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La Chimère d'or des Borgia

La Chimère d'or des Borgia

Titel: La Chimère d'or des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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cause de la foule surexcitée qui l’environnait. On était le 24 décembre, veille de Noël, et l’air était plein d’appels, de cris et d’embrassades entre ceux qui arrivaient et ceux qui les attendaient. Tous anticipaient la fête et, s’il n’y avait eu Tante Amélie et Plan-Crépin, il se fût senti affreusement seul avec la lourde déception que lui infligeait son rêve brisé.
    Eux aussi d’ailleurs, on les attendait. Droit comme un I dans son impeccable tenue de chauffeur, Lucien était sur le quai pour prendre les bagages – assez légers ! – des femmes. Pour les valises et la malle de leur compagnon, beaucoup plus encombrants, il avait retenu les services d’un taxi et de deux porteurs.
    Après leur avoir demandé s’ils avaient fait bon voyage avec un large sourire de bienvenue à l’adresse de l’enfant prodigue, il les guida en direction de la sortie, puis vers le trottoir le long duquel stationnaient les voitures sous la garde de l’automédon parisien. Lequel, planté devant la vénérable mais rutilante Panhard et Levassor, semblait fasciné.
    Les dames prirent place mais, au moment de monter, Adalbert se récusa :
    — Le plus simple est que j’aille déposer tout ce fourniment chez moi et me changer.
    — Mais n’oubliez pas que nous vous attendons pour dîner ! rappela Marie-Angéline.
    — N’ayez crainte ! À 8 heures pile, je serai là !
    Tandis que son conducteur l’emmenait vers le quartier Monceau et sa rue Jouffroy, Adalbert, tassé dans son coin, pensait que ce retour-là n’aurait aucun point commun avec ceux de naguère. D’où qu’il revînt, il était toujours ravi de rentrer chez lui dans son vaste appartement fleurant bon l’encaustique, le tabac fin et, surtout, certains effluves délectables issus de la cuisine. Or il n’y aurait rien de tout cela, sauf peut-être la cire, mais en aucun cas la senteur divine d’un gâteau en train de cuire ou d’un salmis de bécasses… Seuls l’obscurité, le froid, les meubles couverts de leurs housses et la solitude l’attendaient. De quoi pleurer !… Peut-être vaudrait-il mieux pour son moral – et pour cette nuit seulement, bien sûr ! – aller coucher au Royal Monceau peu éloigné… à condition d’y trouver de la place ce soir !
    Quand le taxi stoppa devant sa porte, il leva les yeux vers ses fenêtres aux volets clos, pénétra dans le vestibule afin de requérir l’aide du concierge mais à la porte de la loge un écriteau annonçait qu’il s’était absenté. Décidément, la maison était déserte et son humeur se fit plus noire.
    Avec l’assistance de son chauffeur, il entassa ses bagages au pied de l’escalier et quelques-uns dans l’ascenseur, paya royalement cet homme serviable qui lui souhaita « Joyeux Noël ! », répondit de même et entra dans la cage vitrée… pour monter à son premier sur entresol.
    Enfin il se retrouva devant sa porte, chercha ses clefs, les fit tomber au moment précis où la minuterie s’éteignait, le laissant dans une quasi-obscurité.
    — M… ! jura-t-il en se mettant à la recherche du bouton d’allumage… qui ne se s’alluma pas !
    Déversant une série d’imprécations, il tâtonna pour retrouver ces fichues clefs quand un rai lumineux filtra sous la porte qui s’ouvrit.
    — Mon Dieu ! compatit Théobald en l’aidant à se relever. Mais pourquoi Monsieur n’a-t-il pas sonné ?
    — Tu es là, toi ? Par quel…
    Il allait dire « miracle » mais il se retint, essayant de se rappeler sa colère quand son fidèle majordome lui avait rendu son tablier à Londres. Au lieu de ça, il en aurait pleuré de joie ! Derrière Théobald, la maison s’était éclairée et, de la cuisine, parvenait une alléchante odeur de truffes…
    Tandis que celui-ci se mettait en devoir de rapatrier tous les bagages, Adalbert fit le tour de son appartement. L’ordre y était parfait. Il y avait des fleurs, le feu flambait dans les cheminées, y compris dans son cabinet de travail rangé comme il ne l’avait pas été depuis longtemps. Avec béatitude il retrouva son vieux fauteuil de bureau où il se laissa aller tout en posant un regard affectueux sur les beaux objets égyptiens, fruits de son labeur, qui ornaient avec tant d’élégance ce qui était son temple à lui. Surtout une tête de femme du Moyen Empire qu’il aimait particulièrement… Ne lui manquait plus pour être au paradis que sa vieille veste d’intérieur à brandebourgs et ses

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