Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La chapelle du Diable

La chapelle du Diable

Titel: La chapelle du Diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
Vom Netzwerk:
avouait à Albert que John n’était pas le père,
     elle devrait aussi expliquer son chantage. La seule solution était d’épouser ce…
     ce… cette face de rat !
    — Excusez-moi, dit-elle à son fiancé. Vous avez raison, Albert,
     je vais surveiller mon langage.
    Monsieur Morin afficha une expression de satisfaction. Léonie reprit :
    — Allez à votre taverne, les hommes. Moi, je vais en profiter pour faire des
     achats. Je voudrais ben gâter ta petite famille, François-Xavier. Dis-moi, ma
     Julianna a l’aurait-tu besoin de quelque chose en particulier ? Pis les enfants,
     qu’est-ce qui leur ferait plaisir ?
    Avant que François-Xavier ne puisse répondre, monsieur Morin intervint.
    — Allons, ce voyage entraîne déjà assez de dépenses comme ça. Ce serait pas
     raisonnable.
    Léonie rougit de plus belle.
    — Juste des cadeaux pour les enfants…
    En soupirant, Albert ouvrit son portefeuille et compta avec soin quelques
     dollars.
    Depuis leurs fiançailles, Albert avait décrété qu’il gérait également les
     dépenses personnelles de la femme.
    — Ma chère Léonie, vous avez un trop grand cœur ! dit-il avec un sourire
     crispé. Si on l’écoutait, elle gâterait la terre entière ! Voilà, faites-en bon
     usage. Vous devriez en avoir assez pour m’acheter un chapeau neuf et vos petits
     cadeaux.
    Il remit l’argent dans les mains de Léonie qui regarda le peu de billets d’un
     air contrit. La somme équivalait à peine au prix d’un chapeau. Celui-ci fit
     comme si tout cela était naturel et expliqua :
    — Imaginez-vous donc qu’un garnement courait partout dans le train et qu’en
     plus, il s’est assis sur mon chapeau ! Regardez, il est tout déformé ! Sa mère
     ne disait pas un mot ! Il aurait mérité une leçon !
    — Albert, ça paraît même pas ! le contredit Léonie.
    — Voyez le mauvais pli, il est fini ! s’exclama-t-il en montrant lapreuve. Ma chère Léonie n’a aucun goût de toute façon, n’est-ce
     pas Léonie ? ajouta-t-il.
    Elle baissa les yeux et répondit :
    — Vous avez raison, Albert... Je... je l’avais pas ben regardé, astheure, je le
     vois le mauvais pli, comme vous dites. Ouais, je le vois ben là.
    Henry s’éloigna un peu, excédé. Jamais il n’avait trouvé un voyage plus
     ennuyeux et pénible que ce trajet Montréal-Jonquière. Monsieur Morin allait le
     rendre fou et il devait fournir un immense effort pour ne pas le remettre à sa
     place. Ses fiançailles ne lui faisaient pas. Henry n’avait jamais apprécié cet
     homme plus qu’il ne fallait, mais jamais ce dernier ne s’était montré sous un
     jour aussi désagréable !
    François-Xavier et Ti-Georges échangèrent un regard perplexe. Si au moins
     monsieur Morin avait fait de l’humour. De toute évidence, ce n’était pas le cas.
     Albert chassa un insecte de sa main et s’impatienta. Il annonça à nouveau
     l’heure tardive.
    Silencieusement, on embarqua les bagages à l’arrière du camion. À pied, le
     petit groupe se dirigea vers la taverne. Devant l’établissement, il se sépara.
     Après avoir promis de les retrouver au même endroit, un peu plus tard, Léonie
     continua son chemin tandis que les quatre hommes s’engouffraient dans le sombre
     repaire masculin.
    Quel soulagement pour Léonie de se retrouver, enfin, un peu seule ! La présence
     d’Albert lui pesait et si Julianna n’avait pas insisté pour qu’il vienne... Il
     dépassait les bornes ! Non seulement il tenait les cordons de la bourse serrée
     mais en plus, il la ridiculisait devant les autres ! Il était abject ! Une
     sourde colère au cœur, elle étudia les magasins qui s’offraient à elle, vit au
     loin l’enseigne d’une mercerie pour hommes et s’y dirigea. Au coin de la rue,
     elle vit une église à quelques pas de là. Elle changea ses projets et entra dans
     cette maison de Dieu. La fraîcheur et la quiétude des lieux la calmèrent
     immédiatement. Elle retira ses gants, trempa le bout des doigts dans l’eau
     bénite, se signa et alla s’agenouiller.
    « Seigneur Dieu, guidez-moé, envoyez-moé un signe. Chus perdue.
     Je comprends pas ce que vous attendez de moé. Je vous en supplie, faites-moé un
     signe. »
    Pendant que Léonie priait, les hommes essayaient de détendre
     l’atmosphère.
    — À la bonne vôtre ! fit Ti-Georges en levant son verre de bière.
    Il cala sa chope d’un trait. Tout en exhalant bruyamment sa

Weitere Kostenlose Bücher