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La chapelle du Diable

La chapelle du Diable

Titel: La chapelle du Diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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répéta durement le
     fiancé.
    Les yeux brillants de colère contenue, Léonie brava Albert. La présence du curé
     Duchaine lui remettait les esprits en place. Qu’ildemande à la
     rencontrer était peut-être le signe qu’elle attendait.
    — Y a pas grand-chose qui va m’empêcher d’aller voir monsieur le curé. J’aurai
     juste à y aller demain matin ben de bonne heure si ça vous convient,
     termina-t-elle en regardant le curé.
    Celui-ci s’empressa de répondre.
    — Ça me va fort bien, madame Rousseau.
    Léonie en rajouta :
    — Une future mariée a besoin de voir son curé… Vous êtes si pieux vous-même,
     Albert, vous viendrez avec moi. Vous pourrez vous confesser aussi. On partira
     après.
    François-Xavier sourit. Il venait d’apercevoir la Léonie qu’il aimait, celle
     qui avait fait don de ce sens de la répartie à sa femme.
    Albert était piégé. Il maugréa :
    — Si vous insistez, ma chère…
    — C’est donc le meilleur des deux mondes, fit le curé, heureux.
    Il mit son chapeau, s’avança vers la porte extérieure et hésita.
    — Oh mon cher monsieur Rousseau, j’oubliais ! Il va falloir songer à construire
     une galerie avant qu’un accident arrive. J’ai failli me casser le cou tout à
     l’heure.
    François-Xavier baissa le nez de honte. Léonie savait qu’il n’avait pas
     l’argent pour ces travaux. Elle profita de la présence du curé et, s’adressant à
     François-Xavier, elle lui dit :
    — Ah ben, j’voulais justement vous faire un cadeau. Ça fait que demain, tu
     viendras au village avec nous pis on va acheter tout ce qu’il faut pour en
     construire une.
    — Je pense pas que ce soit bien raisonnable, ma chère...
    — Albert, si je décide de faire un cadeau à ma fille, je peux ben, non ? Le
     magasin est encore à mon nom ! se fâcha Léonie, perdant toute prudence.
    Son fiancé la toisa avec dureté. D’un air faussement aimable, il abdiqua.
    — Bien entendu, Léonie. Bon ben si ça vous dérange pas, j’ai dela misère à digérer un peu, moi. J’vais aller m’étendre. Vous me ferez monter
     une tasse d’eau chaude, ma chère Léonie, ordonna-t-il.
    — Ben oui, mon cher. Vous avez la santé si fragile...
    — C’est moé qui vas vous la monter, dit Marie-Ange. Pis je vas vous y mettre
     une couple d’herbes qui font des merveilles pour les problèmes de bile.
    — Tu parles de ta recette secrète ? demanda Julianna, de connivence.
    — Ben oui, celle qui décrasse de toutes les mauvaises cochonneries qu’on a dans
     le corps.
    — Pour décrasser, ça décrasse, affirma Julianna.
    — Ça va vous faire du bien, monsieur Morin, vous allez voir. J’vas vous en
     préparer un bon gallon. J’pense que vous avez ben de la saleté en dedans. C’est
     pas bon de garder tout ça...
    — On vous reconnaîtra pus après notre traitement, continua Julianna. Venez vous
     coucher.
    Albert avait les yeux ronds comme des billes. La bouche ouverte, il regardait
     tour à tour Julianna et Marie-Ange lui expliquer cette fameuse décoction. Le
     curé dit au revoir et prit congé. Il avait fort bien compris les sous-entendus
     des deux femmes et il se doutait très bien que monsieur Morin aurait fort à
     faire le lendemain à la bécosse qu’il dédaignait tant. S’amusant, il courut sous
     la pluie jusqu’au camion de Ti-Georges. Celui-ci l’attendait derrière le
     volant.
    Albert fronça les sourcils mais disparut à l’étage sans rien ajouter. Léonie
     eut un drôle de rictus en le regardant monter l’escalier. Elle n’aurait pas dû
     perdre patience. S’il fallait que celui-ci mette ses menaces à exécution. Elle
     irait s’excuser. Demain, elle aurait une conversation avec le curé Duchaine et
     ils repartiraient pour Montréal. Il fallait que son fiancé garde encore son
     secret. Mais il tenait tellement à ce qu’elle l’épouse qu’il ne devrait pas y
     avoir trop de danger pour le moment, se rassura-t-elle. Quand même, elle
     toucherait un mot à Marie-Ange et l’empêcherait de concocter unetisane un peu trop purgative. Enfin, si jamais elle y pensait…
    Julianna avait retrouvé toute sa bonne humeur. Elle cria aux enfants qui
     étaient montés jouer à la cachette, en haut dans les chambres, de descendre afin
     de laisser monsieur Morin se reposer. Les enfants dévalèrent l’escalier. Pour
     les consoler d’avoir cessé leur jeu, elle leur en proposa un autre.
    — Vous savez ce qu’on

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