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La chasse infernale

La chasse infernale

Titel: La chasse infernale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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penchant, il pinça la jointure des doigts de Ranulf.
    — Dehors, beau damoiseau ! Allez contempler ce qui vous attend ! Eux aussi, autrefois, se pavanaient sous le soleil. Mais venez. Je vais vous présenter le vieux Godric.
    Il sortit et, par un couloir chaulé, les conduisit, en montant un escalier, dans un long dortoir. La salle était austère bien que murs et sol aient été vigoureusement récurés et qu’il régnât un parfum de savon et d’herbes aromatiques. Le long des murs s’alignait une rangée de lits encadrés, chacun, d’un tabouret et d’une petite table grossièrement équarrie. La plupart des occupants dormaient ou sommeillaient par à-coups. Les frères lais allaient de lit en lit pour rincer mains et visages en vue du petit déjeuner.
    Ranulf s’attarda.
    — Je ne serai pas mendiant, murmura-t-il. Messire, je serai soit pendu soit riche.
    — Prends garde, lui rétorqua promptement Corbett, de ne pas être à la fois riche et pendu !
    — Venez !
    Frère Angelo leur désigna un lit où un homme s’appuyait aux oreillers.
    Ses cheveux se clairsemaient et son visage ridé était gris de fatigue bien que son regard fût vif.
    — Voici Godric, expliqua frère Angelo, un de mes très anciens paroissiens. Un homme qui a mendié à Londres, Cantorbéry, Douvres et même à Berwick, dans les Marches écossaises. Allons, Godric, ajouta-t-il en tapotant le crâne chauve du vieillard, raconte à nos visiteurs ce que tu as vu.
    Godric tourna la tête.
    — Je suis allé dans les bois, chuchota-t-il.
    — Quels bois ? demanda Corbett.
    — Oh, au nord, au sud, et à l’est de la ville.
    — Et qu’avez-vous vu, vieillard ?
    — Dieu m’en soit témoin ! répondit Godric, mais j’ai vu le feu de l’enfer, le diable et toute sa horde dansant au clair de lune.
    Il saisit la main du magistrat.
    — Écoutez bien ce que je dis : Satan est arrivé à Oxford !

 
    CHAPITRE VII
    Corbett posa la main sur celle du mendiant.
    — Des diables ? demanda-t-il. Quels diables ?
    — Dans les bois, répondit Godric. Ils dansaient autour des feux de Baal. Même qu’ils portaient des peaux de chèvre !
    — Et y avait-il du sang ?
    — Sur leurs mains et leurs visages. Oh, oui ! reprit Godric. Vous comprenez, Messire, quand j’étais plus jeune, je braconnais. Je sais chasser le lapin et saisir un faisan bien dodu sans broncher. Cette année, dès le début du printemps, j’ai retenté ma chance et, deux fois, j’ai vu la danse des diables.
    — Combien étaient-ils ? questionna le magistrat.
    — Au moins treize. Le nombre maudit, répondit Godric, provocant.
    — Et en avez-vous parlé à quelqu’un d’autre ?
    — Je l’ai raconté à frère Angelo, mais il n’a fait qu’en rire.
    Godric reposa sa tête contre les oreillers.
    — C’est tout ce que je sais et à présent le vieux Godric va dormir.
    Il détourna le visage.
    Corbett et Ranulf quittèrent l’infirmerie. Ils suivirent frère Angelo et, descendant l’escalier, se retrouvèrent dans la cour encore animée.
    — Aviez-vous entendu ce genre d’histoires auparavant ? s’enquit le magistrat.
    — Non, uniquement les divagations de Godric, répondit le religieux. Mais, Sir Hugh...
    Le visage empâté et morose de frère Angelo se fit solennel.
    — ... Dieu seul sait s’il a ou non tous ses esprits.
    Il leva sa grosse patte et les bénit.
    — Je vous salue !
    Corbett et Ranulf quittèrent l’hôpital et pénétrèrent dans Broad Street. La foule avait diminué parce que les facultés étaient ouvertes et que les étudiants s’y étaient rendus pour assister aux premiers cours du matin. Corbett guida son écuyer dans la rue qu’ils traversèrent, marchant avec précaution sur les planches de bois enjambant le grand caniveau puant qui coupait le milieu de la rue.
    Devant la taverne des Joyeuses Damoiselles, un boucher, dont l’étal jouxtait celui d’un chirurgien-barbier, lançait boyaux et entrailles dans la rue. Près de l’éventaire, un preneur de rats encapuchonné, son chien à l’air féroce assis à ses pieds, offrait ses services. Dominant le vacarme, il chantait :
    Rats ou souris ?
    Avez-vous des rats, des souris, des belettes ou des hermines ?
    Avez-vous de vieilles truies malades de ladrerie ?
    Je les tue, et j’extermine
    Taupes et autre vermine qui se faufile dans les trous !
    Il se racla la gorge et cracha. Il était sur le point de reprendre sa chanson quand Corbett

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