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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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rejoignit et deux autres de ses fils répétèrent son ordre jusqu’à
s’érailler la voix.
    L’épaisse fumée de l’incendie empêcha d’abord le shah de
voir les chevaux qui approchaient. Le fracas de leurs sabots résonnait dans
tout le camp et Mohammed, la bouche sèche, se dit qu’ils devaient être des
milliers.
    Les bêtes jaillirent de la fumée, le blanc des yeux
clairement visible. Il n’y avait pas de cavaliers sur leur dos, mais dans l’espace
confiné ils fonçaient droit sur les gardes. Mohammed et Djalal al-Din furent
assez vifs pour se réfugier derrière une yourte, mais d’autres réagirent trop
lentement. Les chevaux mongols traversaient le camp comme un torrent sorti de
son lit et un grand nombre de gardes furent renversés et piétinés.
    Derrière les chevaux venaient les estropiés. Ils poussaient
des cris de guerre en courant dans le flot animal, jeunes et vieux, souvent
amputés d’un membre. L’un d’eux se rua sur Mohammed. Le shah vit qu’il n’était
armé que d’un gourdin qu’il tenait dans sa main gauche. La droite manquait. Le
Mongol mourut sous le sabre de Djalal al-Din, mais d’autres avaient des arcs et
le monarque trembla quand s’éleva le chant des flèches. Il ne l’avait que trop
entendu au cours du mois écoulé.
    Une odeur de sang et de feu flottait dans l’air qui s’épaississait
à mesure que d’autres yourtes s’embrasaient. Mohammed chercha des yeux ses
officiers, mais ils étaient tous trop occupés à se défendre. Il se sentit cerné
et impuissant.
    — Avec moi ! hurla-t-il en éperonnant sa monture. Suivez
votre shah !
    L’animal, qu’il avait eu peine à retenir jusqu’à cet instant,
partit à toute allure comme si une flèche l’avait piqué et traversa le camp, laissant
derrière lui le chaos et la fumée.
    Djalal al-Din répéta l’ordre et les gardes survivants
suivirent, soulagés de fuir le combat. Mohammed galopait debout sur ses étriers,
cherchant un signe qu’il allait dans la bonne direction. Où était la rivière ?
Il aurait donné un second fils pour être sur le dos d’un éléphant. Alors que
ses gardes échappaient au troupeau furieux et aux invalides, il vit une
multitude d’enfants, garçons et filles, courant le long des tentes de chaque
côté. Ils tiraient des flèches, jetaient des couteaux sur ses hommes, mais
aucun ne tomba et le shah ne s’arrêta pas avant que la rivière soit en vue.
    Il n’avait pas le temps de chercher un gué. Le shah Mohammed
lança son cheval dans l’eau glacée qui engourdit son corps.
    Allah soit loué, ce n’est pas profond, se dit-il tandis que
sa monture gagnait l’autre rive. Il faillit tomber de selle lorsque l’animal
gravit difficilement la berge boueuse. Enfin parvenu en terrain ferme, le shah
s’arrêta, hors d’haleine, et se retourna vers le camp en flammes.
     
     
    Tapi dans l’ombre d’une yourte, Kökötchu regarda passer les
cavaliers ennemis en fuite. Les guerriers mutilés qui les poursuivaient avec
des cris gutturaux étaient terrifiants à voir. Le chamane avait soigné leurs
blessures et parfois amputé d’un membre des hommes gémissants aussi inoffensifs
que des enfants, mais les rescapés n’avaient plus rien à perdre. Ceux qui ne
pouvaient plus marcher étaient encore capables de monter à cheval et tous
étaient prêts à donner leur vie, conscients qu’ils n’auraient jamais plus une
autre occasion de combattre pour le khan. L’un d’eux, à qui on avait coupé la
jambe droite sous le genou, passa près de Kökötchu. Il avait du mal à garder l’équilibre
mais, quand les cavaliers de Mohammed durent ralentir dans le sentier étroit, l’infirme
se jeta sur un ennemi distancé et les deux hommes roulèrent à terre. Le Mongol
s’agrippait au Khwarezmien et tentait de le tuer avant qu’il pût se relever. Ils
étaient tombés près du chamane, que l’estropié appela désespérément à l’aide du
regard.
    Kökötchu demeura à l’écart tout en pressant nerveusement la
poignée de son couteau. Le Khwarezmien plongea son poignard dans le flanc du
Mongol et remua la lame avec férocité. L’invalide continuait à se battre. D’un
de ses bras aux muscles durcis par les années à soutenir le poids de son corps,
il entourait le cou du cavalier et serrait. Le soldat du shah suffoquait et
devenait violet, mais n’en continuait pas moins à donner des coups de poignard.
    Kökötchu bondit en avant et trancha en même temps la

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