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La chapelle du Diable

La chapelle du Diable

Titel: La chapelle du Diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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roulement.
    — J’ai pas compris pourquoi on voulait pas mettre Ti-Georges au courant de
     votre plan.
    — On était pas assez certains que ça allait marcher. Peut-être que les rats de
     la compagnie ont mis des bâtons dans les roues...
    — T’es une sœur en or, c’est le cas de l’dire.
    — Même si chus plus pauvre de huit mille piastres… et une...
    Julianna sourit et reprit plus sérieusement.
    — Bon ben avec notre grand ménage, on a rien prévu à manger.
    Marie-Ange avait sa petite idée sur la question.
    — Ben moé, j’me dis que, vu qu’on est rien que nous autres pis qu’on a pas
     d’hommes à servir, ben j’me dis qu’on pourrait faire un déjeuner-souper !
     proposa-t-elle.
    Les enfants approuvèrent joyeusement. Un déjeuner-souper, comme la tante
     appelait ce repas, se révélait une fête pour eux. On soupait aux crêpes avec de
     la cassonade ou au pain trempé dans du lait sucré et c’était un délice.
    Julianna refusa. Elle préférait manger salé ce soir.
    — On passe au vote, d’abord c’est tout ce qu’on a le droit de voter,grommela Marie-Ange. Alors qui veut des crêpes pour souper ?
     demanda-t-elle, certaine de la réponse.
    Tous les enfants choisirent ce menu sauf Laura qui se mit à pleurnicher.
    — Qu’est-ce qu’y a ma puce, demanda Marie-Ange, pourquoi tu pleures ?
    — Ze veux pas manzer ma main !

    Attablé avec François-Xavier, Henry et Léonie, une bouteille de rhum entamée
     afin de fêter le bon déroulement de l’encan, Ti-Georges emplit à nouveau son
     verre. Il affichait encore une mine confuse.
    — J’en reviens pas encore que ce soit toé qui as acheté ma ferme, Henry.
    Léonie refusa le verre que son neveu lui offrait pour la troisième fois. Elle
     prit un air faussement innocent.
    — Ah, on te l’a pas dit, Ti-Georges ?
    — Dit quoi ?
    — Ben c’est pas Henry qui a acheté ta ferme. C’est ta sœur Marie-Ange.
    — Quoi ? fit Ti-Georges.
    — Oui, affirma Léonie, Marie-Ange a prêté l’argent pour acheter la ferme et les
     animaux.
    Henry ajouta :
    — Mais comme la compagnie a des avocats coriaces, je voulais être certain que
     personne n’évente la mèche et que toute notre démarche soit légale.
    — Bateau de bateau... Je comprends rien ! Qui a acheté les animaux ?
    — Ta sœur, en se servant des voisins, répondit Léonie.
    Devant l’expression d’incompréhension de son neveu, elle
     ajouta :
    — Henry m’a demandé de passer par le village pour demander aux gens d’acheter
     tes bêtes.
    — Y fallait pas prendre de chance pour que toute la vente soit en bonne et due
     forme pis qu’il y ait un nom différent sur chaque achat, ajouta l’avocat.
    — J’en reviens pas... Les gens du village, j’les connais presque pas, on a même
     pas de parenté avec eux autres !
    — Ta tante Léonie est bien amie avec le curé Duchaine. Depuis qu’elle vit à
     Saint-Ambroise, il semblerait qu’elle ait mis tout le village dans sa poche,
     expliqua Henry.
    — Ben là, ma ferme est à qui ? Pis les animaux ?
    Patient, Henry résuma la transaction.
    — Légalement, la ferme est au nom de madame feu Romuald Barrette, le nom de
     femme mariée de ta sœur Marie-Ange. Moi, je n’étais que son avocat. Comme une
     femme peut pas s’occuper d’une propriété, elle t’a désigné comme gérant. Quant
     aux animaux, ils sont à toi.
    — Que c’est que tu penses qu’on a fait depuis trois jours ? lui demanda
     François-Xavier. On a passé à travers le village pis à chaque homme qui a
     accepté de t’acheter une vache ou une poule, ben nous on a acheté un... morceau
     de gâteau ou ben une pointe de tarte.
    — Ou un petit verre de bière... fit malicieusement Henry.
    — La piastre sur la table, une bonne poignée de main, pis ben le bonjour, on se
     revoit à l’encan, résuma François-Xavier.
    — Les animaux pis la ferme sont à Marie-Ange... mais je m’en occupe, résuma
     Ti-Georges.
    — C’est ça ! approuva François-Xavier. Pis la banque a pas eu grand-chose. Un
     beau gros huit mille piastres et vingt.
    — Vingt et… une, rectifia Henry.
    — Y pouvaient ben avoir l’air enragé quand y sont partis... commenta
     Ti-Georges.
    — J’te dirais, dit François-Xavier, que le gars de la banque
     avait un petit sourire en coin. Y m’a fait comprendre qu’y avait eu la main
     forcée par le représentant de la compagnie. Dans le fond, y était

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