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La Chimère d'or des Borgia

La Chimère d'or des Borgia

Titel: La Chimère d'or des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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à la bestiole ! Tu en sais autant que moi.
    — Tu abandonnes ?
    — Non sans un certain soulagement ! Cet objet ne m’a jamais franchement attiré. Le monstre qui la portait d’abord, le sang versé ensuite… tâche de ne pas y verser le tien ! Et de faire bon ménage avec Wishbone ! C’est lui aussi quelqu’un de bien. Malheureusement il se fourvoie et tu t’apprêtes à l’imiter ! Je te souhaite bonne chance !
    — Va au diable ! Et surtout restes-y !
    Morosini sortit du bureau en fermant calmement la porte derrière lui… Au bout de la galerie il rencontra Théobald, visiblement soucieux.
    — Monsieur le prince s’en va ?
    — Oui, Théobald, c’est préférable.
    Spontanément, il tendit une main que le fidèle valet serra avec déférence. Puis ajouta avant de franchir le seuil :
    — Prenez soin de lui !… Et, au cas où cela tournerait mal, appelez-moi !
    Il rentra rue Alfred-de-Vigny en traversant le parc Monceau à peu près désert, à l’exception des jardiniers occupés à ramasser les dernières feuilles mortes. Le ciel gris déversant un crachin à la mode de Bretagne n’incitait guère à la promenade mais s’accordait si justement à l’humeur d’Aldo qu’il prit un certain plaisir à parcourir les allées silencieuses, les mains au fond de son Burberry’s. Une sorte de nostalgie s’y mêlait comme si, ce parcours, il le faisait pour la dernière fois, et il pouvait s’avouer sans honte qu’il avait envie de pleurer…
    Il trouva Tante Amélie seule dans un petit salon voisin du jardin d’hiver où elle avait fait allumer du feu dans la cheminée de marbre blanc. Une tasse de café devant elle et dans un froissement de papier plus que sonore, elle parcourait les journaux du jour, sourcils froncés, les expédiant à terre l’un après l’autre après les avoir effleurés, comme si elle leur en voulait personnellement. L’élégant face-à-main d’or serti d’émeraudes avait fait place à une démocratique paire de lunettes.
    — Si tu veux un café, sonne Cyprien ! conseilla-t-elle. Tu pourras aussi en demander pour moi : celui-ci est froid !
    — On peut savoir ce que vous cherchez, Tante Amélie ?
    — Je n’ai plus besoin de chercher ! Je trouve plus que je n’en voudrais ! Les plumitifs de ces canards n’ont rien d’autre à se mettre sous la dent pour intéresser leurs lecteurs que les excentricités de cette Torelli ? On la voit partout ! Et on l’encense ! Et l’on crie au miracle ! Que de fleurs ! Que de fumées volatilisées pour rien ! En revanche, ta propre réputation en prend un coup, comme on dit chez les voyous ! Enfin je te fais grâce du détail ! Et Adalbert ?
    — À peu près le même qu’à l’époque d’Alice Astor. En pire, peut-être ! Non seulement c’est une beauté – ce qui est vrai d’ailleurs ! – mais aussi elle a une voix d’ange et il est subjugué ! J’espérais pourtant que son aventure avec la Reine inconnue le mettrait à l’abri de ce genre de mégère. Parce que c’en est une ! J’en jurerais ! Au fait, où est Plan-Crépin ?
    — Je ne sais pas si elle apprécierait ton rapprochement entre elle et une mégère ! Elle est à l’église.
    — Elle ne va plus à la messe de 6 heures ?
    — Si, mais elle est tout de même retournée à Saint-Augustin. Il y a « Adoration Perpétuelle » et je la soupçonne d’en profiter pour glisser un mot à saint Michel, son archange favori, pour qu’il s’occupe un peu de la Torelli.
    — Ne me dites pas qu’elle prie pour elle ?
    — Tu n’y es pas ! C’est l’épée flamboyante qui l’intéresse. Elle aimerait la voir s’abattre un bon coup sur une femme en qui elle voit un suppôt de Satan. Qu’Adalbert en soit tombé amoureux, c’est plus qu’elle n’en peut supporter. J’avoue que je ne lui donne pas tort. Et toi, tu t’en vas ! ajouta-t-elle tristement.
    — Je ne vois pas ce que je pourrais faire d’autre ! Adalbert n’attend que ça ! Mais rassurez-vous, Tante Amélie, j’ai dit à Théobald de me prévenir en cas de danger et je reviendrai. Quant à Marie-Angéline, il faudrait savoir ce qu’elle veut. Durant tout mon séjour elle m’a fait la tête parce qu’elle redoute Pauline et maintenant elle voudrait que je reste ?
    — Bah ! Elle est incohérente comme pas mal de femmes. Quelques hommes aussi d’ailleurs et tu es du nombre.
    — Moi ? Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
    — Pauline, justement ! J’avoue que je l’aime bien… mais toi

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