui, leur tournée faite, le dirigea vers une cabane à demi en ruine dans la forêt. À l’aller, elle avait demandé qui l’habitait et Huc avait répondu qu’elle était abandonnée depuis longtemps. Lorsqu’elle était descendue de cheval devant la masure que la végétation et les ronces dissimulaient presque entièrement, il s’était mordu la lèvre en se disant qu’il aurait mieux fait de se taire.
    Antoinette avait attaché son cheval à un arbre et s’était mise à rire devant sa mine inquiète :
    –  Nous sommes seuls à des lieues à la ronde, Huc. Allons, viens…
    Il était venu, comme un chien à l’appel de sa maîtresse. Ce jour-là encore il l’avait prise avec brutalité en priant le ciel que les gémissements de plaisir de sa victime n’attirent personne alentour.
    Il n’avait pas desserré les dents durant le reste du chemin. Après le souper, il s’était réfugié de nouveau dans la chambre d’Albérie pour l’attendre, mais cette nuit-là non plus il ne la vit pas. Cela l’agaça. Pourquoi aurait-il dû se sentir coupable au fond, puisqu’il ne pouvait pas seulement rencontrer son épouse pour lui parler ? Même s’il comprenait qu’elle passe du temps auprès de sa nièce pour la réconforter, depuis qu’Antoine de Colonges avait lâché le nom de Loraline il ne pouvait s’empêcher de les soupçonner toutes deux d’autres manigances.
    Le lendemain, ce fut lui qui conduisit Antoinette à la cabane et l’aida à descendre de cheval. Lorsqu’il l’enleva pour lui faire franchir le seuil, Antoinette éclata d’un rire cristallin en enroulant ses bras fins autour du cou puissant du prévôt.
    L’intérieur de la cabane était triste et sombre. Les ronces avaient tressé autour des fenêtres branlantes un réseau inextricable, laissant à peine un rai de lumière franchir leurs épines. Une vieille paillasse souillée par les rats achevait de pourrir dans un coin au milieu d’objets en terre cuite brisés ou ébréchés. C’était de loin l’endroit le plus miteux qu’il connaissait, mais cette crasse semblait aiguiser les sens d’Antoinette. La veille, elle avait balayé d’un geste les fientes d’oiseau et les débris sur la table qui occupait l’espace restant, puis s’était assise comme une catin à même le bois. Le regard brûlant, elle avait délacé son corsage puis remonté ses jupons sur ses cuisses ouvertes d’un air de défi. Huc l’avait possédée comme elle le voulait. Et l’un et l’autre avaient aimé cela.
    Pourtant Antoinette de Chazeron méritait mieux que ces étreintes sordides, même s’il doutait qu’elle eût connu autre chose. Ce jour-là, ce fut lui qui l’allongea, nue, sur la table recouverte de sa cape. Antoinette grelotta un instant tandis qu’il se déshabillait à son tour, puis il s’approcha d’elle et murmura :
    –  Je vais te réchauffer, n’aie crainte.
    Il la caressa longuement de ses mains expertes, debout à même la terre gelée. Antoinette s’offrit sans aucune retenue jusqu’à ce que, ivre de désir et d’impatience, elle le supplie de la prendre. Alors seulement, il se coucha sur elle en maintenant son poids sur ses avant-bras pour ne pas blesser l’enfant qui prenait lentement corps dans son ventre.
    Il l’aima longuement, avec une infinie

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