La chapelle du Diable
va faire ? On va faire une ronde pis chanter la chanson
du soleil. Y pleut tellement fort que vous allez tous bien chanter avec moi pour
qu’y nous entende.
Les enfants, Marie-Ange et même le grand Elzéar formèrent une ronde autour de
la table de la cuisine tandis que Henry et François-Xavier retournaient au salon
discuter. La voix haute et forte de Julianna s’éleva. Les enfants connaissaient
par cœur cette chansonnette. C’était un jeu que Julianna aimait faire lors des
jours de pluie.
— Soleil, soleil, chauffe le monde, donne pas de la pluie mais du beau temps,
soleil, soleil, chauffe le monde, donne-nous de la pluie juste de temps en
temps !
Avec tout ce brouhaha, personne n’avait remarqué l’absence de Mathieu.
Dans la chambre de son frère Pierre, Mathieu s’était caché sous le lit,
retenant sa respiration, certain que personne ne le découvrirait là. Quelqu’un
referma la porte après être entré dans la pièce. Il croyait que c’était Elzéar
qui le cherchait. À treize ans, son grand cousin se donnait toujours le droit de
compter et de chercher. Puis il entendit sa mère leur ordonner d’arrêter de
jouer et de descendre. Déçu mais résigné, il se glissa hors de sa cachette. Il
fut surpris de se retrouver devant monsieur Morin et non son cousin. Albert
était en train de dénouer sa cravate et de retirer son veston afin de s’étendre
un peu. Il était hors de lui. Il eut un hoquet de surprise lorsque le petit
garçon sortit de sous le lit.
— Mathieu, tu m’as fait peur !
— Je m’excuse, monsieur Morin, dit l’enfant en s’apprêtant à sortir.
— Pas si vite, l’en empêcha l’homme en le retenant.
Albert prit Mathieu par la main et le fit asseoir à côté de lui sur le
lit.
— Ton parrain t’a gâté, y t’a donné un moyen beau cadeau pour tes six
ans.
— Oui... un piano-jouet… parce que j’en ai pus. Mais c’est même pas un
vrai.
— Moi aussi je pourrais te donner un cadeau.
Albert fouilla dans sa poche et en retira un peu d’argent.
— Tu aimes les sous ? Avec des sous tu pourrais acheter un vrai gros
piano...
Mathieu tendit la main pour prendre l’argent. Albert retira la sienne d’un
geste brusque.
— Avant, on va jouer à un jeu nous autres aussi. Si tu gagnes, t’auras ton
cadeau. Mais faudra pas en parler à personne, parce que tes frères pis tes
sœurs, y voudraient jouer aussi pis j’aurais pas assez de sous. T’es
d’accord ?
Mathieu fit signe que oui.
Albert respira de plus en plus vite rien que d’anticipation. Il avait déjà une
érection monstre comme il y avait bien longtemps qu’il n’en avait pas eue. Ce
n’est certainement pas Léonie qui lui aurait fait cet effet. Il ouvrit la
braguette de son pantalon, prit la main de l’enfant et le força à en recouvrir
son membre.
— Chut ! Aie pas peur, c’est un jeu. C’est chaud, hein ?
Mathieu fit encore signe que oui de la tête.
L’homme ne parlait pas fort et avait pris soin de se mettre dos à la porte au
cas où quelqu’un entrerait. Mais il les entendait chanter en bas. Cela lui donna
une idée.
— Mon jeu, ça s’appelle faire chanter le petit oiseau. Tu vasfrotter, comme ça, oui c’est ça, avec ta main pis le petit oiseau va chanter,
tu vas voir. Vas-y, frotte plus vite, vas-y, vas-y, envoye Mathieu. T’es beau,
tu sais...
Mathieu n’aimait pas ce jeu. Il voulut arrêter.
— Non, tu continues ! lui intima l’homme.
— Mais y chante pas l’oiseau ! s’écria Mathieu en se dégageant d’un coup
sec.
Albert se releva, en colère. Il prit la chaise et alla bloquer la porte.
Il revint sur ses pas, empoigna Mathieu et le bascula sur le ventre sur le bord
du lit et lui mit une main sur la bouche. De l’autre il lui baissa les
pantalons. À la vue du petit derrière rebondi, il se lécha les babines.
— Y va chanter l’oiseau, tu vas voir, il va chanter...
Albert ne fut pas long à éjaculer entre les fesses de l’enfant. Il ne l’avait
pas vraiment pénétré. Il était resté sur le bord. Il prit son mouchoir et fit
disparaître les traces de son méfait. Mathieu sanglotait doucement. Il releva
les pantalons du garçonnet et l’assit sur ses genoux. Il essuya les larmes de
Mathieu et lui remit ses sous. Puis il le menaça.
— Tu crois à l’enfer, hein, mon petit gars ? Si jamais tu racontes à ta maman
ou au curé
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