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La chambre maudite

La chambre maudite

Titel: La chambre maudite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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tendresse, tentant par les prouesses de son plaisir retenu de se faire pardonner sa goujaterie. En s’abandonnant en elle, il s’avoua n’avoir jamais connu une telle plénitude.
    La nuit suivante, quand il s’avisa que cette fois encore son épouse ne paraîtrait pas dans sa chambre, il alla gratter résolument à la porte d’Antoinette en prenant garde de n’être vu de personne. Lorsque Antoinette lui ouvrit, les traits alourdis par le sommeil, il la poussa doucement jusqu’à son lit après avoir barré la porte derrière lui. La dame de Vollore se laissa contraindre à toutes les audaces du prévôt, débridant ses instincts les plus sensuels.
    Au chant du coq, Huc la laissa épanouie et endormie sur la couche défaite. Il s’avisa qu’au lieu de l’avoir épuisé cette nuit l’avait régénéré, comme s’il avait abandonné pour toujours sa vieille peau. Une peau qui aurait eu quinze ans.
    –  Je dois te parler. Ce soir.
    Le ton était plus froid qu’il l’aurait voulu, et Huc s’empressa de desserrer sa main qui, pour arrêter le pas de son épouse, avait enfermé le bras dans une étreinte d’acier.
    Albérie le dévisagea de ses yeux métalliques dont il n’aurait su dire en cet instant s’ils étaient seulement bienveillants.
    –  Ce soir, répéta-t-il.
    –  Après le déjeuner. Je serai dans ma chambre.
    Huc n’eut pas le courage d’insister. Au fond, peu lui importait le moment.
    Il vaqua à diverses occupations sans parvenir à chasser de son esprit le souvenir du corps parfait d’Antoinette suspendu à son souffle, à ses gestes. « Si seulement Albérie avait consenti une fois, une seule fois, à tout cet amour ! » Il soupira bruyamment et s’activa.
    La veille, tandis qu’il se trouvait dans la cabane, un groupe de brigands avait attaqué le moulin et s’était emparé de dix-huit sacs de farine. Il savait qu’il fallait s’attendre à ce genre d’agressions. La tempête n’avait pas seulement détruit les habitations, elle avait ruiné les récoltes laissées à ciel ouvert. Il avait fait le nécessaire pour ses gens, mais il ignorait ce qu’il en était dans les pays alentour. La faim poussait toujours des mercenaires à s’avancer à découvert. C’était vrai chaque hiver, cela ne pouvait qu’empirer cette année. Il regretta de n’avoir pas été là ; mais avec seulement une trentaine d’hommes, qu’aurait-il pu faire ? Organiser une battue pour dénicher les coupables était impensable. Quant à poster des gardes aux endroits stratégiques, si c’était a priori la seule solution et la plus immédiate, elle ne le satisfaisait pas, car alors Montguerlhe serait sans défense. On avait beau être au cœur d’un hiver qui s’annonçait rigoureux, rien n’empêcherait quelque seigneur hargneux de dévaster le pays thiernois lorsque ses réserves viendraient à manquer. Toute l’Auvergne avait été éprouvée par la tempête.
    Il regretta d’avoir laissé François partir avec autant d’escorte. Où avait-il la tête ? La réponse fusa en lui : sous les jupons d’Antoinette !
     
    Au déjeuner, il apprit qu’elle s’était portée souffrante et avait souhaité garder la chambre. Cette pensée l’emplit de fierté. Il ne croyait pas un mot de la prétendue maladie de la châtelaine, elle avait simplement besoin de sommeil. Il se promit de renoncer à ses visites nocturnes, sous peine de voir la maisonnée s’inquiéter plus que de raison. « De toute manière, songea-t-il, il faudra cesser toute relation avant longtemps pour préserver l’enfant. » Jusqu’à cette date, il se promit de ne laisser échapper aucune occasion.
    Quelques instants plus tard, Albérie le rejoignait dans sa chambre. Elle souriait et vint se pendre à son cou. Huc l’embrassa sur le front comme à son habitude.
    –  Pardonne-moi, commença-t-elle en le fixant droit dans les yeux. Je n’ai pas eu une minute pour toi depuis que tu es rentré. Tu as eu raison de m’en faire reproche.
    –  Je ne t’ai fait aucun reproche, Albérie, se défendit Huc, mais une fois encore sa voix sonna sèchement à ses oreilles.
    Albérie dénoua ses bras et son visage reprit un air grave.
    –  Tes gestes, ta voix même en sont un. Inutile de le nier. Je voudrais changer ce qui s’est passé, Huc. Je ne le peux. Mais j’essaie d’empêcher que cela recommence, gémit-elle en s’asseyant sur le lit.
    La pièce était froide. Depuis une semaine qu’Albérie ne

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