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La Chimère d'or des Borgia

La Chimère d'or des Borgia

Titel: La Chimère d'or des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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chambre qui était devenue la sienne à Chelsea ?
    — Une façon comme une autre de vous remercier d’avoir mis à ma disposition cette adorable maison… Et puis peut-être devriez-vous voir dans ces moments – délicieux, j’en conviens – une sorte de répétition générale en prévision de la vie qui pourrait être la nôtre ?
    Il avait tout de même accusé le coup.
    — Une quoi ?
    Elle avait alors pris un air mutin et lui avait donné un baiser.
    — Pardonnez à l’artiste que je suis d’avoir employé un terme familier ! Voyez-vous, je n’ai pas l’intention de courir le monde pendant encore des années et je veux être sûre de trouver le bonheur auprès du compagnon que je choisirai ! Ne vous hérissez pas, carissimo mio ! Vous avez toutes les chances d’être celui-là. Aussi pardonnez-moi ma franchise, même si elle vous paraît un peu brutale !
    — Mais je vous aime, Lucrezia ! Et si…
    Elle posa ses doigts sur ses lèvres.
    — Chut ! Sachez attendre et n’en demandez pas plus pour le moment ! Lorsque je viendrai à vous, ce sera pour toujours et il n’y aura plus de Torelli ! Rien que Lucrezia… votre femme !
    — Je serai l’homme le plus heureux du monde… mais, en ce cas, pourquoi n’en finissez-vous pas avec ce Wishbone qui vous suit partout comme un cocker barbu ?
    — Placido Rognoni, mon imprésario, nous suit aussi partout et je dois honorer mes contrats. Je vous promets d’ailleurs de n’en pas signer d’autres ! Quant à ce brave vacher texan, je vous rappelle qu’il doit m’apporter la Chimère à laquelle je tiens tant !
    — Et s’il vous la rapporte, vous devrez l’épouser !
    — Bien sûr que non ! Je la lui rachèterai… sans problème ! Je suis très riche, vous savez ?
    — Alors qu’il se mette à sa recherche, sacrebleu ! Ce n’est pas en tournant autour de vous qu’il la trouvera !
    — Je vous rappelle qu’il a chargé de cette recherche votre si précieux ami Morosini – raison pour laquelle j’ai renoncé à vous la demander, à vous ! – mais à vrai dire, il ne semble pas s’en soucier beaucoup.
    — À mon avis, il ne s’en occupe même pas du tout !…
    — Je ne veux pas le savoir ! Cornélius m’a promis la Chimère et je m’en tiens là ! Donc… faites un effort pour être gentil avec lui !
    — Que je le sois ou non, il s’en fiche complètement !
    — C’est exact, mais tant que je n’en ai pas fini avec cette existence quasi errante, je tiens à le garder : il s’entend si bien à simplifier pour moi les petites tracasseries de la vie quotidienne ! soupira-t-elle en s’étirant avec une grâce féline. Je vous en prie, laissez-le-moi encore un peu !
    Ce qu’elle appelait les petits soucis de la vie quotidienne, c’étaient des fleurs tous les matins, une Rolls avec chauffeur à sa disposition de jour comme de nuit, un compte ouvert chez le meilleur traiteur quand elle souhaitait rester chez elle et quelques autres détails du même genre qui mettaient Adalbert hors de lui, parce que le Texan ne se départait jamais d’une inusable bonne humeur qui devait lui être naturelle et qu’il n’aurait jamais eu l’idée de croiser le fer contre un rival envers lequel il n’usait que de bons procédés.
    — Nous tentons tous les deux de conquérir la déesse, lui déclara-t-il un jour où le Français, exaspéré, essayait de lui chercher noise. Chacun ses armes, voilà tout ! Vous c’est la maison, moi c’est le reste !
    Et quel reste !
    Difficile de répondre à cela en lui appliquant une paire de claques ou en l’expédiant par la fenêtre. Aussi Adalbert n’arrivait-il pas à pardonner sa défection à Théobald qui, à lui seul, constituait un cadeau royal et aurait implanté chez sa bien-aimée un centre d’informations inappréciable ! Mais non ! La divine Lucrezia ne plaisait pas à Monsieur qui lui avait préféré la culture des asperges chez son jumeau à Argenteuil ! Impavide, Wishbone l’avait remplacé par un « butler » digne de régenter un palais impérial dans une maison où il prit les rênes en main, secondé par Renata, la femme de chambre, et une autre de ménage qui venait tous les matins. L’accompagnateur Giacomo vivait là, lui aussi.
    En dépit de l’espèce de sortilège qui le tenait captif, il y avait des moments où Adalbert se sentait seul, même s’il suivait sa sirène à peu près partout. C’était au cœur de la nuit quand il se retrouvait dans sa chambre au Savoy avec

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