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La chapelle du Diable

La chapelle du Diable

Titel: La chapelle du Diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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s’était réuni, on s’était
     battu, on avait dénoncé, espéré, prié, on s’était ruiné, mais justice ne serait
     pas rendue. En dernier recours, on s’était tourné vers le plus grand des
     tribunaux, celui qui est soi-disant au service de son peuple, veillant sur
     l’intérêt du petit comme du grand, mais justice ne serait pas rendue...
    — Y a pus rien à faire ? demanda François-Xavier.
    — Rien, répondit Henry. Pourtant, la réponse de Londres aurait dû être
     positive. Avec tous les éléments que le comité de défense avait réunis... Ça
     veut juste dire une chose, que les rumeurs étaient vraies.
    — Les rumeurs, quelles rumeurs ?
    — On dit dans le milieu que notre bon cher premier ministre Taschereau, il est
     pas parti en voyage en Angleterre pour rien. Il aurait fait des pressions sur
     Londres pour qu’on ne se prononce pas en votre faveur.
    — Bâtard de Taschereau !
    Ne trouvant pas de mots assez forts, les blasphèmes ne suffisant pas,
     François-Xavier se mit à bourrer un arbre de coups de poings.
    Henry le laissa évacuer sa rage et n’intervint que lorsqu’il vit un peu de sang
     suinter des jointures de l’homme en colère. L’avocat arrêta l’inégal combat et
     le supplia :
    — François-Xavier, arrête !
    — On aurait dû gagner !
    — Oui, c’est vrai.
    — La compagnie était supposée rembourser toutes les dettes du comité !
    — Pis vous auriez été dédommagés comme du monde, je le sais. On a tout essayé,
     François-Xavier. La compagnie pis le gouvernement, c’est comme cet arbre.
     T’auras beau varger dessus autant que tu voudras, y a rien que toi qui vas
     saigner…
    Ces paroles le calmèrent. Un instant, il regarda sa main blessée. Puis
     François-Xavier laissa tomber sa tête sur le tronc. Il murmura :
    — Ça veut dire que moé, Ti-Georges pis les autres, on est ruinés ?
    — Oui.
    — Y a pus rien après Londres ?
    — Plus rien.
    François-Xavier se redressa. Il pensa à Ti-Georges qui, en plus d’avoir à vivre
     des moments difficiles avec la maladie de Marguerite, aurait à assumer cette
     terrible nouvelle. Il reprit son aplomb et annonça sa décision.
    — J’vas aller rejoindre Julianna plus vite que prévu. J’veux le dire à
     Ti-Georges moé-même. Merci ben Henry.
    — Je veux y aller avec toi.
    — À Péribonka ?
    — Oui. Je le sais très bien combien c’est dur d’annoncer une mauvaise nouvelle.
     À deux, ça sera probablement pas plus facile mais peut-être plus
     tolérable…

    Le lendemain matin, avant d’entrer dans la chambre où Marguerite était étendue,
     Julianna prit comme résolution d’avoir une attitude sereine. Elle avait
     l’impression de revivre sa première rencontre avec son père. « Allez Julianna,
     un peu de courage ! » La dernière chose dont sa belle-sœur avait besoin, c’était
     une crise de nerfs.
    Elle ouvrit la porte. Adossée sur des oreillers, la malade fit signe de la main
     à Julianna de se dépêcher d’entrer. Ne pouvant se contrôler, Julianna fondit en
     larmes et se précipita auprès de son amie.
    — Julianna, enfin...
    — Oh ! Marguerite, je m’étais juré de pas pleurer...
    — C’est pas grave, ça me dérange pas qu’on se mouche dans mes draps, blagua
     Marguerite.
    Cet humour redonna contenance à la femme blonde. Avec un petit geste d’excuse,
     elle avoua ne pas avoir de mouchoir sur elle.
    — Comme d’habitude. Regarde dans le premier tiroir du meuble pis prends-en un
     des miens.
    Julianna trouva le bout de tissu et se nettoya le visage. Plus
     calme, elle revint auprès du lit.
    — Y avait si longtemps que je voulais te revoir… dit-elle.
    — Tu as vu Samuel et les jumeaux ?
    — Oui, tes enfants sont magnifiques. Tes grands ont changé ! J’ai pas reconnu
     Elzéar ! Pis Jean-Marie, mon doux, j’peux pas croire que mon p’tit Pierre va
     devenir un géant comme lui un jour ! Pis Sophie est mignonne comme tout !
    — Profites-en ben de tes enfants, Julianna... ben comme il faut…
    Les deux femmes parlèrent un peu de leurs enfants respectifs, puis Julianna en
     vint au but de cette visite.
    — T’as écrit que tu voulais me confier quelque chose…
    La malade fit signe à sa belle-sœur de s’approcher.
    — J’veux pas qu’on entende, dit Marguerite.
    Julianna avança une chaise près du lit. En chuchotant, Marguerite dévoila enfin
     son douloureux secret. Diverses expressions

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