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La Chimère d'or des Borgia

La Chimère d'or des Borgia

Titel: La Chimère d'or des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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moyens ! Tu penses à quoi, Langlois ?
    — Peut-être à la mafia ? Ceux dont elle dispose semblent illimités !
    — Et tu vas offrir tous ces tuyaux à ces messieurs de la presse ?
    — Évidemment non. Seulement les mettre en face de leurs responsabilités. S’il reparaît un jour, Morosini pourrait se faire une fortune en les attaquant en diffamation ! Une perspective qui devrait donner à réfléchir aux torchons besogneux que j’ai convoqués en même temps que les grands.
    — Surtout, susurra le vétéran, qu’il y en a un parmi ceux-là qui pourrait se reconnaître. Tu n’as pas lu Le Figaro de ce matin ?
    — Pas eu le temps !
    — On peut lire – en page 7 – un petit papier fort bien écrit, ma foi !…
    — Tout le monde écrit bien dans Le Figaro !
    — … et signé par un certain Frédéric Simonnet qui juge bon – Dieu sait pourquoi ? – de rappeler que Morosini a été soupçonné d’être impliqué dans les meurtres de Chinon : Van Tilden et son ancien serviteur. Ça m’étonne un peu que son rédacteur en chef ait laissé publier cet article…
    — D’autant que Simonnet remplace plus ou moins Michel Berthier pendant sa convalescence. Berthier qui, lui, est un ami de Morosini. Il y a là un détail qu’il faudra éclaircir… De toute façon, demain, on va remettre de l’ordre dans les idées de ces messieurs !
     
    — Enfin ! s’écria Marie-Angéline en rejetant le dernier des journaux qu’elle avait achetés en sortant de Saint-Augustin et qu’elle avait étalés sur le lit de M me de Sommières. Enfin ces imbéciles ont vu la lumière ! Il était grand temps !
    — Ils ne l’ont pas vue tout seuls ! On dirait que notre ami Langlois leur a apporté une aide vigoureuse ! C’est pratiquement lui qui a signé tous les articles de tête !
    En effet, sur trois colonnes à la une, les quotidiens annonçaient quelques variantes suivant la couleur politique : la sévère mise au point du commissaire principal Langlois mettant les divers rédacteurs en face de leurs responsabilités qu’il n’hésitait pas à qualifier de criminelles vis-à-vis de familles plongées dans l’angoisse. « Nous avons acquis la certitude que Mrs Belmont comme le prince Morosini ont été victimes d’enlèvements qui n’ont pas eu lieu le même jour ! Il importe donc d’en finir avec les “romances” plus ou moins grivoises et de laisser la police travailler en paix »…
    — Bon ! Enlevez-moi ce tas de papiers, intima la marquise en ôtant ses lunettes, et faites monter le petit déjeuner ! J’ai faim et je ne sais pas ce que fabriquent Cyprien et Louise !
    La vieille fille eut un petit rire.
    — Ils font comme nous : ils lisent les journaux que Cyprien est allé chercher de son côté.
    Puis s’asseyant sans façon sur le bord du lit :
    — Cette belle unanimité va faire du bruit ! Pensons-nous qu’elle en fera assez pour traverser la Manche ?
    — Je pense que oui. Cette espèce de mobilisation générale doit être relayée par la presse londonienne et le sera aussi en Amérique.
    Les plateaux ayant fait leur apparition, il y eut un silence. Puis :
    — À propos d’Amérique, comment se fait-il que Mr Belmont ne se soit pas encore manifesté ?
    — Il n’avait guère de raisons tant qu’il s’agissait d’une aventure, Pauline étant d’âge à se gouverner toute seule… À présent, on va sûrement avoir de ses nouvelles !
    — À moins qu’il ne soit parti en croisière sur l’un de ses chers bateaux ?
    — En décembre ?
    — Pourquoi pas ? C’est un vrai loup de mer ! En outre… et en ce qui me concerne, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas naviguer en décembre ! Il suffit d’avoir l’estomac solide !
    — Comme le vôtre, par exemple ? Je suis certaine que… franchir le Pas-de-Calais ne vous causerait aucune gêne !
    Devenue soudain ponceau, Plan-Crépin fit toute une affaire de chercher son mouchoir qui était cependant à sa place habituelle dans sa manche gauche. L’ayant enfin trouvé, elle se contenta de renifler puis soupira.
    — J’avoue que j’en meurs d’envie !
    — Pour aller mettre Adalbert en face de ce que vous considérez comme son devoir ? Mais ma pauvre petite, si je pensais qu’il y ait la moindre chance qu’il vous écoute, je vous aurais déjà expédiée… moi aussi d’ailleurs, parce que aucune traversée, même par gros temps, ne m’a jamais rebutée. Mais nous ne ferions que nous couvrir de ridicule ! Londres n’est pas si

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