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La chapelle du Diable

La chapelle du Diable

Titel: La chapelle du Diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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rendus sur le côté de la grange. Pierre savait qu’en grimpant sur un
     tas de vieux bois, il atteindrait un interstice assez grand pour voir ce qui se
     passait à l’intérieur. Malheureusement, le dos de son oncle, penché sur la
     vache, lui cachait tout. Delphis, qui voulait également voir, n’arrêtait pas de
     le pousser pour qu’il se tasse et Pierre avait perdu l’équilibre. Sa chute avait
     fait tout un tintamarre et son oncle s’était approché de la fente. Pierre avait
     vu une partie du visage s’encadrer et la voix de l’homme en colère avait
     fusé :
    — Pierre Rousseau, les corneilles vont te crever les yeux, mon curieux, si
     t’oses venir voir ce que t’as pas d’affaire !
    Pierre s’était relevé et avait pris ses jambes à son cou, suivi
     de près par son cousin. Ce n’était pas assez d’avoir peur du Bonhomme Sept
     Heures s’il ne rentrait pas de jouer dehors ou des morts qui pouvaient venir lui
     tirer les orteils la nuit s’il ne dormait pas ou du diable qui allait l’emmener
     en enfer s’il n’était pas sage, maintenant il aurait peur des oiseaux noirs qui
     crevaient les yeux !
    Après la naissance de Léo, le deuxième grand événement fut la fête préparée en
     l’honneur des soixante ans de sa grand-tante Léonie. Cela avait été une idée de
     sa mère. Elle disait qu’ainsi, sa marraine n’aurait pas le choix de venir en
     visite à Saint-Ambroise. Son fiancé, monsieur Morin, ainsi que Henry
     l’accompagneraient, étant invités également. Cette semaine-là, Pierre essaya de
     se tenir le plus loin possible de la maison où sa mère était tellement énervée.
     Comme elle n’avait pas le droit de faire de gros ouvrage, vu ses relevailles,
     elle donnait à tout le monde des ordres et Pierre étant le plus vieux, c’était
     lui qui se retrouvait pris avec mille et une corvées ! Sa mère voulait que tout
     soit parfait dans la maison pour accueillir la grande visite.

    — Bateau, fais attention, François-Xavier, tu vas nous faire avoir un
     accident !
    Ti-Georges et son beau-frère étaient en route pour aller cueillir les trois
     visiteurs à la gare de Jonquière. C’était la ville la plus proche de
     Saint-Ambroise où le train s’arrêtait. Henry, Léonie et monsieur Morin devaient
     déjà être arrivés et les attendre. Ti-Georges avait insisté pour que
     François-Xavier soit le conducteur de son tout nouvel achat dont il était si
     fier. Un bon gros camion Chevrolet Maple Leaf flambant neuf d’un rouge éclatant
     avec une plate-forme arrière.
    — C’est toé qui as l’honneur de conduire, lui avait-il dit en lui lançant les
     clés du camion.
    Ce n’était pas vraiment par grandeur d’âme que Ti-Georges lui
     laissait la place derrière le volant, mais tout simplement parce qu’il ne savait
     pas conduire. Enfin pas encore tout à fait. Il s’était pratiqué un peu à
     Saint-Ambroise. Pendant cette tentative, il avait embouti deux piquets de
     clôture en cinq minutes ! Alors, il n’était pas question qu’il se rende jusqu’à
     Jonquière. François-Xavier, lui, avait pris de l’expérience à Montréal. Sauf que
     les rues de la ville et les routes de campagne, c’était deux mondes !
     François-Xavier se concentrait pour éviter tout accident. Descendre les côtes
     lui donnait des sueurs froides, les monter lui donnait le vertige… En plus,
     Ti-Georges ne cessait de lui faire des commentaires sur sa conduite et de
     l’avertir de prétendus dangers. François-Xavier perdit patience et se rangea sur
     le bord du chemin.
    — Bateau, que c’est que tu fais ?
    — C’est pas conduisable avec toé à côté de moé ! T’es en train de m’rendre
     fou !
    — C’est pas ma faute, tu t’en vas tout croche !
    — J’ai-tu le choix ? C’est plein de roches !
    — Pis les trous, t’es obligé de les pogner ?
    — C’est pas des chemins, c’est des passoires !
    — T’as juste à aller moins vite !
    — Ben conduis toé-même d’abord !
    Les deux hommes se turent, boudeurs, chacun regardant droit devant soi. Ils se
     jetèrent un coup d’œil puis se mirent à rire. Ils étaient de vrais
     enfants !
    — Remets-nous en chemin, François-Xavier. On est déjà en retard, j’dirai pus un
     mot.
    Le conducteur reprit la route. Ti-Georges faisait mine d’être détendu et
     sifflait un air enjoué.
    — C’est encore pire quand tu fais ça !
    — Faudrait que tu

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