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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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Jelme ?
    L’éclaireur déglutit nerveusement sous les yeux de la multitude.
    — Je ne leur ai pas porté de messages, seigneur.
    — Mais tu sais s’il leur en a envoyé. Les éclaireurs
savent toujours. Parle ou je t’arrache la langue.
    — Deux autres hommes seraient partis pour rappeler les
généraux, seigneur. C’est ce que j’ai entendu dire.
    — Et les troupes restées au pays ? Elles font l’exercice ?
Elles se préparent ou elles attendent simplement ?
    — Elles ont reçu l’ordre de perdre leur graisse d’hiver
en s’entraînant, seigneur.
    Khasar vit Samuka sourire et il jura à mi-voix.
    — Alors, c’est bien la guerre. Reprends la route que j’ai
tracée et dis à mon frère « Je viens ». Cela suffira.
    — Dois-je ajouter que tu seras là avant la fin de l’été,
seigneur ? demanda l’éclaireur.
    — Oui, répondit Khasar.
    Il cracha sur le sol tandis que l’homme s’éloignait déjà.
    Le frère du khan s’était emparé de toutes les villes à
quatre cents lieues à la ronde, entourant l’empereur de dévastation et coupant
ses lignes de ravitaillement. Pourtant, il lèverait le siège alors que la
victoire était assurée. Sous les yeux écarquillés d’excitation d’Ögödei, Khasar
détourna les siens.
    Il aurait plaisir à revoir ses frères. Il se demanda si
Jelme et Süböteï rapporteraient des richesses comparables à celles qu’il avait
prises aux Jin. Il avait fallu abattre des forêts entières afin de fabriquer
les chariots pour les transporter. Il avait aussi recruté parmi les Jin et
rentrerait avec deux mille hommes de plus qu’à son départ. Mais ce qu’il aurait
voulu rapporter à Gengis, pensa-t-il en soupirant, c’était les os d’un empereur.
Le reste du butin, il s’en moquait.

 
3
    Gengis avait lâché la bride à sa jument dans la vaste plaine
et sur l’animal lancé au galop il sentait l’air chaud gifler sa face et agiter
ses longs cheveux noirs. Il ne portait qu’une légère tunique sans manches qui
révélait un réseau dense de cicatrices blanches sur ses bras nus. Le pantalon
qui serrait les flancs de la bête était élimé, taché de graisse de mouton comme
les bottes souples reposant sur les étriers. Il n’avait pas emporté de sabre, mais
un étui à arc en cuir était attaché derrière sa cuisse droite et un petit
carquois de chasse dont la lanière lui barrait le torse rebondissait sur ses
omoplates.
    L’air était noir de nuées d’oiseaux qui agitaient bruyamment
les ailes tandis que des faucons les perçaient de leurs serres et les
rapportaient à leurs maîtres. Au loin, trois mille guerriers à cheval avaient
formé un cercle et se rapprochaient lentement de son centre en poussant devant
eux tout ce qui vivait. Avant longtemps, l’endroit choisi pour la chasse
grouillerait de marmottes, de cerfs, de renards, de rats, de chiens sauvages et
de milliers d’autres petits animaux. Gengis souriait en songeant au carnage qui
suivrait. Un chevreuil pris de panique traversa le cercle et le khan l’abattit
d’une flèche dans le poitrail. À peine s’était-il effondré en battant des
jambes que Gengis se retournait pour voir si son frère Kachium avait vu le coup.
    La chasse en cercle ne demandait guère d’habileté mais elle
contribuait à nourrir les guerriers quand la viande commençait à manquer. Gengis
y prenait cependant plaisir et accordait des places au centre à ceux qu’il
souhaitait honorer. En plus de Kachium, il y avait Arslan, le premier qui lui
avait prêté serment de loyauté. Le vieux forgeron avait soixante ans et
demeurait mince comme une lame. Il montait toujours bien, quoique avec raideur,
et Gengis le vit toucher un pigeon en vol.
    Tolui le lutteur passa dans le champ de vision du khan, penché
sur sa selle pour assommer une marmotte grasse qui, affolée, filait devant lui.
Un loup surgit de l’herbe haute et le cheval de Tolui broncha, désarçonnant
presque son cavalier. Gengis regarda en riant le colosse faire des efforts pour
recouvrer l’équilibre. C’était une bonne journée et le cercle se resserrait. Une
centaine de ses officiers les plus estimés galopaient çà et là tandis qu’un
flot d’animaux assombrissait le sol. Ils étaient si nombreux qu’ils mouraient
plus souvent sous les sabots des chevaux qu’embrochés par un trait. Les
rabatteurs finirent par se retrouver épaule contre épaule et les hommes
occupant le centre vidèrent joyeusement leur

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