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La Chimère d'or des Borgia

La Chimère d'or des Borgia

Titel: La Chimère d'or des Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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où avais-tu disparu ? Tu as raté ton train ou quoi ?
    — Du tout ! J’étais bel et bien dedans mais j’ai eu une mauvaise nuit consécutive à une autre où je me suis brouillé avec Adalbert !
    — Encore ? Cela devient une habitude ! La raison, cette fois ?
    — Une raison qui ne mérite pas ce nom : la Torelli ! Il est tombé amoureux fou et comme, moi, j’ai eu des mots avec la dame, il m’a autant dire fichu à la porte quand j’ai voulu arranger les choses avant de partir. Mais je te raconterai. Demain matin, je te rejoins !
    — Non, ne fais pas ça ! C’est inutile, surtout si tu es encore mal fichu. Tu n’as pas besoin d’une nouvelle nuit blanche…
    — La dernière ne l’a pas été et je te finis mon histoire. Après le passage des montagnes, je me suis senti devenir vraiment patraque : maux de tête, vagues nausées… je ne voulais pas débarquer chez nous vert comme une laitue. Et comme vous ne m’attendiez pas, j’ai quitté le train à Milan ou, après un tour chez le pharmacien, j’ai échoué au Continental. Voilà !
    Il eut l’impression qu’au bout du fil Lisa avait émis un léger soupir de soulagement aussitôt suivi de son rire, aussi cristallin que d’habitude.
    — Il faudrait peut-être songer à te ménager un peu, mon chéri ?
    — Traite-moi de vieux croûton tant que tu y es !
    — Toujours les grands mots ! Plus sérieusement, il faudrait que tu cesses de prendre feu pour le premier joyau plus ou moins sanglant que l’on vient t’agiter sous le nez ! Et à ce propos, qu’as-tu fait de ton Texan ?
    — Wishbone ? Il a entamé un duo avec Adalbert aux pieds de la madone du bel canto. J’espère que ça ne finira pas en duel !…
    Une friture vint grésiller sur la ligne annonçant une prochaine interruption. Aldo accéléra :
    — On va nous couper. Si tu ne veux pas que je vienne, quand rentres-tu au bercail ?
    — Dans quelques jours. Je veux être sûre, pour Papa, qu’il ne s’agissait que d’une fausse alerte. De toute façon, on se rappelle ! Dors bien, mon cœur !
    Et Lisa raccrocha.
    — On dirait que ça va mieux ? demanda Guy en refermant l’horaire des trains qu’il était allé chercher.
    — On en est quitte pour la peur, mon cher ami ! Et puisqu’une fois de plus je me retrouve célibataire, nous allons aller déguster une ou deux langoustes chez Montin !
    — Est-ce bien raisonnable ? Vous venez d’avoir des ennuis de digestion, si mon diagnostic est exact ?
    — Foutaise, mon ami ! Notre ciel est redevenu bleu et nous allons trinquer à la santé de Moritz Kledermann, mon merveilleux beau-papa !
    Aldo se sentait incroyablement joyeux tout à coup ! Sans doute pour avoir senti d’un peu près le vent du boulet. Et, en regagnant ce soir-là son lit solitaire, il se jura que plus aucune sirène – fût-elle aussi adorable que Pauline – n’y viendrait occuper la place de Lisa.
    Il fut tenté cependant d’appeler, anonymement, le Ritz pour savoir si elle était bien rentrée, mais à la réflexion s’en abstint. Sa voix pouvait être reconnue et il n’était pas censé être au courant des faits et gestes de la belle Américaine. Et comme il n’y avait aucune raison pour qu’il lui soit arrivé quoi que ce soit, le mieux était de se remettre au travail sans plus tarder, en montrant à son ancien précepteur les achats effectués en salle des ventes à Paris. C’était toujours pour lui une joie sans mélange que manier des pierres chargées d’histoire. Il admira en particulier le collier composé d’un gros rubis, de deux émeraudes et d’une très belle perle en poire réunis par des entrelacs d’or semés de perles plus petites.
    — Vous pensez réellement que c’est celui que François I er a fait exécuter pour Éléonore d’Autriche au moment de leur mariage ?
    — Où voyez-vous un doute ? C’est un travail français et les pierres étaient encore dans les joyaux de la Couronne lors du vol du Garde-Meuble…
    — J’ai pourtant l’impression qu’elles ont été desserties et remontées !
    — C’est possible, après tout. Il va falloir s’en assurer avant de prévenir le baron Ellenstein. Mais comme ce sont principalement les pierres qui l’intéressent, cela ne devrait poser aucun problème. Quant à l’enseigne aux chevaux du soleil, on a la certitude du nom de l’artiste qui l’a ciselée…
    — Benvenuto Cellini, bien sûr…
    — Une pure merveille ! J’ai eu d’ailleurs quelque peine à l’emporter !

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