Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Chimère d'or des Borgia

La Chimère d'or des Borgia

Titel: La Chimère d'or des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
Warren darda sur lui son œil jaune.
    — Vous en voyez un autre ? Un individu étrangement bien renseigné a dû prévenir la Torelli qu’on allait l’appréhender ce matin ! Pour meurtre !
    C’en fut trop pour le malheureux ! Il pâlit, verdit, sa bouche s’ouvrit, cherchant l’oxygène, et il se serait abattu sur le tapis si Warren ne l’avait saisi au vol et assis dans un fauteuil où il dénoua sa cravate, ouvrit le col de sa chemise et lui appliqua plusieurs paires de claques en réclamant un verre de scotch… Encore dut-il desserrer les dents avec la pointe d’un couteau pour réussir à faire couler quelques gouttes dans la bouche.
    — Bonté gracieuse ! s’exclama-t-il à l’adresse de son assistant qui l’aidait de son mieux. Je ne pensais pas lui causer un tel choc !
    — Preuve qu’on ne sait jamais ! Ce sont parfois les plus costauds qui encaissent le plus mal ! Vous voulez que j’appelle un médecin, sir ?
    — Essayons encore le whisky, on verra après… S’il y résiste, c’est qu’il relève des urgences !
    Mais la panacée nationale opéra un miracle de plus ; Adalbert commença par tousser, cracher pour finalement tâtonner à la recherche du verre – et pas un petit ! – dont il avala le contenu d’un trait.
    — By Jove ! admira l’inspecteur. Quelle descente !
    — Oh ! Je l’ai déjà vu faire mieux ! Il mériterait d’être écossais ! Retirez-vous à présent, Parnell ! Ce que je vais lui raconter ne sera pas plus agréable à entendre ! Aussi laissez la bouteille !… Et fermez la porte ! Je ne veux pas être dérangé !
    Le silence régna un moment. Warren contemplait sa victime revenir à la vie très lentement, plus sonné sans doute que si, sur un ring, on l’avait mis knock-out. Il en était à se demander s’il ne devrait pas tout de même faire venir un médecin, quand Adalbert tendit son verre pour se faire resservir, avala une partie du contenu, garda l’autre et interrogea d’une voix curieusement détimbrée :
    — Qui l’accuse-t-on d’avoir tué ?
    — La marquise d’Anguisola, au cours du naufrage du Titanic . Le commissaire principal Langlois m’a appelé tout à l’heure pour m’apprendre que la femme de chambre de Mrs Belmont, Helen Adler, poignardée au Ritz sous les yeux de Morosini après avoir acheté un journal et tombée dans le coma à la suite de cet attentat, en était sortie…
    — Quoi ? explosa Adalbert. Elle ne doit pas avoir les idées claires après si longtemps. Et, tout d’un coup, elle accuse Lucrezia de meurtre ? Ça ne tient pas debout ! D’abord, le Titanic , ça remonte à vingt ans ! Lucrezia était une gamine à l’époque ! Elle ne devait pas avoir beaucoup plus de…
    — Dix-neuf ans ! Elle approche la quarantaine à présent même si, j’en conviens, elle le cache admirablement ! En outre, elle était inscrite sur la liste des passagers, partageant un appartement sur le pont supérieur avec un certain Catannei dont elle était la maîtresse et qui la gardait sous clef. Elle ne l’a pas quitté de toute la traversée…
    — Sauf pour aller assassiner une femme déjà âgée à un moment où régnait la panique ? Comme c’est vraisemblable ! Quant à cette Helen…
    — J’aurais juré que vous refuseriez de me croire ! Mais vous devriez me connaître assez pour savoir que je ne déploie pas les forces de police et ne me dérange pas sur une vague dénonciation ou un on-dit ! De toute façon, Langlois se dispose à franchir le Channel pour me communiquer ce dont il dispose. Et vous l’avez vu trop souvent à l’œuvre pour douter un seul instant de son sérieux ! Comme du mien ! Et je vais devoir vous interroger.
    — M’interroger ? Mais que voulez-vous que je vous dise ? émit le malheureux de mauvaise grâce et déjà sur la défensive. Je n’étais pas sur le Titanic, moi !
    Son œil froid rivé au rebelle, Warren extirpa sa pipe de sa poche, la bourra tranquillement, l’alluma, aspira deux ou trois bouffées et finalement soupira en s’adossant à la cheminée.
    — Écoutez, mon vieux : ici – autrement dit, chez vous ! – on peut encore s’expliquer sur le plan amical mais si vous préférez mon bureau au Yard, je vous laisse une convocation en bonne et due forme et je rentre ! Choisissez, mais choisissez vite ! Je n’ai pas de temps à perdre !
    Comprenant qu’il prenait la mauvaise direction, Adalbert rendit les armes.
    — Que voulez-vous savoir ?
    — Quand vous l’avez connue… et

Weitere Kostenlose Bücher