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La chasse infernale

La chasse infernale

Titel: La chasse infernale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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porte votre nom.
    Corbett se saisit du parchemin. C’était un carré d’environ quatre pouces de long plié avec soin, dont les coins, scellés d’une goutte de cire rouge, se rejoignaient parfaitement. Son nom – Sir Hugh Corbett – y était inscrit, mais il reconnut la même main d’expert qu’il avait identifiée dans les proclamations du Gardien. Il se leva, laissant les autres s’attrouper autour du cadavre de Langton, et rompit le sceau. Les mots jaillirent comme un défi.
    Le Gardien salue Corbett, le corbeau du roi : le petit chien du roi. Le Gardien demande ce que fait le corbeau à Oxford. Que le corbeau soit prudent et regarde où il picore et où il vole. Ce charognard, grand amateur de morceaux sanglants, a été prévenu. Ne traînez pas dans les champs d’Oxford, sinon votre bec sera tordu, vos serres brisées, vos ailes rognées et vous serez expédié raide mort à votre royal maître. Signé : le Gardien.
    Le magistrat cacha sa peur et fit circuler la proclamation. Ranulf jura. Maltote, qui savait à peine lire, demanda de quoi il s’agissait. Lady Mathilda porta la main à sa bouche et les maîtres parurent dessoûlés.
    — C’est de la trahison, siffla Ranulf. C’est de la trahison contre le clerc du roi et contre la Couronne elle-même !
    — C’est un meurtre, rétorqua Corbett. Un horrible meurtre. Apportez vos gobelets !
    On les rassembla précipitamment sur la table devant le magistrat. Il était difficile de dire quel était celui de Langton. Corbett et Ranulf, aidés par Churchley, les humèrent tour à tour. Tous avaient le parfum agréable du vin doux, sauf un : Corbett le porta à ses narines et sentit une odeur pénétrante et âcre.
    — Qu’est ceci ? demanda-t-il en le passant au mire qui le fit tourner pour mieux le humer.
    — De l’arsenic blanc, déclara finalement ce dernier. Seul l’arsenic a cette senteur piquante, en particulier l’arsenic blanc ; il a des effets mortels.
    — Langton n’en aurait-il pas senti le goût ?
    — Peut-être, répondit Churchley. Mais, là encore, si son palais était altéré par la douceur des mets et du vin, il pouvait ne pas s’en rendre compte.
    — Mais comment est-ce arrivé jusqu’ici ? beugla Barnett. Messire Alfred, s’indigna-t-il en prenant le bras de Tripham, allons-nous être empoisonnés dans nos lits ?
    Lady Mathilda claqua des doigts et fit signe à Maître Moth qui, dans tout ce tumulte, était resté coi près de la porte. Elle eut ces étranges gestes ailés des doigts et Moth se hâta de s’éloigner. Il revint accompagné des deux serviteurs aux yeux rouges de sommeil qui avaient préparé la bibliothèque et apporté le vin. D’une façon ou d’une autre la nouvelle de la mort de Langton avait déjà commencé à se répandre et les valets se faufilèrent comme des souris dans la pièce. Tripham les interrogea, mais leurs bafouillements n’éclaircirent en rien ce qui s’était passé.
    — Messire Tripham, geignit l’un d’entre eux, nous avons versé le vin et mis les gobelets sur le plateau.
    Le magistrat les renvoya.
    — L’un d’entre vous a-t-il vu quelqu’un tripoter les gobelets ou les déplacer ? demanda-t-il à l’assemblée.
    — Non, répondit Barnett au nom de tous. Je suis resté constamment près de Langton.
    La voix lui manqua quand il comprit ce qu’impliquaient ses paroles.
    — Je ne suis pas coupable ! haleta-t-il. Je n’aurais jamais fait une chose pareille !
    — Langton a-t-il tenu son gobelet tout le temps ?
    Churchley agita les mains.
    — Comme nous tous, murmura-t-il, il l’a sans doute reposé sur la table puis l’a repris.
    — Mais ce que je ne comprends pas, déclara Barnett, c’est pourquoi Langton portait un message du Gardien qui vous était adressé à vous, Sir Hugh.
    — C’est étrange, c’est vrai.
    Corbett s’assit sur un tabouret.
    — Messire Alfred Tripham, rappelez les serviteurs et faites enlever le corps. Que les autres restent céans !
    Le vice-régent quitta rapidement la bibliothèque. Il revint avec quatre serviteurs munis d’un drap où ils placèrent le cadavre de Langton. Tripham leur ordonna de l’emporter au dépositoire, à l’autre bout du jardin.
    Corbett se prit la tête dans les mains. « Comment cela avait-il pu se produire ? »
    Il ferma les yeux.
    « Réfléchir ! Réfléchir ! Pourquoi Langton portait-il dans son escarcelle une lettre qui m’était adressée ? S’il n’était

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