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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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un magasin central mais, certains jours, il
n’y avait rien. Personne ne savait si les stocks de nourriture étaient épuisés
ou s’ils avaient été détournés.
    Dans le camp mongol, Khasar et Ho Sa se levèrent avec un
rugissement d’excitation lorsque le lutteur surnommé Baabgai, l’Ours, souleva
son adversaire au-dessus de sa tête. Celui-ci se débattit mais Baabgai demeura
ferme sur ses jambes, souriant à son général comme un enfant idiot. Le vaincu
était si épuisé qu’il cessa bien vite de tenter d’échapper à l’étreinte des
pattes de l’Ours.
    Khasar avait repéré ce lutteur parmi ses recrues jin pour sa
taille et sa force. Il lui tardait de faire combattre cette masse imbécile
contre un des champions restés au pays. Il connaissait les parieurs, et s’imaginait
déjà en ruiner quelques-uns en un combat, dont son frère Temüge.
    Impassible, Baabgai attendait l’ordre de Khasar. Peu d’autres
auraient été capables de porter si longtemps un tel poids et le visage rougi de
l’Ours luisait de sueur.
    Khasar le regardait sans le voir, pensant de nouveau au
message de Gengis. L’éclaireur envoyé par son frère se tenait encore là où
Khasar l’avait laissé planté, quelques heures plus tôt. Des mouches aspiraient
de leur trompe le sel couvrant la peau du jeune homme, qui n’osait pas bouger.
    La bonne humeur de Khasar s’envola et il adressa un geste
irrité à son champion.
    — Brise-le.
    La foule retint son souffle quand l’Ours tomba soudain sur
un genou et abattit son adversaire sur sa cuisse raidie. Le craquement de l’échine
résonna dans le camp puis tous les hommes poussèrent des cris et échangèrent
les montants des paris. Baabgai leur adressa son sourire édenté. Khasar
détourna les yeux tandis qu’on tranchait la gorge du vaincu paralysé. C’était
un acte charitable de ne pas l’abandonner vivant aux chiens et aux rats.
    Sentant son humeur s’assombrir encore, Khasar réclama de la
main le combat suivant et une outre d’arkhi pour égayer ses pensées. S’il avait
su que Gengis rappellerait ses armées, il aurait mieux profité de son
expédition en terre jin. Avec Ho Sa et Ögödei, le fils de Gengis, il avait pris
son temps pour brûler les villes et exterminer leurs habitants, se rapprochant
chaque fois de celle où le jeune empereur avait trouvé refuge. Ces trois années
avaient été très heureuses pour lui.
    Khasar avait fini par aimer être chef. Pour des hommes tels
que Gengis, cela était naturel. Khasar ne pouvait imaginer son frère laissant
quiconque le conduire où que ce soit, encore moins à la bataille. Pour Khasar, c’était
venu lentement, comme la mousse recouvre la pierre. Pendant trois ans, il n’avait
parlé à aucun de ses frères : Gengis, Kachium ou Temüge. Ses guerriers
attendaient de lui qu’il sache où les mener et quoi faire une fois qu’ils
étaient arrivés. Au début, Khasar avait trouvé ce fardeau épuisant, comme il
devait l’être pour le chien dominant qui ne restait qu’un temps à la tête de la
meute. Puis il avait découvert que commander était aussi exaltant qu’épuisant. Il
était responsable de ses erreurs, mais les triomphes aussi lui revenaient
pleinement. Au fil des saisons, il avait changé subtilement et il n’avait pas
envie de rentrer. En attendant la chute de Kaifeng, il était père de dix mille
fils.
    Il parcourut du regard les hommes qu’il avait emmenés si
loin de chez eux. Samuka, son second, n’avait pas bu, comme à son habitude, et
observait la lutte avec un amusement détaché. Ögödei, qui braillait et suait
son alcool, arrivait à peine à l’épaule des guerriers. Khasar se demanda
comment il prendrait la nouvelle de leur retour. À l’âge d’Ögödei, tout était
nouveau et passionnant : il serait sans doute ravi. Le ressentiment de
Khasar grandit encore quand il considéra ses hommes. Tous avaient fait leurs
preuves. Ils s’étaient emparés de femmes et de chevaux par milliers, de pièces
de monnaie et d’armes, trop pour qu’une vie suffise à en dresser la liste. Mais
Gengis était le Grand Khan et Khasar ne pouvait pas plus imaginer se rebeller
contre son frère aîné qu’il ne pouvait se faire pousser des ailes et voler
au-dessus des murailles de Kaifeng.
    Devinant l’humeur de son général, Ho Sa lui tendit une outre
d’arkhi tandis que montaient autour d’eux les clameurs encourageant les
lutteurs. Khasar eut un sourire crispé. Avec Samuka, Ho

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