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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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Sa avait entendu le
message de l’éclaireur. Le plaisir de la journée était gâché, les deux hommes
le savaient.
    L’officier xixia aurait autrefois frémi à l’idée de boire
avec des barbares infestés de poux. Avant l’arrivée des Mongols, Ho Sa menait
une vie simple et austère, fier de son grade dans l’armée de son roi. Chaque
jour, il se levait à l’aube pour s’entraîner avant le bain, puis la journée
commençait avec du thé noir et du pain trempé dans le miel. Sa vie d’alors
était presque parfaite et il la regrettait parfois tout en rejetant sa
monotonie.
    Les nuits très noires, quand tombent tous les faux-semblants,
Ho Sa devait admettre qu’il avait accédé à un rang qu’il n’aurait jamais pu
atteindre chez les Xixia. Il s’était hissé au troisième poste le plus élevé d’une
armée mongole et des hommes comme Khasar lui confiaient leur vie sans la
moindre hésitation. Les morsures des puces et des poux étaient un faible prix à
payer en retour. Suivant le regard sombre du général, Ho Sa vit qu’il fixait
les murs de Kaifeng avec une moue d’ivrogne. Si tout ce qu’un empereur pouvait
faire, c’était se terrer en tremblant derrière ces murs, il n’était pas un empereur
aux yeux de Ho Sa. Il avala une autre gorgée d’arkhi et grimaça quand l’alcool
lui brûla les gencives.
    Ho Sa avait parfois la nostalgie de la tranquillité et de la
routine de son ancienne vie, mais il savait qu’elles continuaient à exister
ailleurs. Cette pensée le réconfortait quand il était épuisé ou blessé. Son
réconfort tenait aussi à la fortune en or et en argent qu’il avait amassée. S’il
retournait un jour chez lui, il aurait des épouses et des esclaves.
    Le deuxième combat se termina par un bras cassé et les deux
lutteurs s’inclinèrent devant Khasar avant qu’il les laisse aller se faire soigner.
Les distractions de la journée lui coûteraient une douzaine de blessés et
quelques morts, mais cela en valait la peine pour encourager les autres. Ils n’étaient
pas de délicates jeunes filles, après tout.
    Khasar lança un regard mauvais à l’éclaireur. C’était Khasar
lui-même qui avait pris les fortins isolés que les Mongols utilisaient
maintenant comme relais pour leurs messagers. Ils étaient les jalons d’une
ligne remontant jusqu’aux ruines calcinées de Yenking, au nord. Si Khasar avait
su que cette nouvelle route permettrait de lui faire parvenir l’ordre de
rentrer en dix-huit jours seulement, il n’aurait peut-être pas remporté ces
victoires. Son frère comprendrait-il s’il attendait une année encore que la
ville tombe ? Il connaissait la réponse : Gengis comptait sur lui
pour tout laisser en plan immédiatement et rentrer en lui ramenant son fils Ögödei.
C’était exaspérant et Khasar fixait Kaifeng du regard comme si sa colère
pouvait suffire à en faire tomber les murs. Il s’intéressa à peine au troisième
combat, que la foule des buveurs semblait cependant apprécier.
    — Redis-moi ton message, ordonna-t-il soudain.
    Il dut se répéter pour être entendu par-dessus les cris des
guerriers.
    Incapable de s’expliquer l’humeur que son message avait
suscitée, l’éclaireur baissa la tête.
    — « Rentre boire de l’airag avec ton peuple, frère.
Au printemps, nous boirons du lait et du sang », récita-t-il.
    — C’est tout ? rétorqua Khasar. Dis-moi comment il
était quand il t’a envoyé…
    Mal à l’aise, l’éclaireur passa d’un pied sur l’autre.
    — Seigneur, le Grand Khan discutait avec ses généraux
autour de cartes maintenues par des poids de plomb, mais je n’ai pas entendu ce
qu’ils disaient avant qu’il me fasse mander.
    Entendant cette réponse, Ho Sa leva la tête, les yeux
vitreux.
    — Le lait et le sang signifient qu’il projette une
nouvelle guerre ! s’exclama-t-il.
    La foule se tut. Ögödei s’était figé et même les lutteurs, incertains
de ce qu’ils devaient faire, interrompirent leur combat. Khasar cligna des yeux
puis haussa les épaules. Peu importe s’ils entendent, pensa-t-il.
    — Si mon frère a sorti ses précieuses cartes, ça doit
être pour ça, dit-il.
    Si Gengis savait qu’il se trouvait sous les murailles de
Kaifeng, il attendrait. Le jeune empereur leur avait échappé à Yenking. L’idée
que la cour impériale des Jin regarderait les Mongols partir était presque
insupportable.
    — Mon frère a-t-il aussi rappelé Süböteï et

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