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La Chimère d'or des Borgia

La Chimère d'or des Borgia

Titel: La Chimère d'or des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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l’passage Gatbois qu’est parallèle…
    — Ça, je sais ! Je connais mon métier !
    Le garçon se mit à rire.
    — T’as pourtant pas dû faire que çui-là ! T’es un Russko, pas vrai ? Souvent généreux !… Non, attends encore un brin ! fit-il. Qu’au moins t’en aies pour ton fric ! Alors, j’accouche : les clients ont fait qu’changer de voiture. D’l’autre côté, y a une maousse bagnole noire… et un autre chauffeur, mais lui il habite pas là tout l’temps. Sa tire non plus. C’est pas la peine d’aller voir : ont sûrement démurgé.
    Fédor leva les yeux vers une fenêtre qui venait de s’éclairer.
    — Alors, là-haut, c’est le Rital, comme tu dis ? Il y a quelqu’un d’autre ?
    — Non, il est tout seul. Pourquoi ? ajouta-t-il en voyant son nouvel ami fourgonner dans sa boîte à outils. T’as pas l’intention de…
    — De monter faire sa connaissance ? Tout juste, mon gars ! Quant à toi, tu n’as rien vu et tu disparais ! conclut-il en lui octroyant une deuxième pièce qui lui valut un large sourire.
    — J’ai rien vu, d’accord !… Mais laisse-moi tout de même regarder un p’tit peu ? L’Rital, j’l’ai pas à la bonne ! C’t’un teigneux qui joue du couteau facile…
    — Merci du renseignement ! Allons-y !
    Parmi une longue lignée de magistrats et de boyards, Fédor comptait sans doute un serrurier car la porte du garage ne lui résista qu’une demi-minute, suscitant ainsi chez son nouvel ami un profond respect. Le taxi en effet était là mais, sur le côté du garage, s’ouvrait un escalier en bois, qui eut le bon esprit de ne pas protester quand Fédor lui imposa son poids.
    Il débouchait dans une pièce meublée de l’essentiel sur laquelle ouvrait une chambre de dimensions modestes, où le Rital s’occupait à se déshabiller en s’y encourageant à l’aide du contenu d’une bouteille posée par terre.
    Comme il tournait le dos à la porte, il n’eut pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait : Fédor l’assomma d’un maître coup de poing, puis le ligota avec une corde qu’il avait apportée, le bâillonna de son mouchoir et d’un chiffon, et, finalement, le balança sur son épaule comme un prosaïque fagot de bois.
    — Voilà ! fit-il, hilare, à l’intention de son associé fortuit béat d’admiration. Et maintenant on y va !
    — Où ça ?
    — Tu en sais suffisamment ! En revanche, dis-moi, comment tu t’appelles ?
    — Pignon, Baptiste ! J’habite au-d’sus du Chinois d’en face !
    — Facile à retenir ! C’est ce que les Français appellent avoir pignon sur rue ! rigola le Russe. Éteins maintenant, on descend !
    — C’est quoi, ton blaze à toi ?
    — Fédor Razinsky ! C’est moins facile à retenir, mais si un jour tu as besoin de moi, je serai toujours à ton service…
    — On te trouve où ? Au cas…
    — Boulevard du Temple, le bistrot qui est à côté du Cirque d’Hiver. C’est autant dire ma… cantine ! Ou alors à la G7…
    Sa capture dûment coincée entre le siège arrière et la cloison vitrée de séparation, Fédor tendit au garçon une large main que celui-ci prit sans hésiter, puis demanda :
    — T’aurais pas dans l’idée d’le transbahuter chez les poulets ?
    — Si. Tu as quelque chose contre ?
    — Oh, non ! On serait même plutôt potes !
    — En tout cas, si tu remarques ici des trucs bizarres, n’hésite pas à me prévenir ! Il pourrait y en avoir d’autres ! conclut-il en tirant une troisième pièce de sa poche.
    Baptiste émit un sifflement admiratif !
    — Pffuii ! T’es un vrai prince, toi !
    Fédor haussa des épaules résignées.
    — Je l’ai été jadis… mais ça fait une trotte !
    Et démarra en douceur pour rejoindre la rue de Chalon.
    On devait se raconter encore longtemps au Quai des Orfèvres l’arrivée triomphale de Fédor Razinsky portant sur une épaule comme une simple musette un bonhomme inerte – il avait dû le renvoyer au pays des rêves quand il l’avait extirpé de sa voiture ! – qu’il déposa délicatement sur le bureau de l’inspecteur Sauvageol sidéré en déclarant :
    — Tenez ! C’est le faux chauffeur de taxi ! Je l’ai un brin abîmé mais il devrait en avoir beaucoup à vous raconter ! Suffira de le faire parler !…

12
Les cloches de Noël
    Quand le Calais-Paris s’arrêta au quai n° 4 en gare du Nord à Paris, Adalbert eut l’impression de revenir d’une odyssée interplanétaire et d’atterrir en pays inconnu. Peut-être à

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