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La chapelle du Diable

La chapelle du Diable

Titel: La chapelle du Diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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et contemplative. »
    Léonie était décidée. Elle referma la porte derrière elle et se dirigea vers la
     rue Carmel.

    Julianna trembla de tous ses membres lorsqu’elle prit connaissance de la lettre
     de sa marraine. Elle regarda Marie-Ange pour voir si le contenu de la sienne
     tenait le même discours. Au visage défait de sa sœur, Julianna comprit que
     c’était le cas. Les deux femmes avaient sourcillé lorsque François-Xavier avait
     ramené du bureau de poste du village une lettre de Léonie pour chacune.
    — A va se cloîtrer... murmura Julianna.
    — … chez les carmélites, continua Marie-Ange.
    — J’la reverrai pus jamais…
    — A l’a viré folle...
    — Dieu l’a appelée...
    — Y a dû se passer quelque chose de grave, intervint François-Xavier en regardant les deux femmes en train de lire avidement leur missive.
     Pis son mariage avec monsieur Morin ?
    — Comment ça se fait qu’a l’a pas entendu avant, l’appel du Bon Dieu ? s’écria
     Marie-Ange en ne se préoccupant pas de la remarque de son beau-frère.
    — On aurait jamais dû partir pour Saint-Ambroise aussi pis la laisser toute
     seule ! s’écria Julianna en se laissant tomber sur une chaise tout en continuant
     sa lecture.
    — Elle était supposée se marier ! répéta François-Xavier.
    — C’est ce qu’a dit qu’a fait… mais avec le Seigneur, dit Marie-Ange.
    Ti-Georges débarqua à ce moment, une expression songeuse et une lettre à la
     main. Marie-Ange devina tout de suite.
    — Toé itou, matante t’a écrit ?
    — Bateau, a nous dit adieu comme si... comme si elle était morte...
    — C’est tout comme, se désola Marie-Ange. Une cloîtrée, ça donne sa vie au
     Seigneur. A sortira jamais du monastère. A va passer ses journées en prière et
     en contemplation devant un crucifix.
    Julianna se mit à pleurer. Ti-Georges dit d’une voix blanche :
    — A me parle de Jean-Marie…
    — Moé, a me laisse la maison de Montréal, dit Marie-Ange.
    Julianna renifla. Elle prit son enveloppe et en fit glisser un petit objet noué
     à un ruban de soie.
    — C’est l’alliance de maman Anna, dit-elle.
    Ti-Georges regarda ses deux sœurs. La plus vieille lut dans les yeux de son
     frère le désarroi qu’elle-même ressentait.
    — Si a peut être heureuse, murmura Marie-Ange. J’espère juste que le Seigneur
     est conscient de la chance qu’il a…

    Pendant des jours, l’entrée chez les religieuses de Léonie fut
     le principal sujet de conversation des deux familles puis cela s’estompa. On
     n’avait plus envie d’en parler et de remuer la peine causée par cette décision.
     Julianna se replia un peu sur elle-même, ayant l’impression d’avoir perdu une
     mère mais de ne pas avoir le droit de la pleurer vu qu’elle n’était pas morte…
     Quant à son mari, il ressentait tant d’amertume pour son projet de fromagerie
     encore une fois reporté. Cela semblait égoïste de sa part de se désoler des
     ruptures de fiançailles de Léonie, alors il gardait le silence. On avait demandé
     à Henry d’aller vérifier au magasin et si possible de rencontrer Léonie.
     Celui-ci leur avait confirmé que La belle du lac affichait fermé et que la
     maison l’était également. Il n’y avait pas de traces de monsieur Morin ni de
     mademoiselle Brassard. Il avait questionné les voisins. Personne n’avait rien
     vu. Henry s’était présenté au couvent. Peine perdue, on lui en avait refusé
     l’entrée. Il avait répété à Julianna tout ce qu’il savait et avait promis de
     venir passer encore quelques semaines de vacances à Saint-Ambroise. Quand l’été
     arriva, il communiqua avec Julianna et lui demanda de l’excuser. Il ne pouvait
     tenir sa promesse de venir les visiter. En fin de compte, il ne prendrait pas de
     vacances cet été-là. La vie de l’avocat était un réel tourbillon. Il y avait une
     guerre civile en Espagne, des conflits entre pays un peu partout en Europe et on
     parlait d’une possible guerre prochaine.
    Mais ce qui retenait Henry à Montréal, en cet été 1937, était Léa Roback. Cela,
     il ne le dit pas. Il avait rencontré la militante lors de la grève du textile en
     avril dernier, environ la même semaine que l’entrée au cloître de Léonie. La
     grève de la guenille, comme on l’appelait, avait pris une grande ampleur et
     Henry s’était impliqué à titre de bénévole aux côtés des midinettes. Il avait à
     cœur

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