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La chapelle du Diable

La chapelle du Diable

Titel: La chapelle du Diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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d’être le fiancé de votre tante, oui.
    François-Xavier intervint.
    — D’ailleurs, laissez-moé vous dire mes félicitations, vu que j’ai pas eu
     l’occasion de le faire encore.
    Ti-Georges ne s’offusqua pas de l’attitude guindée du nouveau fiancé.
    — Pis, quand est-ce que vous convolez en deuxième noce comme moé,
     matante ?
    Léonie bredouilla.
    — Oh ! la date est pas encore fixée…
    Monsieur Morin sembla retrouver un peu de bonne humeur.
    — Votre tante aime me faire languir. Rien que pour la fiancer, j’ai dû lui
     forcer la main.
    La femme baissa les yeux. François-Xavier trouva ce comportement étrange.
     Habitué à un monsieur Morin affable et à une Léonie sûre d’elle, il se posa des
     questions… Il se dit que cela devait être la gêne de ce futur mariage.
    — Henry est pas avec vous ? demanda Ti-Georges.
    — Y est parti à la recherche de cigarettes, répondit Léonie. Vu que vous
     arriviez pas…
    — On s’excuse encore, matante, répéta François-Xavier.
    À ce moment, Ti-Georges aperçut l’avocat qui s’en revenait.
    Les trois hommes, contents de se revoir, se mirent à bavarder ensemble.
    Monsieur Morin les interrompit sèchement.
    — J’aimerais bien ne pas coucher sur ce quai de gare… Ne sommes-nous pas
     attendus à… comment déjà se nomme cet endroit ?
    — Saint-Ambroise, l’aida Léonie.
    — Ah oui ! c’est cela, Saint-Ambroise. Nous pourrions nous mettre en route,
     non ?
    François-Xavier acquiesça.
    — Vous avez raison, monsieur Morin.
    — Ah non ! s’objecta Ti-Georges. Y est pas question qu’on reparte sans s’être
     arrosé le gosier un peu ! Avec la chaleur qu’y fait, j’meurs de soif,
     moé !
    Henry proposa :
    — Y a une taverne pas loin, mais madame Léonie aurait pas le droit…
    — Une broue. Hum, bateau j’en rêve…
    — Gênez-vous pas pour moé, dit Léonie.
    Son fiancé la rabroua d’un ton méprisant.
    — On dit « moi », ma chère. Vous le savez très bien pourtant.
    Léonie rougit de honte et se rebiffa.
    — Ça m’a échappé… Vous en ferez pas un drame !
    François-Xavier vint à sa rescousse.
    — Allons matante, c’est la même chose pour moé. Julianna me reprend depuis des
     années, mais ça me rentre pas dans la tête.
    — C’est vrai que votre « fille adoptive » a de bien bellesmanières, fit Albert. On se demande de qui elle tient cela…
    Léonie comprit le message. Son fiancé lui rappelait leur accord. Le silence
     contre une alliance. Léonie était lasse… Elle se demandait s’il lui serait
     possible de jouer la comédie pendant ce séjour à Saint-Ambroise. Cet affreux
     avant-midi où Albert avait dévoilé un côté de lui insoupçonné lui revenait sans
     cesse à la mémoire. Comment quelqu’un peut-il réussir à cacher sa vraie
     personnalité pendant des années ? Elle était au courant qu’il avait travaillé
     pour John auparavant lorsque celui-ci avait encore son entreprise maritime. À
     son arrivée à Montréal avec un bébé dans les bras, elle avait été si
     reconnaissante que l’ancien employé de John vienne lui offrir son soutien. Elle
     lui avait soumis son projet de magasin. Il avait paru surpris, elle s’en
     souvenait, avant de reprendre contenance et de lui promettre de l’aider à lancer
     l’entreprise.
    Il avait trouvé un autre emploi, lui avait-il dit, sans donner de détails.
     Albert lui avait assuré que ses fonctions lui laissaient assez de temps libre à
     consacrer à La belle du lac. Au magasin, il avait été son allié, son pilier.
     Elle s’était reposée sur lui pour tout. Petit à petit, il était devenu
     indispensable. L’engager comme gérant allait donc de soi. Elle avait même été
     flattée de ses attentions. Maintenant elle comprenait pourquoi… Il savait pour
     John. Enfin, une partie seulement. Albert croyait que Julianna était la fille
     illégitime de John. Léonie ne l’avait pas détrompé. Qu’il soit au courant que
     son ancien patron lui avait versé autant d’argent était une chose, mais si en
     plus, il apprenait que cette paternité avait été une pure escroquerie cela
     serait encore pire… D’un côté ou de l’autre, elle était prisonnière de cet
     affreux péché commis il y a tant d’années. Si Albert dévoilait à Julianna ce
     qu’il croyait être le secret, sa fille adoptive serait démolie et Léonie devrait
     lui révéler la vérité. Si elle

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