La chute de l'Empire Romain
et les Vandales qui s’y étaient taillé des royaumes.
Si Athaulf obéissait, se mettait au service de l’empereur d’Occident, alors les Goths et les Wisigoths qui composaient son armée deviendraient un peuple « fédéré », allié de l’Empire romain.
Mais point question de mariage avec Galla Placidia.
Elle s’était arrachée au désespoir.
Dieu lui offrait un autre chemin.
Elle apercevait devant Narbonne les navires de la flotte romaine, que le général Constance avait rassemblés. Ils empêchaient le blé d’Afrique de parvenir au port.
Et déjà la famine commençait à mordre les ventres de la population de Narbonne et des Goths.
Les riches citoyens romains quittaient la ville, gagnaient leurs domaines.
Ils avaient célébré le mariage de Galla Placidia et d’Athaulf, parce qu’elle était la fille de l’empereur Théodose le Grand et parce qu’ils imaginaient que l’empereur d’Occident élèverait à la dignité de consul le roi des Goths.
Mais Honorius avait choisi le général Constance et la rumeur se répandait que l’empereur voulait que sa sœur, Galla, épouse le général.
Et Galla Placidia écoute.
Elle a inhumé dans une église de Barcelone le cercueil d’argent dans lequel gît son fils, Théodose.
Elle est redevenue silencieuse et figée.
Elle suit Athaulf et sa horde, qui abandonnent Narbonne, assiégée par la flotte et les légions romaines, et passent en Espagne.
Galla Placidia reconnaît l’odeur de mort qui avait stagné sur Rome mise à sac.
Maintenant la mort surplombe la horde des Goths, s’accroche à Athaulf. Des clans se forment autour des chefs goths Sigéric et Wallia, des crimes se préparent.
Athaulf, un jour de l’été 415, est assassiné par Sigéric. On égorge les fils qu’il a eus d’un premier mariage.
Galla Placidia ne tremble pas, alors même que les meurtriers d’Athaulf l’insultent, la fouettent, la contraignent à s’agenouiller, à se traîner devant leurs chevaux.
Mais chaque coup de lanière qui la blesse la conforte dans sa certitude. Rien ne brisera la Virtus qu’elle porte en elle.
Jusqu’à ce que son dessein de voir l’Empire romain retrouver sa gloire, la mort l’épargnera.
Elle sait que la mort frappera les meurtriers d’Athaulf. Sigéric est tué par Wallia, et celui-ci traite avec le général Constance et l’empereur Honorius.
Galla Placidia saisit la crinière du destin.
Elle envoie des messagers au général Constance et à l’empereur Honorius.
Elle n’a plus de fils. Mais elle est toujours le ventre fécond qui peut donner naissance à un empereur.
Et l’on murmure à nouveau que le général Constance, le fier et le victorieux, désire l’épouser.
Elle imagine − elle sait − que le fils qui naîtrait de l’union de la fille de Théodose le Grand et de Constance, commandant suprême des légions de l’empire d’Occident, qui est aussi depuis le 1 er janvier 414 Premier consul, et en 415 patrice, pourrait un jour succéder à Honorius sur le trône de l’empereur d’Occident.
Elle l’avait imaginé, elle l’avait su.
Et elle n’avait plus douté de la réalité de ce désir, de cette intuition, de cette intime prophétie. Et c’était devenu aussi une obsession.
Elle pouvait en l’an 440, maintenant qu’elle avait atteint son but, se souvenir de la manière dont elle avait convaincu les chefs goths, pour qui elle était redevenue un otage, de la libérer contre une rançon de six cent mille boisseaux de grain ainsi que le titre et les droits de peuple fédéré accordés aux Goths. Ils auraient leur territoire en Aquitaine.
Ils avaient, après de longues palabres, accepté.
Elle avait eu le sentiment, en voyant se rassembler autour d’elle une foule de guerriers goths qui voulaient demeurer à son service, constituer sa garde, son armée personnelles, qu’elle commençait une autre étape de sa vie.
Elle serait mère d’empereur.
16.
Galla Placidia se souvient de cette année 416 quand, libre à nouveau, elle était acclamée, fêtée alors qu’elle rentrait à Ravenne, accompagnée du général Constance.
L’empereur Honorius venait à sa rencontre, chaleureux, bras ouverts. Il la serrait contre lui, répétait à son entourage : « Ma sœur, princesse impériale, issue des deux lignées impériales, celle de Valentinien I er et de Théodose I er le Grand, ma sœur, Galla Placidia, qui porte l’avenir de l’empire d’Occident. »
Elle avait
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