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La chapelle du Diable

La chapelle du Diable

Titel: La chapelle du Diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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s’étendait une dense forêt.
     Julianna se rappela un souvenir que sa belle-sœur lui avait confié lors de leur
     hiver passé ensemble. Elle pourrait réaliser le souhait de Marguerite. Ce ne
     serait pas évident. Avec de l’aide, elle y arriverait. C’était fou, complètement
     hors de l’ordinaire, mais oui, pourquoi pas ? Il lui manquait certaines choses,
     elle devrait se les procurer. Elle mettrait à contribution Ti-Georges et ses
     deux grands neveux.
    Le plus difficile serait de supporter la vue du père de Marguerite.Cet homme méritait la prison et la peine de mort. Si
     François-Xavier avait pu être avec elle ! À moins de retourner auprès de
     Marguerite et lui avouer l’incapacité d’accéder à ses vœux… Non, il fallait
     trouver le courage d’affronter qui et quoi que ce soit. Son amie allait revoir
     le soleil, les fleurs et les étoiles. Marguerite allait goûter à un peu de joie.
     Et c’est à elle que revenait la tâche de faire fonctionner sa baguette magique.
     Elle releva le menton et son fameux petit nez en l’air. Déterminée, elle revint
     à l’intérieur et demanda à parler en privé à son frère et leur tante. À
     demi-mots, elle se contenta d’expliquer à Ti-Georges que sa femme avait comme
     dernière volonté de mourir ailleurs que sur la ferme paternelle et qu’elle
     méritait quelques instants de bonheur. Elle leur expliqua son projet. Au début,
     Ti-Georges fut sceptique. Mais Julianna eut tôt fait de le convaincre et, à la
     fin, il accepta de s’atteler sans tarder à la tâche. Il voyait bien que sa femme
     était malheureuse. Il se sentait si impuissant face à la détresse de Marguerite
     que de pouvoir enfin faire quelque chose de concret ne pouvait qu’être
     salutaire, aussi folle que soit l’idée de sa sœur ! Léonie devint pensive et se
     promit d’avoir une sérieuse conversation avec Julianna. Elle connaissait assez
     sa fille adoptive pour se rendre compte qu’elle lui cachait quelque chose de
     grave.

    Cela prit moins de temps que Julianna n’avait cru et trois jours seulement
     après avoir mis en branle l’exécution de son plan, tout était prêt. Il ne
     restait qu’à déménager Marguerite et les enfants.
    Le matin, Julianna et Léonie quittèrent la pension du village avec tous leurs
     bagages et se rendirent à la ferme des Belley. Dans la cuisine, elles trouvèrent
     Ti-Georges ainsi que ses beaux-parents dans une discussion animée. Elzéar et
     Jean-Marie se tenaient, silencieux, en haut de l’escalier menant à l’étage. Le
     plus vieux fit un signe de connivence à sa tante. Julianna en déduit que les
     autres enfants devaient tous être prêts, comme convenu, en haut
     dans les chambres à attendre qu’on leur demande de descendre.
    — On part à matin un point c’est toute, affirmait Ti-Georges. Vous pouvez pas
     nous en empêcher.
    Léonie s’éclipsa auprès de Marguerite. Elle avertit discrètement
     Julianna.
    — Je m’en vas la préparer.
    Madame Belley pleurait dans un coin tandis que son mari affrontait Ti-Georges.
     L’homme s’adressa à Julianna.
    — Que c’est que vous faites ? lui demanda-t-il d’un ton peu avenant.
    Julianna ne prit même pas la peine de lui répondre. Elle s’adressa à son frère
     et donna ses directives.
    — Ti-Georges, on va prendre cette chaise-là, non attends, j’ai une autre idée.
     Y doit ben avoir une brouette sur la ferme ? Jean-Marie, tu vas la chercher pis
     tu me la laves ben comme y faut ! Frotte fort, je veux qu’a brille comme un sou
     neuf !
    Son neveu dévala les marches aussi vite que sa claudication le lui permettait
     et se rua en direction du hangar. Monsieur Belley revint à la charge.
    — Une brouette ! Là, ça va faire. Ça fait des jours qu’il se passe des messes
     basses icitte dedans pis que le diable est aux vaches ! Vos niaiseries, c’est
     assez.
    Julianna le regarda avec mépris. Froidement, elle lui rétorqua :
    — Je vous le répète, monsieur Belley. Ce sont les dernières volontés de votre
     fille. Vous pouvez pas y refuser cela. C’est sacré.
    Le père de Marguerite était rouge de colère. Il haussa le ton. Menaçant, il
     réduit l’espace entre lui et l’amie de sa fille.
    — Chus chez nous icitte, pis c’est pas une petite jouvencelle comme toé qui va
     mener ma maison !
    Julianna ne baissa pas les yeux.
    — Je mène rien pantoute, je fais ce que votre fille m’a demandé.
    — Des

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