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La chevauchée vers l'empire

La chevauchée vers l'empire

Titel: La chevauchée vers l'empire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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tomber.
    Arslan parlait de mourir. Aucun guerrier mongol ne tombait
de sa selle s’il était encore en vie. Il s’interrompit pour voir si le khan
comprenait son attitude puis poursuivit :
    — Nul ne peut monter éternellement à cheval. Mes
hanches et mes épaules me font mal, mes mains se raidissent aux premiers froids.
C’est peut-être à cause de toutes ces années passées à battre le métal, je ne
sais pas.
    Gengis plissa les lèvres, approcha sa jument pour pouvoir
presser l’épaule de son général.
    — Tu m’as accompagné dès les premiers jours, dit-il
avec douceur. Personne ne m’a servi avec plus d’honneur. Si tu veux vivre en
paix tes dernières années, je te libérerai de ton serment.
    Visiblement soulagé, Arslan inclina la tête.
    — Merci, seigneur khan…
    Lorsqu’il la releva, il était rouge d’émotion.
    — Je t’ai connu quand tu étais seul et traqué. J’ai vu
de la grandeur en toi et j’ai mis ma vie à ton service. Je savais que ce jour
viendrait et j’ai préparé mon second à commander mon tuman. La décision t’appartient,
mais je recommande Djirkoadai pour me remplacer.
    — Personne ne peut te remplacer, assura aussitôt Gengis,
mais j’honorerai ton choix et ta sagesse une dernière fois. Je connais ce
Djirkoadai, celui qu’on surnomme Djebe, la Flèche.
    — En effet. Tu l’as rencontré pour la première fois
lors d’un raid contre le clan de Besudei, il y a fort longtemps. Il a tué ton
cheval.
    — Je pensais bien connaître ce nom ! s’exclama le
khan. Par les esprits, il sait tirer à l’arc. À quelle distance il était ?
Trois cents pas ? Je m’en souviens, j’ai failli m’ouvrir la tête en
tombant…
    — Il s’est adouci mais pas beaucoup. Il t’a été loyal
depuis que tu l’as épargné, ce jour-là.
    — Alors, remets-lui ton paitze d’or et convie-le à la
tente de mon conseil. Nous ferons de la fête une célébration de ta vie. Les
conteurs chanteront tes louanges au père ciel et tous les jeunes guerriers
sauront qu’un grand homme a quitté leurs rangs.
    Il réfléchit tandis que le visage d’Arslan s’empourprait de
nouveau.
    — Tu recevras mille chevaux de mon troupeau personnel
et douze femmes qui seront les servantes de ton épouse. Je t’enverrai trois
jeunes guerriers pour te protéger dans ton vieil âge. Tu ne seras pas seul dans
ta retraite, général. Tu auras aussi assez de moutons et de chèvres pour rester
gras pendant cent ans.
    Arslan descendit de cheval et plaça sa tête sous le pied de
Gengis logé dans l’étrier.
    — Tu me fais beaucoup d’honneur, seigneur, mais j’ai
besoin de très peu. Avec ta permission, j’emmènerai uniquement ma femme et un
petit troupeau de chèvres et de chevaux. Nous trouverons un endroit tranquille
près d’un ruisseau et nous y resterons. Il n’y a plus de voleurs dans les
collines et si par hasard il en restait quelques-uns, mon arc et mon sabre
parleraient pour moi.
    L’ancien forgeron sourit à l’homme qu’il avait connu
adolescent et qu’il avait vu devenir un conquérant.
    — Je me construirai peut-être une petite forge et je
fabriquerai un dernier sabre avec lequel on m’enterrera. J’entends déjà le
bruit du marteau dans ma tête et je suis en paix.
    Les larmes aux yeux, Gengis regardait l’homme qui avait été
comme un deuxième père pour lui. Lui aussi descendit de cheval et serra
brièvement Arslan dans ses bras, ce qui réduisit au silence les enfants
tapageurs autour d’eux.
    — C’est un beau rêve, vieil homme.
     
     
    Les terres entourant l’Orkhon étaient d’un vert plus profond
que partout ailleurs. La rivière elle-même était large et claire. Il le fallait
pour abreuver les deux cent mille hommes et femmes et les quatre cent mille
chevaux qui s’y rejoignirent quand Khasar et Süböteï arrivèrent, à une journée
l’un de l’autre. Sous la férule du khan, le peuple mongol avait crû et il y
avait toujours des enfants braillant quelque part. Depuis son retour de la
capitale jin, Gengis avait établi sur ses berges un camp quasi permanent, délaissant
la plaine d’Avraga. Certes, Avraga serait toujours le lieu sacré où il avait
forgé une nation, mais c’était une terre plate et sèche alors que près de son
camp actuel une chute transformait les eaux de l’Orkhon en écume blanche et les
troupeaux pouvaient boire leur content. Gengis avait souvent nagé dans ses
bassins profonds alors qu’il était

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