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La chasse infernale

La chasse infernale

Titel: La chasse infernale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Hors les murs, dans des endroits déserts – bon, pour résumer, sur la route de Banbury –, mes hommes ont parlé à un forestier. Il les a conduits dans une clairière bien cachée entre les arbres. Il y a là un rocher, un énorme bloc de pierre, comme si Satan en personne l’avait rejeté de l’enfer. Quelqu’un s’en est servi comme d’un autel ; il y avait des traces de feu, de sang et, dans les branches d’un arbre, le crâne d’un animal.
    — Des sorciers ? interrogea Corbett.
    — Des magiciens, des sorciers et des sorcières... Allez savoir !
    Bullock renifla.
    — C’est tout ce qu’il y avait. Les paysans et les fermiers du coin sont innocents : ils n’ont ni le temps ni l’énergie de se livrer à ces bêtises.
    — Et vous pensez que cela a un rapport avec ces crimes ?
    — Peut-être.
    Le shérif s’essuya les lèvres d’un revers de main.
    — J’aimerais beaucoup trouver l’assassin. J’espère bien que c’est un de ces arrogants damoiseaux d’étudiants. Au fait, on a apporté un autre cadavre ce matin : un vieux benêt nommé Senex. On l’a découvert comme les autres...
    Bullock eut un sourire sardonique.
    — ... si ce n’est qu’il avait une main étroitement crispée. Quand j’ai forcé les doigts pour les ouvrir, j’ai trouvé de la poussière, des cailloux et, plus important, un bouton.
    — Un bouton ? s’étonna Ranulf.
    — Oui, en métal, gravé d’un moineau, l’écusson de Sparrow Hall. Qui plus est, continua Bullock, comme vous le savez, Sir Hugh, ces boutons sont cousus uniquement sur les toges des maîtres ou de certains étudiants fortunés. La plupart des autres ne portent rien de mieux que de la grosse toile.
    — Et alors, qu’en déduisez-vous ? s’enquit Corbett.
    Bullock se leva.
    — À mon avis, il y a au collège un groupe de sorciers qui obéissent aux Seigneurs du Gibet. Les morts de ces pauvres mendiants sont liées à d’infâmes pratiques, mais je n’ai ni preuve ni témoignage. Le vieillard a peut-être ramassé le bouton pendant qu’on le pourchassait ou, en luttant pour sa vie, il l’a arraché au justaucorps de quelqu’un. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas le seul cadavre que nous ayons ce matin.
    Le shérif avala une lampée de son gobelet.
    — Hier soir, juste avant vêpres, William Passerel, l’intendant, a été chassé de Sparrow Hall par une émeute estudiantine. Il est notoire qu’Ascham, qui était très aimé, a tracé presque tout le nom de Passerel sur un bout de parchemin quand il agonisait dans la bibliothèque. Donc Passerel s’est enfui et a demandé asile à l’église St Michael. Le père Vincent, le prêtre de la paroisse, lui a donné refuge et lui a fourni nourriture et boisson. La foule s’est dispersée, mais plus tard, on est entré dans l’église et on a déposé un flacon de vin et une coupe près de la porte du jubé. Passerel a bu ; le liquide était empoisonné. Il est mort presque immédiatement.
    — Comment le savez-vous ? interrogea Corbett.
    — Il y a une recluse à St Michael ; une vieille folle nommée Magdalena. Elle a aperçu une ombre, juste une ombre, qui s’introduisait dans l’église. Elle a vu Passerel boire et a entendu ses cris quand il est mort.
    Bullock se dirigea vers la porte.
    — Venez, je vais vous conduire dans la pièce où se trouve le cadavre.
    Il les fit redescendre, sortir du corps de garde et traverser une cour encore animée. Ils prirent un long escalier étroit qui les mena dans les caves et les souterrains du château. Il y faisait noir comme poix et çà et là de rares torches produisaient des flaques d’une lumière vacillante. Bullock les précéda dans le couloir humide et suintant ; ils tournèrent et parvinrent à l’autre bout. Il ouvrit la porte d’une poussée et des bouffées d’air confiné les prirent à la gorge ; le sol était couvert de paille pourrie et fétide. Les grosses chandelles de suif et les lampes à huile malodorantes disposées sur des saillies emplissaient la salle voûtée d’une atmosphère macabre. Quand Corbett se fut habitué à la lumière, il vit deux tables, comme celles utilisées par les bouchers, sur lesquelles reposaient des cadavres. L’un était recouvert d’un drap que des pieds nus soulevaient ; l’autre était dénudé à l’exception d’un linge sur les reins. L’homme penché sur lui portait, comme un moine, coule et robe. Il ne leva pas les yeux quand ils entrèrent,

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