Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
Vom Netzwerk:
gorge
ennemie et les doigts du Mongol. Les deux hommes moururent ensemble dans une
gerbe de sang et, devant le soldat inerte, la peur du chamane se changea en
rage et il continua à percer la chair morte, des gémissements sortant de sa
gorge sans qu’il en prenne conscience.
    Il se releva enfin, hors d’haleine, aspira de longues
goulées d’air, les mains sur les genoux. Dans la pénombre d’une yourte proche, il
découvrit Temülen, la sœur de Gengis, qui l’observait et se demanda ce qu’elle
pensait avoir vu. Elle sourit et il se détendit. Il n’aurait pas pu sauver le
guerrier infirme, il en était presque sûr.
    Les flammes qui l’entouraient semblaient lui avoir échauffé
le sang, ainsi peut-être que la sensation brutale d’avoir senti les dernières
pulsations d’une vie sous ses doigts. Sûr de sa puissance, il s’approcha de la
yourte d’un pas résolu, poussa la jeune femme à l’intérieur. Le souvenir de sa
peau dorée couverte de lignes de sang séché le rendait fou. Elle ne put
résister quand il abaissa son deel de ses épaules, la dénudant jusqu’à la
taille. Les dessins qu’il avait tracés y étaient encore, preuves pathétiques de
sa foi. Il se mit à les lécher, savourant leur goût amer. Il sentit les mains
de Temülen le frapper mais elles ne lui faisaient aucun mal. Il se persuada qu’elle
était animée de la même passion que lui et la poussa sur le lit bas, ignorant
ses cris désespérés que personne d’autre n’entendrait. Une voix en lui
murmurait que c’était de la folie, mais il demeura perdu dans son plaisir, les
yeux semblables à du verre noir, tandis qu’il s’agitait en elle.
     
     
    Süböteï et Djebe avaient vu la fumée de loin et ils
arrivèrent au camp en début de soirée, leurs chevaux épuisés et couverts d’écume.
Près de dix mille yourtes avaient brûlé, chargeant le vent d’une âcre puanteur.
Des centaines de femmes et d’enfants couraient encore à travers le camp avec
des seaux en cuir et versaient de l’eau de la rivière sur tout ce qui fumait
encore.
    Au passage, des gamins décochaient coups et insultes aux
cadavres des soldats du shah. Süböteï s’arrêta devant les corps de cinq jeunes
filles gisant jambes écartées entre deux tentes. Il descendit de cheval et s’agenouilla
auprès d’elles, leur murmura des mots d’excuse qu’elles ne pouvaient entendre.
    Lorsqu’il se releva, Djebe l’avait rejoint et les deux
hommes s’accordèrent totalement sur un point : où qu’il ait fui, le shah
ne leur échapperait pas.

 
19
    Le peuple mongol s’était rassemblé autour d’Otrar, qu’il serrait
dans son poing. En temps ordinaire, une course entre deux fils du khan aurait
constitué un événement pour les guerriers et ils auraient parié des sommes
colossales sur celui des deux frères qui serait le premier à atteindre les murs
de la ville. Pourtant, lorsque Djötchi arriva en titubant, suivi de Djaghataï à
quelque distance, presque personne ne le remarqua. Tous avaient des femmes et
des enfants au camp et attendaient de savoir s’ils étaient saufs. Les hommes de
Djötchi n’avaient pas croisé son regard quand il s’était approché de la peau de
tigre couvrant son cheval. La tête séchée du fauve avait été grossièrement
détachée du reste, seul signe que Gengis n’avait pas oublié la bagarre entre
ses fils. Djötchi avait caressé un moment la peau abîmée en silence avant de
détourner les yeux.
    Lorsque les premiers cavaliers revinrent, un jour plus tard,
les hommes eurent confirmation de toutes leurs craintes. Pendant un certain
temps, ils continuèrent à espérer que leur famille au moins avait été épargnée,
puis Khasar arriva, avec les survivants et les morts. Des guerriers se
précipitaient vers les chariots, cherchaient leurs femmes et leurs enfants. D’autres
demeuraient immobiles tandis que les femmes exténuées passaient devant eux et
guettaient désespérément un visage familier. Quelques-uns étaient récompensés
par un cri, une étreinte. La plupart restaient seuls avec leur souffrance.
     
     
    Il fallut plus d’un mois pour ramener les corps de tous les
guerriers tombés au combat. On laissa les cadavres des soldats du shah pourrir
au soleil, mais les morts qui avaient combattu pour Gengis furent honorés. Débarrassés
de leurs armures, ils furent enveloppés de feutre blanc avant d’être portés en
chariot sur les sommets les plus hauts qu’on puisse voir et

Weitere Kostenlose Bücher