Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La chasse infernale

La chasse infernale

Titel: La chasse infernale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
lit derrière la porte. Son visage était aussi blanc que le drap qui l’enveloppait jusqu’au menton, ses yeux étaient entrouverts et un petit filet de sang coulait de la commissure de sa bouche. Ranulf repoussa les couvertures et gémit en voyant le tas de bandages trempés de sang dont Churchley avait entouré le ventre de Maltote.
    — J’ai fait de mon mieux, plaida le mire.
    Maltote cligna des yeux. Il toussota et agita faiblement les bras. Corbett se pencha pour saisir les mots qu’il haletait.
    — J’ai soif. Messire, la douleur...
    — Qui t’a attaqué ? demanda Corbett.
    — Le mendiant. Pas de visage. Silencieux comme une ombre.
    Corbett ravala ses larmes de rage.
    — Je vais mourir, n’est-ce pas ?
    Le magistrat prit la main de Maltote, froide comme la glace.
    — Ne mentez pas, murmura le palefrenier. Je n’ai pas peur, ou, du moins, pas encore.
    Son visage se crispa quand un spasme de douleur le traversa.
    — Je lui ai donné de l’opium, déclara Churchley.
    Il fit signe à Corbett de le rejoindre à quelques pas du lit.
    — Sir Hugh, vous avez sûrement vu ce genre de blessures au ventre sur les champs de bataille. L’opium ne fera plus d’effet bientôt ; la douleur sera alors terrible et il aura une soif atroce.
    — Pouvez-vous faire quelque chose ?
    Churchley secoua la tête.
    — Sir Hugh, je suis un mire, pas un faiseur de miracles. Il se videra de son sang et ce dans de grandes souffrances.
    Corbett ferma les yeux en respirant lentement. Il revint près de son serviteur.
    — Veux-tu voir un prêtre ? demanda-t-il.
    Maltote fit un effort pour répondre.
    — Le père Luke m’a entendu en confession avant que je quitte Leighton, mais pourrais-je recevoir l’extrême-onction ?
    Tripham entra dans la pièce.
    — Sir Hugh, désolé de vous déranger, mais un messager vous attend à l’hostellerie avec des missives du roi à Woodstock. J’ai déjà envoyé chercher le père Vincent, ajouta-t-il. Il arrive.
    Corbett revint près du lit, serra la main de Maltote et l’embrassa doucement sur le front. Puis il essuya les larmes qui coulaient sur ses joues et sortit en hâte en ordonnant à voix basse à Ranulf de rester.
    Quelques instants plus tard, le père Vincent arriva, précédé par un gamin qui portait un cierge allumé et une clochette. Les épaules du prêtre étaient recouvertes d’une chape d’argent frangée d’or avec un Agnus Dei au centre. Churchley quitta la pièce, mais Ranulf resta. Le service fut court : le père Vincent administra l’extrême-onction à Maltote et lui tendit la petite hostie extraite d’un ciboire d’argent. Puis, sortant une fiole dorée de son aumônière, il oignit d’huiles saintes les yeux, la bouche, les mains, la poitrine et les pieds de Maltote. L’enfant de choeur se tenait immobile comme une statue de cire. Le prêtre ne leva pas une seule fois les yeux sur Ranulf, mais, absorbé par la sombre liturgie du sacrement des mourants, termina les onctions. Ensuite il s’agenouilla près du lit et récita le De Profundis  : « Des profondeurs des ténèbres, ô Seigneur, je crie vers Toi. »
    Ranulf se surprit à lui faire écho. Ce ne fut que lorsque ce fut fini que le père Vincent se retourna et prit conscience de sa présence.
    — Je suis désolé, dit-il en prenant la main de Ranulf et en jetant un coup d’oeil vers le lit où Maltote, l’opium perdant de sa puissance, commençait à se tordre de douleur. Puis-je faire autre chose ?
    Ranulf ravala ses larmes. Retirant une de ses bottes, il prit une pièce d’or dans un rabat caché.
    — Dites des messes pour lui, chuchota-t-il. Dites des messes jusqu’à la Saint-Michel.
    Le prêtre voulut lui rendre sa pièce, mais Ranulf insista pour qu’il la garde.
    Le père Vincent, accompagné de l’enfant de choeur qui agitait sa clochette, s’en fut dans le couloir et sortit du collège. D’autres vinrent Appleston et Lady Mathilda –, que Ranulf renvoya, puis il verrouilla la porte derrière eux. Accroupi près du lit, il saisit la main de Maltote qui tourna la tête. Le coeur de Ranulf lui manqua quand il vit l’agonie envahir les yeux couleur de bleuet.
    — Y aura-t-il des chevaux au paradis ? s’inquiéta Maltote.
    — Ne sois pas stupide ! répliqua Ranulf d’une voix rauque. Bien sûr, qu’il y en aura !
    Maltote ouvrit la bouche pour rire, mais la douleur était trop vive et son corps se cambra.
    — J’ai peur, Ranulf. En

Weitere Kostenlose Bücher