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La chapelle du Diable

La chapelle du Diable

Titel: La chapelle du Diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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amanchures pour que tout le village rie de nous autres…
     de vos histoires de fous. A pu toute sa tête, la Marguerite. Si a t’a dit
     quelque chose... siffla-t-il.
    — A m’a dit ben des affaires mais j’ai promis de garder ça entre nous deux.
     Chus pas le genre de fille qui tient pas ses promesses, monsieur Belley, ça fait
     qu’écoutez-moé ben.
    Elle défia l’homme. En parlant très bas, elle le menaça.
    — Vous allez me laisser faire à mon idée pis sortir Marguerite d’icitte ou ben
     je vous promets que mon bon ami Henry Vissers, un grand avocat de Montréal, y va
     débarquer chez une certaine tante de la famille pis y va fouiller un peu pour
     voir si y pourrait pas déterrer quelque chose... Comme une vieille histoire pas
     belle, belle…
    Monsieur Belley devint blanc comme un linge. La mère de Marguerite
     intervint.
    — De que c’est qu’a parle ?
    — Tais-toé, ma femme.
    — Alors, monsieur Belley, on s’est ben compris ? dit Julianna.
    — Emmenez-la donc où vous voulez.
    — Mais... je veux que Marguerite reste icitte, moé ! s’exclama madame Belley. A
     l’est beaucoup trop malade !
    — Ta gueule !
    La femme se tut instantanément. Désemparée, elle se mit à triturer un mouchoir
     entre ses mains et à s’éponger les yeux des larmes qu’elle ne pouvait
     contenir.
    Ti-Georges eut pitié et s’approcha d’elle.
    — Marguerite veut pas mourir icitte, y faut ben qu’on s’organise
     autrement.
    Ti-Georges était tout à l’envers. C’était déjà assez difficile de vivre la
     maladie de sa femme sans qu’en plus tout tourne au drame.
    — Y faut essayer de comprendre ! répéta-t-il mais à l’adresse de ses deux
     beaux-parents cette fois. On veut juste donner une couple de jours de bonheur à
     Marguerite.
    Sur ces entrefaites, un homme, sans frapper, entra dans la
     maison. Derrière lui se tenait une jeune fille.
    — Bonjour la compagnie !
    — Paul-Émile !
    Madame Belley sourit à travers ses larmes au nouveau venu.
    — Paul-Émile, le frère de Marguerite ? devina Julianna.
    — Oui, c’est moé. Pis vous, vous êtes qui ?
    Avec froideur, Ti-Georges répondit à sa place.
    — C’est ma sœur.
    L’animosité entre les beaux-frères était palpable. D’emblée, Julianna détesta
     cet homme. Même s’il affichait un grand sourire et un air de pure exaltation, il
     émanait de lui une mauvaise nature évidente. En maugréant, Ti-Georges expliqua
     la présence de sa sœur.
    — Elle pis matante Léonie sont arrivées de Montréal au début de la semaine pour
     venir voir Marguerite.
    — De la visite de la grande ville ! Moé, c’est de Québec que j’arrive, dit-il
     en s’avançant dans la cuisine. Ben reste pas plantée là, toé, ajouta-t-il à
     l’adresse de la jeune fille qui se tenait bien sagement sur le porche
     extérieur.
    La jeune adolescente semblait très timide.
    — Envoye, rentre dans maison, y te mangeront pas personne !
    Paul-Émile se dirigea vers la table de la cuisine, se tira une chaise et y prit
     place. En s’étirant les jambes et en croisant les bras au-dessus de sa tête, il
     dit :
    — Sers-moé que’que chose à manger, sa mère. J’meurs de faim.
    Immédiatement, madame Belley se précipita pour lui préparer un repas.
    Dans l’entrée, la jeune fille se tenait toujours en retrait. Paul-Émile la
     regarda d’un air impatient.
    — Envoye, Rolande, rentre dans la maison j’t’ai dit, soupira-t-il.
    — Oui, monsieur, répondit poliment la dénommée Rolande tout en s’avançant dans
     la pièce.
    Julianna regarda la jeune fille. De longs cheveux noirs, tout
     emmêlés, lui cachaient le visage. On aurait dit une petite sauvageonne. Elle
     était affublée d’une vieille jupe paysanne qu’elle portait sur une deuxième jupe
     de laine malgré la chaleur d’été. Sa chemise avait des manches longues et elle
     avait revêtu une veste par-dessus. Elle avait l’air d’un paquet de
     guenilles.
    — J’t’ai déjà dit de pas m’appeler monsieur, la rabroua Paul-Émile.
    La jeune fille baissa encore plus la tête.
    Julianna lança un regard interrogateur à Ti-Georges.
    Paul-Émile se redressa et se jeta sur la miche de pain que sa mère venait de
     déposer devant lui. Tout en prenant une grosse bouchée, il annonça :
    — J’vous l’avais dit que j’reviendrais avec une femme. Ça fait que Rolande,
     comment y faut que tu m’appelles ?
    D’une toute

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