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La chasse infernale

La chasse infernale

Titel: La chasse infernale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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collège et traversa l’allée. Corbett, dans la cour, parlait à un cavalier portant la livrée royale. L’homme était crotté et couvert de poussière des pieds à la tête. Corbett observa à la dérobée le visage de Ranulf et renvoya le messager en précisant que Norreys veillerait à ce qu’il se restaure et à ce qu’on soigne sa monture.
    — Maltote est mort, n’est-ce pas ?
    Ranulf acquiesça. Le magistrat s’essuya les yeux.
    — Que Dieu le protège.
    Il fourra les lettres qu’il tenait dans la main de son serviteur.
    — Je te verrai dans ma chambre.
    Corbett traversa le collège. Il soupçonnait, et secrètement approuvait, ce que Ranulf avait fait. Pendant quelques minutes il s’agenouilla près du corps et récita son propre requiem, Tripham et Churchley derrière lui, sur le seuil. Puis il se signa et se releva. Il posa une main sur le crucifix au-dessus du lit et l’autre sur le front de Maltote.
    — Je jure par le Dieu vivant, déclara-t-il, ici, devant le Christ et celui qui est mort à son poste, que celui qui a commis ce crime sera conduit devant la justice et subira la loi dans toute sa rigueur !
    — Votre serviteur nous a déjà donné des instructions pour disposer du corps, intervint Tripham, à présent terrifié par le dur visage blême de ce puissant clerc royal.
    — Faites ce qu’il vous a demandé ! dit sèchement Corbett.
    Il les écarta et alla retrouver Ranulf dans sa chambre à l’hostellerie. Aucun des deux n’évoqua ce qui venait d’arriver. Au lieu de cela, Corbett décacheta les lettres qu’il venait de recevoir de la part du roi et de Maeve.
    — Et il y en a une de Simon pour toi.
    Il tendit à Ranulf un large parchemin carré scellé en son centre d’une goutte de cire rouge.
    Corbett ouvrit ses missives. Le message du roi était sans surprise : arrivé à Woodstock avec son entourage, il y attendrait que son « bon clerc » eût résolu la question à sa satisfaction. Corbett s’assit à la table et lut plus attentivement la seconde lettre, celle de Maeve. Pour l’essentiel, elle évoquait le manoir, l’espoir d’une bonne récolte et les déprédations commises par certains braconniers qui avaient pillé le vivier. Puis elle continuait en disant à quel point il leur manquait, à elle et à Aliénor, et combien oncle Morgan était encore tout imbu de la visite du roi. Elle précisait :
    J’aimerais qu’il ne tourmente pas Aliénor avec ses histoires au sujet du pays de Galles et la façon dont nous, Gallois, terrifiions nos ennemis en exhibant les têtes coupées dans les batailles. Je crois, d’ailleurs, qu’Aliénor l’encourage.
    Corbett parcourut la lettre puis lorgna Ranulf par-dessus son épaule.
    — Lady Maeve te salue. Quelles nouvelles as-tu reçues ?
    — Oh, des ragots de la Chancellerie, répondit Ranulf en évitant son regard et en glissant la missive dans sa sacoche.
    Corbett reprit le dernier paragraphe de la lettre de Maeve.
    Vous me manquez terriblement et chaque jour je vais à la chapelle allumer un cierge pour votre prompt retour. Croyez en mon plus profond amour et salutations à Ranulf et Maltote. Votre épouse dévouée.
    Maeve.
    Le magistrat prit un morceau de parchemin et commença à rédiger sa réponse. Il décrivit la mort de Maltote, mais s’arrêta quand il se souvint du palefrenier emmenant Aliénor, riant et poussant des cris de joie, se promener sur son poney. Maltote lui faisait un cours sur les chevaux qu’Aliénor ne pouvait comprendre, mais auquel, assise sur la selle spécialement confectionnée à son intention, elle acquiesçait avec gravité. Corbett cligna des yeux pour chasser ses larmes et en phrases brèves décrivit son sentiment de perte. Il s’interrompit.
    — Ranulf, le corps de Maltote doit être envoyé à Leighton, n’est-ce pas ?
    — Bien sûr. J’ai dit à Tripham que je me chargerai de tous les frais.
    — Je le ferai, répliqua le magistrat.
    — Non, Messire, laissez-les-moi. J’avais deux amis ; il ne m’en reste plus qu’un.
    Corbett se retourna et regarda Ranulf dans les yeux.
    — Suis-je coupable ? Ai-je provoqué la mort de Maltote ?
    Ranulf eut un geste de dénégation.
    — Nous virevoltons tous dans une danse macabre.
    Cela pourrait arriver à chacun d’entre nous, n’importe quand. Nous sommes comme des chasseurs, conclut-il. Nous chassons dans les ténèbres et on peut facilement oublier que ceux que nous chassons nous chassent aussi :

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