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La chute de l'Empire Romain

La chute de l'Empire Romain

Titel: La chute de l'Empire Romain Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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écouté, s’efforçant de demeurer impassible, devinant, masquée par l’enthousiasme des propos d’Honorius, l’inquiétude de l’empereur.
    Il n’avait pas de descendant. Il pouvait craindre qu’on ne le chasse du trône, qu’on n’arrache sa pourpre et qu’on ne le tue.
    Elle avait senti qu’une sorte d’effroi saisissait Honorius et sa cour quand ils avaient vu s’avancer les soldats goths qui avaient choisi d’accompagner leur « reine », Galla Placidia.
    Dès lors qui pouvait oublier qu’elle avait été l’épouse d’Athaulf, le roi barbare ? Et la mère de leur fils, Théodose, mort après quelques semaines de vie !
    Honorius et ses proches ne voulaient pas que l’empire d’Occident accueille les peuples barbares.
    Les Goths, les Wisigoths pouvaient être des auxiliaires pour les légions, des guerriers redoutables qu’on lancerait contre les Vandales en Espagne, en Afrique, auxquels on donnerait peut-être des terres, mais sans leur reconnaître les droits des citoyens romains…
    Galla Placidia pensait au contraire que le sang barbare pouvait − devait − ranimer l’ardeur romaine.
    En cette année 416, Galla Placidia voulait cette union-là.
    Elle se sentait sûre d’imposer aux Barbares et d’abord aux Goths la vraie foi, celle du pape Zozime, des évêques, Augustin, à Hippone, ou Patrocle, évêque primat des Gaules.
    Elle arracherait l’hérésie du cœur des Barbares, elle en ferait des catholiques.
    Grâce à cet apport de peuples jeunes, elle renforcerait à la fois la religion de Rome et l’Empire. Et les peuples barbares seraient déclarés peuples fédérés.
    Qui serait assez puissant pour défaire cet assemblage ? L’empereur d’Orient Théodose II serait lui aussi contraint de choisir cette voie.
    Et l’Empire romain, unissant celui d’Occident et celui d’Orient, redeviendrait le plus grand des empires.
    Galla Placidia avait longuement observé le général Constance, consul, avec son visage lourd façonné par la guerre, qui exprimait la force et le courage, mais ne suggérait par aucune expression l’habileté, la finesse.
    Mais peut-être fallait-il un soldat de cette trempe, un homme dont l’ambition était de vaincre sur les champs de bataille pour que naisse dans le ventre d’une princesse impériale un empereur dont Honorius aurait accepté de faire son héritier.
    Mais Galla Placidia faisait mine d’hésiter.
    Constance ne dissimulait ni ses ambitions ni son désir.
    Honorius le soulignait, d’une inclinaison de tête, d’un sourire, puis il se retirait, laissant le général Constance et Galla Placidia face à face. Mais le guerrier aux mains épaisses, au corps musclé, au menton prognathe n’osait franchir le pas, se déclarer.
    Et sa timidité, sa gêne convenaient à Galla Placidia.
    Constance chevaucherait à la tête des légions et elle pèserait sur les décisions politiques.
    Elle serait la Régente de l’empire d’Occident.
    Ces années-là, il semblait à Galla Placidia que l’empire romain d’Occident avait effacé la souillure de l’an 410, celle du sac de Rome par les Wisigoths d’Alaric.
    Alaric, Athaulf étaient morts, et elle, Galla Placidia, était princesse impériale.
    C’était un Gaulois, Rutilius Namatianus qui, après avoir écrit : « Nous avons sous les yeux des exemples que les villes peuvent mourir », ajoutait aussitôt que les lois de Rome vivraient de siècle en siècle.
    Rutilius Namatianus était un païen, mais il avait foi dans l’avenir de Rome :
    « Écoute, lançait-il, ô reine si belle d’un monde qui t’appartient… Pour auteurs, nous reconnaissons à ta race Vénus et Mars… Les siècles qu’il te reste à vivre ne sont soumis à aucune limite, tant que subsistera la terre et que le ciel portera les astres. »
    Galla lit et relit.
    Si un païen exprime une telle certitude, avec autant d’assurance, comment un chrétien, un catholique douterait-il ?
    Et ceux qui parmi les croyants continuent de s’étonner du saccage de Rome par les hérétiques goths doivent lire le chrétien − et historien − Paul Orose, l’ami de l’évêque Augustin.
    Dieu a châtié Rome, écrit-il, parce que ses habitants avaient blasphémé, s’étaient enivrés de débauche.
    Et Augustin dans La Cité de Dieu rappelle qu’il faut distinguer la cité de Dieu de la Civitas terrena , la cité terrestre dont Dieu connaît les fautes et dans laquelle les hommes sont libres de choisir leur

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