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La chute de l'Empire Romain

La chute de l'Empire Romain

Titel: La chute de l'Empire Romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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le corps embaumé de l’empereur mort était assis dans un cercueil d’or, placé sur une estrade au centre de la cathédrale de Milan, en cette fin janvier de l’an 395.
    Ambroise, l’archevêque, implorait la paix éternelle pour celui, disait-il, dont la vie n’avait été qu’un combat pour Dieu et l’Église.
    On scellait le cercueil puis on le descendait de l’estrade, et Ambroise exhortait les soldats rassemblés sous les voûtes à garder une foi inviolable aux enfants de Théodose.
    Galla Placidia était l’une de ses enfants.
    Elle tentait d’ouvrir la bouche, mais si elle y parvenait elle avait l’impression que sa gorge était remplie de terre.
    Le cercueil était resté quarante jours dans la cathédrale. Et quarante-cinq ans plus tard, chaque nuit, il écrasait la poitrine de Galla Placidia. Elle imaginait le corps putréfié.
    Elle se souvenait de l’homélie d’Ambroise et, brusquement, Galla se débattait.
    Elle n’entendait plus Ambroise mais Symmaque.
    Il affirmait qu’en ordonnant la fermeture des temples païens et donc de l’autel de la Victoire, édifié des siècles auparavant à l’entrée du Sénat, l’empereur avait condamné l’Empire à la défaite et à la décadence. Car les dieux romains avaient décidé de se venger.
    Le dieu de Théodose, le catholicisme détruisaient l’Empire romain.
    Et n’avaient-ils pas commencé à le faire ? L’armée romaine n’avait-elle pas été vaincue à Andrinople ?
    Et voici que s’avançait un nouvel ennemi, Alaric, que les tribus des Goths venaient d’élever au commandement suprême de leurs nations. Alaric, né dans l’île de Peucé, à l’embouchure du Danube, était issu de la race sacrée des Balthes, dans laquelle les Wisigoths choisissaient leurs rois. Et Alaric le hardi avait appelé les autres Barbares à le rejoindre.
    Dans l’hiver de l’an 401, des bandes de Huns, d’Alains, de Sarmates franchissaient avec leurs chariots le fleuve souvent gelé pour pénétrer dans l’Empire avec le peuple des Wisigoths.
    Ces Barbares, ces pillards rêvaient d’un grand butin.
    Et l’avant-garde d’Alaric venait déjà battre les murs de Constantinople.
    Arcadius, l’empereur d’Orient, se terrait au fond de son palais dans les bras de ses eunuques et de sa femme, Eudoxie, celle qu’on surnommait la Barbare.
    Galla Placidia avait vécu ces événements dans l’innocence de l’enfance, avec pour seul guide son intuition, et pour précepteurs Symmaque et les vieux sénateurs, fidèles à la Rome impériale.
    Quant aux habitants de Constantinople, Galla Placidia avait vu les plus riches d’entre eux se réfugier à Rome, tremblants d’épouvante.
    D’autres espéraient profiter de la menace barbare pour prendre le pouvoir, se débarrasser de cet empereur qui ne se complaisait qu’en la compagnie des eunuques et de leur maître, Eutrope, le grand chambellan veillant sur la « chambre sacrée » d’Arcadius.
    Eutrope était esclave et fils d’esclave. Son propriétaire − pour le vendre plus cher − l’avait fait opérer par un Arménien afin d’en faire un eunuque valant un bon prix.
    Et il y avait Rufin le Gaulois, rival d’Eutrope, et fou de pouvoir, désireux de chasser Arcadius, et pour cela prêt à rechercher l’alliance avec le Wisigoth Alaric.
    Puis, devenu maître de l’empire d’Orient, il attaquerait l’empire d’Occident et tuerait Stilicon, qui lui-même inspirateur de l’empereur d’Occident, Honorius, tentait d’acheter Alaric !
    « Stilicon ! s’était écrié Rufin, tant qu’un souffle de vie me restera, fais choix d’une épée bien longue si tu prétends m’atteindre ! »
    Tel était l’Empire romain, celui d’Occident et celui d’Orient, alors que Galla Placidia n’était qu’une enfant de dix ans ! Et elle revivait ce temps-là comme un cauchemar. Elle se mordait les lèvres et léchait le sang qui perlait, tiède et épais.

8.
    Le sang, Galla Placidia l’avait vu couler tout au long de sa vie.
    Autour d’elle, enfant, on avait égorgé, empalé, poignardé, décapité, livré aux chiens plus souvent qu’aux grands fauves.
    Elle avait appris que le sang d’un citoyen romain est aussi rouge que celui d’un esclave ou d’un Barbare, et qu’en séchant sur les dalles de marbre des palais, les pavés ou la terre, il vire au noir.
    Ce sang, la nuit, elle avait l’impression d’en être recouverte.
    Elle s’affolait, envoyait un esclave au palais de son

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